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Les laboratoires photo rapportent mieux qu’avant !

Un labo de 60 m2 en location nécessite un investissement moyen de 260000DH. Les recettes peuvent atteindre 550 000 DH par an durant les premières années d’activité.

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laboratoires photo 2015 04 20

Les laboratoires de photographie ont réussi à survivre ! Face à la démocratisation des Smartphones et des appareils photos numériques individuels, ainsi que la baisse de la demande sur la photo d’identité, ils se sont diversifiés dans plusieurs activités: couverture d’événements familiaux et professionnels, réalisation de vidéos institutionnelles pour le compte de sociétés, couvertures de festivals… Aujourd’hui, les laboratoires photo gagnent même plus d’argent qu’auparavant. La profession s’élargit, accueillant chaque année de nouveaux investisseurs. La tendance est facilitée par l’évolution technologique qu’a connue le secteur (passage de la photo argentique à la photo numérique).

Le matériel nécessaire pour exercer est devenu plus accessible, le mode de développement des photos plus simple et le temps nécessaire pour livrer la clientèle plus réduit. «Alors que dans les années 80, le business demandait un capital important dont un mini lab (appareil de développement des photos) d’une valeur moyenne de 1,5 MDH, du papier machine, des films argentiques, des cuvettes, des produits chimiques…, il n’exige plus depuis 2010, hormis les appareils photo/vidéo et un ordinateur bien entendu, qu’une imprimante à papier thermique essentiellement dont la valeur atteint en moyenne 20000 DH, en fonction de la taille et du modèle» explique Hassan Najibi, propriétaire d’un laboratoire photo.

En gros, ouvrir un labo photo n’exige pas un investissement lourd. Entre l’aménagement du local et l’achat de matériels, la facture peut se limiter à 260000 DH. Les recettes peuvent atteindre 550000 DH par an durant les premières années d’activité, permettant de dégager une marge importante pouvant dépasser les 40%.

Commençons par les prérequis. Se lancer dans une telle affaire nécessite l’installation dans un local bien situé, ayant pignon sur rue, idéalement d’une superficie moyenne de 60 m2. Il devra être réparti en 3 pièces : la première servant au studio de prise des photos, la deuxième accueillant les bureaux des développeurs et concepteurs et la troisième servant à l’accueil de la clientèle. Il reste possible, selon les moyens de l’investisseur, de prendre un local sur 2 étages et de le répartir en fonction de ses besoins. Ce qui nécessiterait une mise de départ assez élevée. Le modèle que nous retenons comme exemple porte sur un labo photo dont les activités principales sont la photo d’identité, les photos portrait/conception et la couverture d’événements.

L’aménagement du local coûte environ près de 50 000 DH en incluant les différents travaux à effectuer en matière de division de l’espace, d’installations électriques et de peinture. Ensuite vient l’étape de l’équipement du local. Pour cela, il faut acquérir le matériel indispensable pour le studio, à savoir un appareil photo numérique de 10 000 DH en moyenne, sachant que sa valeur peut atteindre 50 000 DH voire plus, en plus d’un flash électronique avec les autres outils au même prix. Il s’agit en fait d’un kit qui englobe le parapluie, les pieds et les lampes-projecteurs. A côté, il faut compter une imprimante à papier thermique à 20 000 DH. M.Najibi indique que ces appareils ont remplacé les mini lab qui fonctionnaient à base de produits chimiques.

En outre, le propriétaire devra s’outiller de matériel pour la couverture des évènements tels que les fêtes, les conférences, les prises de vue du type portrait… Il faut budgétiser ainsi 20000 DH pour le pack qui englobe l’appareil photo, le flash, le sac et l’objectif, en plus d’une caméra vidéo d’un montant de 25000 DH. Un massicot (appareil servant à découper les photos après impression) est également à prévoir pour un prix de 25 000 DH, en plus de 2 ordinateurs au moins (25000 DH pour des mac), l’un réservé aux retouches que les photographes effectuent sur les photos prises et l’autre lié directement à l’imprimante. S’ajoutent à cela des équipements divers relatifs à la décoration, bureaux, chaises, comptoir pour un montant de 30 000 DH. Par ailleurs, il faut mettre de côté près de 50 000 DH en vue de faire face aux charges récurrentes, le temps que la machine commence à tourner. Ce qui fait monter la mise de départ à 260 000 DH.

Les charges sont liées essentiellement au loyer, à la masse salariale, aux frais de service, aux fournitures de studio et aux frais de déplacement. Pour un local de 60 m2, le loyer tourne autour de 5 000 DH par mois. Le propriétaire doit en outre recruter 3 personnes, deux développeurs concepteurs et un photographe. La masse salariale atteint ainsi près de 9 000 DH par mois. Pour leur part, les frais de service (internet, téléphone, électricité…) devraient coûter 1000 DH mensuellement. De plus, il faut tabler sur 6000 DH en moyenne au titre des fournitures du studio dont le papier et l’encre pour impression, les CD, les albums, les cadres photos, les lampes… En outre, il faut compter 2 000 DH pour les frais de déplacement en cas d’activités extérieures. En ajoutant l’amortissement du matériel, les charges annuelles devraient totaliser un peu plus de 290000 DH, bien entendu pendant les premières années d’activité.

Côté recettes, il faut savoir que les photos d’identité ne drainent plus une grande part du chiffre d’affaires, contrairement à la décennie précédente. La demande sur les prises de vue individuelles pour papiers administratifs, visas ou autre a baissé de 40% sur les 5 dernières années. Du coup, le prix de cette prestation a également diminué pour atteindre actuellement 20 à 25 DH. «Les personnes qui se lancent dans ce business se dirigent de plus en plus vers le reportage ou encore mieux vers les photos conception», assure-t-il. Au delà des portraits, les photos conception peuvent englober également les prises de vue gastronomiques, de bijoux… et même institutionnelles. En début d’activité, un laboratoire photo pourrait générer un chiffre d’affaires de 30 000 DH par an sur le segment de la photo d’identité au prix de 25 DH par prise et à raison de 100 clients par mois. Si les prix varient peu pour la photo d’identité, ils peuvent passer du simple au double pour la couverture des événements et la photo conception.

En effet, faire appel à un photographe cameraman afin de filmer un événement familial est facturé à partir de 2000 DH et peut aller jusqu’à des dizaines de milliers de DH, en fonction de la taille de l’événement, du matériel utilisé, de l’éclairage nécessaire… Cela dit, pour une activité de moyenne gamme, les professionnels recommandent un prix ne dépassant pas 5 000 DH par événement. Entre cérémonies de mariage, fiançailles, fêtes d’anniversaires…, un propriétaire peut espérer atteindre 7 événements par mois, soit 420 000 DH de revenus par année. De même pour la photo conception, son prix peut commencer à 50 DH par photo à l’intérieur du studio jusqu’à 1500 DH à l’extérieur pour un photo book par exemple d’une dizaine de prises. A raison de 5 demandes de photos portrait par mois, facturées à 1 500 DH, cette branche d’activité peut générer des revenus de 90 000 DH par an.

Au final, les recettes pourraient s’élever, en début d’activité, à environ 550 000 DH. Compte tenu des charges et d’un impôt sur les sociétés d’un peu plus de 38 000 DH (un taux de 15% si l’on opte pour une SARL), le bénéfice net atteint près de 220 000 DH, soit une marge nette de 40%.