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Les marges des sociétés cotées s’érodent
La moyenne du marché est à 8%, en baisse de 1,2 point par rapport à 2013. Hormis Samir et Alliances, elle ressortirait en quasi-stagnation à 11%. Les taux de retour sur fonds propres s’élèvent jusqu’à 47% !

Les marges nettes des sociétés cotées sont encore une fois en retrait. A fin 2014, la moyenne s’est située à 8%, en baisse de 1,2 point par rapport à 2013. Elle correspond à un résultat net global en contraction de 12,8%, à 22,6 milliards de DH, pour un chiffre d’affaires quasi stable à 283,6 milliards. A l’origine de cette rentabilité en repli, la forte baisse des cours des matières premières pour les compagnies minières et la Samir et la méforme des promoteurs immobiliers. Mais aussi, dans une moindre mesure, l’augmentation continue des impayés des établissements bancaires et de crédit, la recrudescence de la concurrence pour l’opérateur télécoms coté ainsi que la poursuite du recul de la consommation pour les industriels du ciment. Cela dit, la marge nette moyenne a été réduite surtout par les déficits réalisés par la Samir et Alliances développement Immobilier (-968 MDH et -2,5 milliards de DH). Hormis ces deux valeurs, le bénéfice global de la cote aurait affiché une légère augmentation de 1,3% pour des revenus en amélioration de 3,6%. Du coup, la marge nette se serait élevée à 11%, presque au même niveau qu’à fin 2013.
En tout cas, sur les 24 secteurs cotés classés par la Bourse de Casablanca, 11 ont dégagé des marges en retrait. Hormis les secteurs de l’énergie, de la chimie et du papier dont les résultats nets sont ressortis déficitaires, enfonçant du coup la marge nette globale, les secteurs immobilier et minier ont accusé les plus fortes baisses. Le premier a perdu 12,4 points pour une marge qui n’atteint actuellement que 3,8%. Il faut dire qu’en plus du résultat déficitaire d’Alliances, le promoteur Addoha a lui aussi vu ses marges se réduire. En fait, il a adopté une politique volontariste visant le ralentissement de la production en vue de maîtriser sa croissance et de réduire son endettement. Sa marge nette s’est creusée de 4,2 points, à 14,4%. La CGI n’a pas fait mieux avec une marge bénéficiaire de 9,8%, en dégradation de 6,7 points.
Quant au secteur minier, il ne transforme plus que 11,4% de ses revenus en bénéfices, perdant du coup 12 points sur une année. La poursuite de la chute des cours des métaux a fini par entamer la rentabilité des compagnies minières malgré les efforts entrepris pour augmenter la production.
L’agroalimentaire est également dans une mauvaise passe. Sa marge nette s’est établie à 4,5%, en baisse de 60 points de base par rapport à 2013. C’est Centrale Laitière qui a plombé la rentabilité sectorielle puisque sa marge a perdu 2,6 points, à même pas 1%. Rappelons que ses revenus demeurent stables alors que son bénéfice a été grevé par des charges fiscales liées à des exercices antérieures et par la hausse des frais d’emballage, de l’énergie et des matières premières dont le lait cru.
Face à ces secteurs, deux se sont démarqués. Après avoir réalisé des marges en baisse en 2013, le secteur bancaire et celui des télécoms ont contribué positivement cette année à la rentabilité de la cote. En effet, leurs taux de marge se sont situés respectivement à 12% et 20,1%, en progression de 20 et 70 points de base. Si les banques ont profité de l’amélioration de la situation économique et de la liquidité pour doper leur activité et augmenter leurs bénéfices, et ce, en dépit de la poursuite de l’alourdissement du coût du risque, Maroc Telecom a tiré profit de la montée en puissance de ses filiales africaines et de la non-récurrence du règlement fiscal de 2013. A cela s’ajoute la bonne tenue de l’activité au Maroc malgré la baisse continue des prix du mobile.
Le secteur du bâtiment et matériaux de construction a également réussi au terme de cette année à améliorer sa rentabilité. Celle-ci a gagné 1,4 point pour s’établir à 16% en dépit de la poursuite du recul de la consommation de ciment. Cela est redevable surtout à Holcim qui a vu son rendement net se hisser de 6,2 points, à 18,3% consécutivement à l’augmentation de ses bénéfices de 60%, à 604 MDH pour des revenus en progression de 6%, à 3,3 milliards de DH. Le cimentier a pu sauver la mise, sachant que Lafarge a vu sa marge baisser de 1,1 point, à 26,6%. Un taux qui reste tout de même parmi les plus élevés de la cote.
Par ailleurs, le secteur de l’électricité, avec comme seule société cotée Taqa Morocco, a augmenté sa marge nette de 2,8 points, à 10,8% grâce à l’amélioration du taux de disponibilité de toutes ses unités, ce qui a propulsé son bénéfice de 102,3%, à 798,7 MDH.
Et bien que le secteur des holdings ait bouclé un exercice difficile, son résultat net a réalisé une croissance de 34%, à 128 MDH. Avec des revenus en diminution de 3,4%, à 2,4 milliards de DH, le secteur dégage une marge de 5,3%, en hausse de 1,5 point.
Les cimenteries toujours très rentables
Cela dit, il faut savoir que les sociétés qui dégagent une marge bénéficiaire confortable ne disposent pas forcément d’un retour sur fonds propres (ROE) intéressant. Cet indicateur qui mesure la capacité d’une entreprise à générer des bénéfices à partir de ses capitaux propres se situe à un niveau peu élevé pour certaines industries dont l’activité dépend des investissements engagés, comme les entreprises agroalimentaires ou de BTP. En revanche, il est élevé pour les activités peu exigeantes en termes de ressources, à l’instar des sociétés de courtage, de gestion locative, informatiques… c’est le cas d’Agma Lahlou par exemple qui dispose de l’un des ROE les plus élevés de la cote à 47,1%, en dépit de bénéfices en baisse de 9%, à 45 MDH.
Maroc Telecom vient en seconde position avec un ROE de 36,8%. Il faut souligner qu’il se situait à 50% en 2009. Mais le poids des investissements engagés couplé à la contraction de ses bénéfices pendant 3 exercices successifs a bridé sa rentabilité financière, même si elle reste parmi les meilleures de la cote. Microdata est également parmi les sociétés les plus rentables de la cote avec un taux de retour sur capitaux propres de 32%. Sa clientèle est constituée de grands comptes dont notamment les administrations publiques dont elle dégage de fortes marges.
Avec un ROE de 30,7%, Holcim est toujours très rentable. Le cimentier a bénéficié de l’envolée de son bénéfice de 60% pour gagner 19,2 points sur un exercice. De même, le groupe gère bien ses ressources à long terme. Idem pour Lafarge qui réussit à dégager une rentabilité financière de 26,7% même si elle opte pour le financement de ses investissements par les fonds propres.
CMT qui était parmi les plus rentables de la cote, il y a 5 ans, avec un ROE dépassant 50%, a vu son ratio chuter à 25% sous l’effet de la chute des cours des matières premières. Ce qui a laminé ses bénéfices graduellement, sachant qu’elle bénéficiait ces dernières années d’une bonne couverture des métaux précieux.
Par ailleurs, les sociétés du secteur agroalimentaire transforment entre 4% et 18% de leurs capitaux propres en bénéfices en fonction de leurs activités et leurs investissements. Si la Centrale Laitière dégage un ROE de 4% seulement, pour Unimer, il se situe à 19%.
Il faut noter au final que le ROE des banques ne peut être comparé aux autres sociétés de la cote, car il reste limité par les exigences prudentielles. Ainsi, on trouve un ratio de 12% chez Attijariwafa bank et BMCE et 10% chez la BCP.
