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Les acteurs du capital investissement veulent un cadre fiscal plus adapté
La rentabilité moyenne dans le capital investissement est supérieure à celle de plusieurs produits de placement. Mais, fiscalement, la bourse est plus intéressante pour les investisseurs. Le montant des investissements devrait atteindre 6,8 milliards de DH à fin 2017, contre 2,5 milliards actuellement.

Le capital investissement peine à séduire les bailleurs de fonds qui préfèrent s’orienter pour leurs placements vers la bourse, les produits bancaires, les bons du Trésor ou encore les obligations privées. Pourtant, cette niche est plus rentable que tous les autres produits de placement. Du moins, c’est ce qui ressort de l’étude réalisée par l’Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC) sur la période s’étalant de 2000 à 2013. En effet, sur les 14 dernières années, la performance moyenne du capital investissement, calculée sur la base du TRI brut, ressort à 16% ; elle est largement supérieure au taux de rendement des obligations privées de 6%, ou encore des bons du Trésor qui s’établit à 4%. Et bien que l’immobilier est connu pour être un investissement sûr et en progression continue sur le long terme, sa croissance limitée à 4% est de loin inférieure aux autres classes d’actifs. Le capital investissement dégage une rentabilité identique que l’indice MASI rentabilité, soit 16%.
Le manque d’envergure du capital investissement est expliqué par un cadre réglementaire et fiscal peu favorable. Alors que l’achat d’actions en bourse est exempté de droits d’enregistrement, il est assujetti à un taux de 3% au niveau du capital investissement. Pire encore, le projet de Loi de finances de 2015 prévoit de le porter à 4%. En outre, les sociétés faisant appel aux investisseurs en capital ne bénéficient d’aucune incitation fiscale alors qu’en s’introduisant en bourse, les émetteurs bénéficient d’un abattement sur l’impôt sur les sociétés durant 3 exercices, pouvant aller jusqu’à 50%. Ces contraintes fiscales n’encouragent pas les investisseurs marocains, encore moins les étrangers qui préfèrent plutôt s’orienter vers le marché financier. Cela sans évoquer les restrictions réglementaires qui frappent aussi bien les banques qui doivent respecter certaines règles prudentielles ou les compagnies d’assurances, obligées de répondre à certaines règles d’allocation du portefeuille de placement.
En dépit de cela, le capital investissement est appelé à se développer puisqu’il est prévu que le montant des investissements atteigne 6,8 milliards de DH à fin 2017, contre 2,5 milliards actuellement. Il peut toutefois faire beaucoup mieux si les autorités de tutelle accélèrent la mise en place d’un cadre fiscal adapté, projet qui traîne depuis 2008, ou si le secteur public s’implique davantage dans le secteur à l’instar de ce que fait déjà le groupe CDG. Il faudrait également que les sociétés offrent des opportunités d’investissement dans d’autres phases du capital investissement, à savoir le capital risque ou le capital transmission, sachant que 85% des opérations sont concentrées sur la phase du capital développement.
