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Les grandes banques se calment, la dette privée tourne au ralenti
Il a totalisé 8 milliards de DH de titres émis contre plus de 16 milliards au troisième trimestre 2010. Les banques ont émis moins de certificats de dépôts et Addoha a boosté les billets de trésorerie.

Alors que les investisseurs et gestionnaires de fonds s’attendaient à une poursuite de l’engouement observé au cours du premier semestre 2011, le marché de la dette privée a enregistré un net ralentissement durant le troisième trimestre, par rapport à la même période en 2010. Les titres émis sur ce compartiment ont totalisé, selon BMCE Capital Markets, un montant de 8 milliards de DH contre 16,7 milliards une année auparavant, soit une chute de plus de 50%. Cela dit, les différentes catégories de titres n’ont pas toutes évolué dans le même sens.
En effet, les billets de trésorerie qu’émettent les entreprises non financières ont enregistré une hausse appréciable, avec un montant levé de 1,5 milliard de DH au troisième trimestre contre plus d’un milliard un an plus tôt, soit une hausse de 46%. Ce bon comportement s’explique essentiellement par l’arrivée sur le marché d’un nouvel émetteur, à savoir le groupe Addoha. Ce dernier a lancé un programme de billets de trésorerie d’un plafond d’un milliard de DH qu’il a entièrement consommé à travers deux opérations en août (600 MDH) et en septembre (400 MDH). Son objectif était d’optimiser le coût de son financement à court terme et faire face à ses besoins ponctuels de trésorerie.
Les émetteurs traditionnels ont pour leur part poursuivi l’exécution de leurs programmes déjà mis en place. Nexans a levé 109 MDH, ce qui porte son encours de billets de trésorerie à 209 MDH au 30 septembre, et Afriquia Gaz a émis pour 400 MDH de titres.
Notons que les billets de trésorerie constituent pour les entreprises une véritable alternative aux concours bancaires à court terme, au vu de leur coût qui demeure moins élevé que celui du crédit classique. Pour les investisseurs, les spreads offerts (par rapport au taux sans risque) demeurent intéressants, avec des niveaux qui vont jusqu’à 70 points de base pour un risque quasiment nul.
Les remboursements du 4e trimestre portent sur 13 milliards de DH
Les bons de sociétés de financement (BSF) se sont également bien comportés au troisième trimestre, avec un montant émis de 1,98 milliard de DH contre 1,6 milliard une année auparavant, soit une progression de 24%. Cinq émetteurs ont animé ce marché, à travers des levées à maturités comprises entre 2 et 5 ans.
Salafin a émis deux emprunts d’un montant global de 170 MDH, tandis que Wafaslaf a levé 800 MDH en deux tranches.
Wafabail a pour sa part sollicité 365 MDH à travers trois emprunts, et Maghrebail a émis pour 163 MDH de BSF en une seule fois. Enfin, Eqdom a emprunté 486 MDH sur trois tranches. Les primes de risque offertes vont de 55 à 70 points de base, selon la maturité.
Contrairement aux BSF et aux billets de trésorerie, les certificats de dépôt des banques, qui pèsent habituellement plus de 50% du marché de la dette privée, ont marqué un net recul par rapport au troisième trimestre 2010. Le montant émis sur ce compartiment est passé de 8,2 milliards de DH à 4,5 milliards, soit une baisse de 45,4%. Les analystes de BMCE Capital Markets expliquent ce recul par l’absence de quelques banques, notamment les grandes (Attijariwafa bank, BMCE Bank et la BCP) en raison de la maîtrise de leurs besoins de liquidité. Pour les autres établissements, les montants levés ont été de 1,73 milliard de DH pour la BMCI, 735 MDH pour le CIH, 675 MDH pour le Crédit Agricole du Maroc, 615 MDH pour la Société Générale et 500 MDH pour le Crédit du Maroc. Les primes de risque offertes aux investisseurs se situent entre 30 et 60 points de base, selon la maturité.
Pour ce qui est des emprunts obligataires, aucune émission n’a été effectuée au cours du troisième trimestre 2011, alors que la même période en 2010 a totalisé 5,8 milliards de DH.
Notons que les remboursements sur le marché de la dette privée totaliseront 12,9 milliards de DH au cours du quatrième trimestre. Compte tenu de l’arrivée à échéance sur la même période de 13,5 milliards de DH de bons du Trésor, l’arbitrage entre les deux instruments de la dette sera de mise, poussant les investisseurs à exiger une prime de taux plus conséquente pour les émetteurs privés, sachant que la clôture de l’exercice budgétaire 2011 pour le Trésor ne semble pas facile.
