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Le marché des titres de créances négociables finit 2014 sur une baisse
Les émissions ont reculé de 7,3%, à 56 milliards de DH. L’allègement du déficit de liquidité et l’amélioration des conditions du crédit bancaire expliquent cette situation. Pas de regain d’intérêt cette année malgré la tendance baissière des taux.

Le marché des titres de créance négociables (TCN) n’a pas connu en 2014 le dynamisme escompté, contrairement au marché obligataire qui, lui, a enregistré un rush aussi bien des émetteurs que des investisseurs. En dépit de la baisse tendancielle des taux des bons du Trésor sur lesquels sont indexés les taux des TCN, ce moyen de financement n’a pas suscité un engouement. En effet, les émissions de certificats de dépôts, de bons de sociétés de financement et de billets de trésorerie ont cumulé un montant de 56 milliards de DH, en recul de 7,3% par rapport à l’année 2013.
Ce repli est à relativiser car il ne touche pas tous les segments du marché. Le montant global des émissions a été tiré à la baisse par les certificats de dépôts qui en représentent 71%. Sur une année, les émissions de CD ont baissé de 21% pour se situer à 40 milliards de DH. Et pour cause, l’allègement du déficit de liquidités à moins de 40 milliards de DH à fin décembre, soit 30% de moins qu’il y a un an, a poussé les banques à faire de moins en moins appel à ce moyen de financement. D’autant que Bank Al-Maghrib ne cesse d’accompagner les banques en leur fournissant les liquidités nécessaires, qui plus est avec un coût réduit (le taux directeur a reculé deux fois en septembre et en décembre). Ainsi, malgré la baisse des taux d’émission des certificats de dépôts (37 points de base pour la très courte maturité, à 3,8% jusqu’à 1,38 point pour la longue échéance, à 4,7%), ils restent largement moins intéressants que le taux de refinancement auprès de la banque centrale (2,5% actuellement). D’ailleurs, la BCP a déserté le marché l’année passée alors qu’elle avait levé une année auparavant 11,7 milliards de DH. En revanche, CDG Capital qui était totalement absente en 2013 a eu recours à des levées d’un montant de 600 MDH. Pour leur part, les billets de trésorerie émis par les entreprises non financières privées ont atteint 10 milliards de DH, en hausse de seulement 3% par rapport à 2013. Bien qu’il y ait eu de nouveaux intervenants sur le marché à l’instar de Label’Vie, Résidence Dar Saada et Valyans Consulting, les émissions n’ont pas affiché une progression remarquable. Il faut dire que les montants levés par ces trois sociétés atteignent à peine 1,5 milliard de DH, soit 15% du montant global. A côté, Maghreb Steel qui anime habituellement ce segment avec des levées de 4,2 milliards de DH en 2013, l’a complètement boudé cette année. Cela pourrait s’expliquer vraisemblablement par l’orientation des entreprises au financement bancaire consécutivement à l’amélioration des conditions d’octroi des crédits. Et ce, même si les taux d’émissions étaient favorables avec des replis allant de 38 points de base à 4,84%, à 60 points de base à 4,46%.
Cela dit, les bons des sociétés de financement, eux, ont suscité un engouement. Ils ont totalisé 6 milliards de DH contre seulement 40 MDH en 2013 levés par Tasif en 2013. La plupart des sociétés de crédit ont fait appel à ce segment, en parallèle au financement bancaire, afin de renflouer leurs caisses surtout dans un contexte de maintien des créances en souffrance à un niveau élevé et de reprise de la demande sur les crédits à la consommation. Notons que le gros de ces émissions (73,2%) est réalisé sur la maturité allant de 366 jours à 2 ans à des taux variant dans une fourchette allant de 4,16% à 4,25%, enregistrant ainsi une contraction de plus d’un point.
De son côté, l’encours des TCN à fin octobre (dernières données disponibles) est resté stable, à 76,4 milliards de DH. En fait, les billets de trésorerie ont marqué un bond de 77%, à 5,7 milliards de DH. Toutefois, cette hausse a été atténuée par le repli des bons des sociétés de financement de 11,5%, à 12,8 milliards de DH ainsi que par le léger recul des certificats de dépôts (-0,6%), qui pèsent pour plus de 75%, à 58 milliards de DH.
Selon les pronostics des professionnels, la léthargie devrait continuer à régner sur le marché de la dette privée en 2015 malgré la poursuite de la détente des taux des bons du Trésor. Pour certains, l’on devrait assister à quelques opérations de levées de fonds, réalisées par les émetteurs habituels. Néanmoins, vu l’amélioration de la conjoncture globale avec un déficit de liquidité bancaire moins accentué, un coût de refinancement plus attractif auprès de Bank-Al Maghrib et des conditions de financement plus avantageuses proposées par les banques, les émetteurs ne devraient pas se bousculer au portillon.
