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Marché financier : le Maroc est sur la bonne voie en matière de gestion des risques
Le caractère fermé du secteur financier marocain le rend moins exposé aux différents risques. Mais l’évolution du contexte général et l’introduction de nouveaux produits sont susceptibles de changer la donne. Renforcement des fonds propres des banques, titrisation des créances, amélioration de l’efficience du marché boursier…, autant de mécanismes pour gérer les risques.

Le Maroc a bien fait preuve de résilience face à la crise financière internationale. C’est la conclusion tirée par les différents intervenants à la Ve édition des Intégrales de la finance organisée par CDG Capital sous le thème «Risques et opportunités : la gestion du risque comme moteur de croissance». Cette résilience est le fait notamment d’un système financier assez verrouillé et qui n’est pas assez intégré dans l’économie du pays. D’abord, les instruments du marché boursier sont qualifiés de classiques, loin d’atteindre le niveau de complexité des pays développés. Ensuite, le marché de la dette porte essentiellement sur le financement des besoins du Trésor et le marché des changes demeure fortement réglementé. Enfin, le système bancaire reste bien protégé par les autorités de régulation et de supervision. Ceci prémunit le pays d’un risque systémique contrairement aux pays développés dont «le niveau de croissance a été altéré en raison d’une prise de risque non maîtrisée dans un contexte de liquidité abondante», a expliqué Jean Cheval, directeur Finances et risques et membre du comité de direction générale de Natixis.
Cela dit, s’il y a une leçon à tirer de la crise financière internationale, c’est bien au niveau de la gestion des risques, car, il faut le dire, le développement d’une économie passe nécessairement par l’accroissement des investissements, la création d’emplois… mais aussi par l’amélioration du secteur financier. Ce qui n’est pas dénué de tout risque puisque l’évolution du contexte global et l’introduction de nouveaux produits sur le marché pourraient changer la donne. D’ailleurs, les banques de la place subissent de plein fouet ces changements marqués par la montée des risques d’impayés, le déficit de liquidité, le niveau élevé du coefficient d’emploi…
Par conséquent, un renforcement des fonds propres est nécessaire, de même qu’une gestion globale de tous les types de risques qui y sont liés. D’ailleurs, les banques de la place sont bien avancées sur ce plan. Pour sa part, Ahmed Rahhou, président de la commission des affaires économiques et des projets stratégiques au CESE, a tenu à préciser que les craintes de l’occurrence d’une crise immobilière sont écartées en raison de la pondération satisfaisante des crédits immobiliers dans les concours à l’économie. Selon lui, «le tiers des crédits à l’économie, soit un peu plus de 200 milliards de DH, sont des prêts immobiliers. Pour éviter tout risque de crise immobilière, ce type de crédit doit garder cette même proportion, en évoluant au même rythme que les autres catégories de crédits».
D’autres mécanismes de risk management sont en cours d’implémentation dans le système financier marocain. Hamid Tawfiki, administrateur directeur général de CDG Capital, a rappelé à ce titre les avantages de la gestion et du suivi des risques par l’asset-liability management, qui donne une vision multidimensionnelle de tous les risques encourus par un établissement bancaire. La titrisation des créances devrait également donner une bouffée d’oxygène aux banques dans la mesure où les créances détenues par celles-ci sont cédées à une entité spécialisée qui s’occupe de la gestion et du placement auprès d’investisseurs qualifiés.
