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Marché financier : le Maroc bien positionné en Afrique

Malgré la chute des indices et le faible niveau de liquidité, la Bourse de Casablanca reste parmi les plus attractives de la région. Avec un PER de 15,4 et un dividend yield de 4,2%, le Maroc dépasse l’Afrique du Sud, la Tunisie, l’Egypte et le Ghana. Le rating favorable du pays ainsi que la faible volatilité de la monnaie nationale pourraient encourager un retour des investisseurs.

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bourse 2014 02 24

On a tendance à considérer que le marché boursier marocain est moins intéressant que ceux des autres pays africains en raison de son manque de dynamisme et du faible nombre des sociétés cotées, en plus du cycle baissier dans lequel il s’est inscrit depuis plus de 5 ans. Or, il n’en est rien. La place de Casablanca est l’une des bourses africaines les plus attractives de par la stabilité du contexte politique, le maintien d’une croissance économique satisfaisante et la bonne notation du pays par les institutions financières internationales. C’est la conclusion tirée d’une récente étude publiée par CDG Capital Research sous le thème «Afrique : l’eldorado est à envisager avec précaution». En outre, la place marocaine est bien positionnée tant en termes de taille, de valorisation que de rendement. Sauf que le bât blesse au niveau de la capacité de la place à attirer les investisseurs tant nationaux qu’étrangers, et, partant, à assurer une liquidité suffisante.
Quoi qu’il en soit, si l’on prend comme indicateur la capitalisation boursière, la Bourse de Casablanca est l’une des plus importantes de la région. En effet, avec 54,5 milliards de dollars, elle devance le marché du Kenya qui, lui, totalise 22 milliards de dollars ou encore celui de la Tunisie qui affiche 8,9 milliards. La capitalisation des bourses du Botswana, du Zimbabwe ou du Ghana atteint quant à elle 5 milliards de dollars chacune. Toutefois, le Maroc reste dépassé par l’Afrique du Sud qui se place en tête de liste avec une capitalisation de 461 milliards de dollars, le Nigéria avec 81 milliards et l’Egypte avec 68 milliards.
Pour ce qui est de la liquidité, il est vrai qu’elle est faible actuellement au Maroc comparativement aux années fastes (2006 et 2007) et que des réformes sont nécessaires pour redresser la barre, mais il n’en demeure pas moins qu’avec le niveau actuel, la bourse marocaine se place loin devant le Kenya et la Tunisie. Ainsi, au moment où la première réalise un volume quotidien moyen de 12,5 millions de dollars, les deux autres affichent respectivement 7,2 et 2,3 millions de dollars. Cependant, du fait de la taille des marchés égyptien, sud-africain et nigérian, du nombre de sociétés cotées et de la large représentation sectorielle au sein de ces bourses, ces dernières occupent les premières places avec respectivement 1,5 milliard de dollars, 39,5 millions et 25,6 millions. Une reprise de la Bourse de Casablanca et de son niveau de liquidité devraient la hisser à un rang supérieur.

Cela dit, si la place marocaine continue de bien se positionner en Afrique en termes de capitalisation et de volume, malgré les effets de la crise internationale, ce n’est pas le cas du côté de la performance de l’indice du marché. Sur ces trois dernières années, il a enregistré une baisse de 28%, occupant ainsi la dernière position de l’échantillon des pays africains pris par les analystes, contre des hausses allant de 7% en Mauritanie à 60% en Tanzanie et 153% au Malawi. Il faut dire que la situation s’est légèrement rétablie depuis le début de cette année. Actuellement, la performance du Maroc dépasse celle du Kenya (-1,5%), du Nigéria (-1,8%) et de l’Afrique du Sud (-2,4%).
En tenant compte de tous ces éléments et bien d’autres, à l’instar du PER et du taux de rendement du dividende (Dy) qui situent le Maroc à un bon niveau, le climat d’investissement dans le marché financier marocain reste favorable. En effet, au moment où le marché égyptien est valorisé à un PER de 35,2, le Maroc lui, l’est à 15,4. Les bourses de l’Afrique du Sud, de la Tunisie et du Ghana sont moins intéressantes avec un niveau de 19,8, 27,4 et 20 respectivement. Ce constat s’applique aussi pour le Dy. Si cet indicateur se situe à 4,2% pour la place marocaine, il atteint à peine 2,7% en Egypte, 1,8% en Tunisie et 2,8% en Afrique du Sud.
Par ailleurs, du fait de la bonne tenue de la croissance économique et du manque de perturbations socio-politiques qui ont touché plusieurs pays africains, le Maroc reçoit des ratings favorables de la part des agences de notation. Pour ne citer que Fitch, le pays bénéficie de la note BBB- alors que la Tunisie est à BB- et l’Egypte à B-. D’autant que le score relatif au risque pays se situe dans la fourchette inférieure (47) sachant qu’il va de 38 pour le Gabon à 53 pour le Nigéria et 61 pour l’Egypte. Même le taux de volatilité de la monnaie nationale face à la devise américaine témoigne, selon les analystes, d’une forte stabilité du dirham par rapport aux monnaies africaines. A fin décembre de l’année écoulée, la variation du dirham s’est établie à 5% contre 13% en Afrique du Sud par exemple. Ceci pourrait décourager les investisseurs étrangers à se positionner dans des pays à forte volatilité.