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Libra vs bitcoin : ces nuances qui font la différence
Le libra reposerait sur une blockchain privée, géré par une association. Une émission de libra s’appuierait forcément sur un montant équivalent de devises. Cette monnaie virtuelle, toujours pas acceptée, pâtit des critiques que les autorités auraient dû faire au bitcoin.

«le libra est victime des réserves qui auraient dû être formulées au bitcoin». C’est en ces termes que s’est exprimé le professeur Henri-Louis Vedie, docteur d’Etat en sciences économiques et professeur émérite à HEC Paris, lors d’une conférence tenu mardi dernier au siège du ministère des finances.
L’une des premières différences qui distinguent ces deux monnaies virtuelles, c’est la technologie blockchain utilisée. Alors que le bitcoin utilise une blockchain publique où le volume des transactions est visible (non les personnes/entités ayant passé ces transactions), le libra, lui, propose une blockchain privée. En ce sens, elle est gérée par une association composée d’un certain nombre d’entreprises à l’instar de Paypal, Visa, MasterCard, ebay…, et qui décide, de manière totalement démocratique de l’avenir de la monnaie. Ce qui élimine, ou du moins réduit les spéculations extravagantes, comme cela a été le cas du bitcoin. Rappelons que, depuis sa création, cette monnaie virtuelle est passée de quelques millièmes de dollars (0 000764 dollar) à plus de 7000 dollars actuellement, sachant qu’elle a dépassé les 10 000 dollars. Cette évolution n’a aucune explication à part celle de la confrontation entre l’offre et la demande.
De plus, le bitcoin est une unité de compte destinée à servir de support numérique à l’échange, en se substituant aux devises. Mais il ne donne lieu à aucun support physique tel que les pièces, les billets ou les chèques. Le libra, par contre, serait certes une unité de compte virtuelle, mais stable. Dans ce sens, elle remplacerait une monnaie existante sur le principe de «un pour un». Autrement dit, une émission de libra s’appuierait forcément sur un montant équivalent de devises.
Malgré son caractère stable et sûr, le libra a suscité plusieurs critiques liées essentiellement à la souveraineté monétaire, puis au degré de confiance que peuvent avoir les acteurs économiques dans un projet porté par un opérateur privé. D’autant que la référence à un panel de devises est remise en cause dès lors que le rapport entre ces différentes devises n’est pas régulé.
Capitalisant sur tout ce tollé que créent les crypto-monnaies, la Chine serait en train de créer sa propre monnaie virtuelle. Il s’agit d’une monnaie cryptée ou une deuxième monnaie nationale, qui serait régulée et contrôlée par les institutions chinoises. Ce stablecoin serait distribué aux plus grandes banques du pays, ainsi qu’aux géants Alibaba, Tencent et Union Pay… Ce sont ensuite ces mastodontes qui se chargeront de faire adopter ladite monnaie à plus d’un milliard de citoyens chinois.
