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Les cimenteries cotées n’ont plus la faveur des analystes

Holcim et Lafarge sont à alléger dans les portefeuilles, selon Upline Securities. Lafarge a déjà intégré la totalité de son potentiel de croissance relatif à la fusion avec Holcim.

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Les cimenteries

Les cimenteries cotées n’ont plus la faveur des analystes d’Upline Securities. En cause : une surproduction nationale, une situation bilancielle difficile pour certains, une intégration prématurée de l’effet de la fusion entre Lafarge et Holcim… Seule Ciments du Maroc séduit encore. La société de bourse recommande de renforcer le titre dans les portefeuilles et le valorise à 1339 DH, soit un potentiel de hausse de 22% par rapport à son cours actuel.

Les analystes estiment que le raffermissement de l’activité de Cimar devrait se poursuivre sur les trois prochains exercices, compte tenu de l’augmentation de ses capacités de production, avec la mise en service du centre de broyage de Jorf Lasfar en décembre 2014, d’une capacité de 450 000 tonnes et la construction des centres de broyage à Tanger et en Guinée-Conakry qui ont une capacité de 500 000 tonnes chacune et qui devraient être opérationnels courant 2017. Le cimentier devrait capitaliser sur les différents projets de développement nationaux pour doper ses revenus, à l’instar du plan de développement de Casablanca 2015-2020, de la poursuite de l’extension du port et des usines de l’OCP à Jorf Lasfar, de la centrale thermique de Safi, du nouveau port de pêche et du chantier naval à Casablanca…

L’industriel devrait aussi tirer profit de l’important potentiel de croissance dont dispose Suez Cement Company, dont il détient une participation de 11,7%, en lien avec les grands projets annoncés pour les prochaines années en Egypte notamment par les pays du Golfe.

Par ailleurs, le groupe dispose d’une assise financière solide avec un niveau des fonds propres élevé et une valorisation parmi les plus faibles du secteur, offrant ainsi un potentiel de croissance intéressant. Il dispose d’une trésorerie largement excédentaire et d’un taux d’endettement nul. Ce qui pourrait se traduire par d’importants investissements futurs ou encore des distributions de dividendes exceptionnels.

Dans ces conditions, la société de bourse table sur une hausse d’environ 1,5% des ventes de Cimar en 2015, contre une légère baisse de 0,5% pour le marché. Parallèlement, un effet prix et mix-produit favorable est attendu, conjugué au renforcement des opérations d’export de clinker, sachant que Cimar prévoit une hausse des volumes exportés de 50%. Du coup, le chiffre d’affaires devrait augmenter de 6,1%, à 3,7 milliards de DH, pour un bénéfice en hausse de 14,5%, à 918 MDH.

En revanche, Upline Securities recommande d’alléger Holcim et Lafarge dans les portefeuilles. Elle fixe leur cours cible à 1 890 DH et 1 563 DH, soit un potentiel de baisse respectivement de 1% et de 6% . La première en raison de sa situation financière qui n’a pas cessé de se dégrader suite à une distribution massive de dividendes exceptionnels opérée l’année dernière. Cette détérioration devrait s’accentuer avec le prochain remboursement de l’emprunt obligataire de 1,5 milliard de DH, prévu vers mi-décembre. Et le non-renouvellement de cette émission devrait renforcer le déficit du fonds de roulement. Cela, en plus d’une augmentation du besoin en fonds de roulement consécutivement à la montée prévisible des difficultés de trésorerie d’un grand nombre de clients, à cause des risques d’impayés. Ce qui devrait enfoncer davantage le déficit de la trésorerie nette.

Cela dit, consécutivement à l’impact favorable des opérations d’export de clinker opérées en 2014 sur son chiffre d’affaires, et face à la persistance d’un important excédent de production du marché, évalué à plus de 7 millions de tonnes, le cimentier compte maintenir sa politique de développement par l’export avec un volume prévu en 2015 identique à celui de 2014, à 741 000 tonnes, soit 316 MDH. De même, il devrait capitaliser sur ses efforts de diversification des sources d’énergie alternatives, notamment l’énergie éolienne et dans une moindre mesure les grignons d’olives. Notons que des projets sont en cours, visant à porter le taux de substitution à 25-30% sur les trois prochaines années.

Ainsi, la société devrait générer des revenus de 3,1 milliards de DH, en repli de 6,3% pour un résultat net part du groupe en chute de 24%, à 458 MDH.

Lafarge Ciments est également sortie du giron des valeurs plébiscitées par les analystes. Et pour cause, le cours en bourse a incorporé la totalité du potentiel de croissance de la société. Néanmoins, les analystes prévoient une hausse de chiffre d’affaires de Lafarge de 3,6%, à 5,1 milliards de DH, grâce au renforcement de ses opérations à l’export en Afrique de l’Ouest et à la poursuite de sa stratégie de différentiation commerciale et son programme de développement avec, notamment, l’introduction de nouvelles solutions constructives et de nouveaux produits, le positionnement sur les grands chantiers d’infrastructures et le recours croissant aux énergies renouvelables. De plus, l’industriel prévoit la poursuite de son projet de construction d’une cimenterie dans le sud et d’une centrale à béton. Néanmoins, vu la quasi-stagnation du marché marocain, le management étudierait la possibilité de redimensionner son projet, notamment l’option d’une réduction de capacité. En outre, la société entend poursuivre ses efforts d’optimisation industrielle pour doper ses marges. Notons que le taux de substitution énergétique oscille entre 15% et 20%, avec un objectif de le porter à 30% en 2015 et à 50% en 2018. Au final, le RNPG devrait totaliser 1,3 milliard de DH, en croissance de 3,3%.