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Marché de change : Rivalités intestines dans le milieu des bureaux de change

Guerre des cours et réglementation contraignante, le secteur se dit fragilisé face aux banques qui fixent le prix de cession de l’argent collecté.

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Les bureaux de change ont encore du mal à s’adapter à leur nouveau cadre d’activité. Selon un professionnel du milieu, les établissements en question, déjà impactés par la crise sanitaire, sont perturbés par l’application effective du nouveau régime de change flexible et la volatilité des cours à laquelle ils n’étaient pas accoutumés. «Ils étaient habitués au taux de change fixe qui garantissait leur marge bénéficiaire. Aujourd’hui les bureaux de change se livrent entre eux à une guerre des cours acharnée qui finira par les ruiner s’ils n’arrivent pas à s’entendre sur un cours raisonnable aussi bien à l’achat qu’à la vente», déplore-t-il. Pour le président de la Fédération nationale des associations régionales des bureaux de change (FNAR), Abderrazak Mahmoudi, les banques sont à l’origine de la situation que vivent les bureaux de change, car ce sont elles qui fixent le cours auquel ils vont acheter la devise collectée par les bureaux de change. Il avance que les gros bureaux de change bénéficient de taux préférentiels, ce qui leur permet dans ce contexte d’offrir de meilleurs taux à leurs clients et d’accaparer le marché. «Les petits bureaux de change risquent de disparaître dans ces conditions», ajoute le président de la FNAR. Outre le cours de cession, le représentant de la FNAR souligne que la communauté des bureaux de change est aussi fragilisée par l’article 2.2.8 de l’Instruction régissant l’activité de change manuel.

Les devises bradées
Cette disposition contraint les bureaux de change détenteurs d’agréments de catégorie A, B ou C de ne pas dépasser la contre-valeur en devises de 500 000 DH. Tout dépassement de ce plafond devant être cédé à une banque avant 17 (dix-sept) heures le premier jour ouvrable suivant. «Les bureaux de change qui non seulement n’ont pas de marge de manœuvre pour négocier le prix de cession avec les banques, bradent parfois les devises pour se conformer à la loi», dénonce un professionnel. Pour lui, il faut une réforme de la loi pour renforcer le pouvoir de négociations des bureaux de change et permettre une harmonisation entre tous les acteurs du système avec un marché de change où l’offre et la demande fixent réellement les prix.
Pour rappel, en 2018, le Maroc a fait le choix de lancer le processus de mise en place de la flexibilité du Dirham. Ainsi, depuis mars 2018, le taux de change est fixé par l’offre et la demande et non pas par la Banque centrale. Mais les bureaux de change semblent se sentir encore à l’écart du nouveau système. Pour accorder leurs violons, le président de la FNAR indique qu’un congrès de la profession est en préparation et devrait se tenir bientôt. A noter que ces acteurs du marché de change mobilisent 50 MMDH de devises.