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Le marché des titres de créance négociables en chute libre

Les émissions ont totalisé 34,7 milliards de DH en 2017, en baisse de 29%. Les émetteurs privilégient les obligations subordonnées et perpétuelles ainsi que la titrisation. Pas de renversement de tendance dans l’immédiat, selon les professionnels.

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Le marche des titres de creance negociables en chute libre

Le marché des titres de créance négociables (TCN) est en chute libre, poursuivant la tendance observée ces dernières années. En témoignent les dernières statistiques recueillies auprès de Bank Al-Maghrib. En 2017, les émissions de TCN ont totalisé 34,7 milliards de DH contre 49 milliards une année auparavant, soit une baisse de 29,2%. Une régression qui traduit l’arbitrage des émetteurs, notamment les banques qui ont historiquement dynamisé ce compartiment, en faveur d’autres instruments de financement correspondant mieux à leurs besoins stratégiques et opérationnels.

Dans les faits, le marché des TCN a été marqué, notamment en début d’année, par la réalisation d’un nombre limité d’opérations. «Le marché de la dette privée (incluant d’autres titres en plus des TCN) a été animé principalement par les émissions d’obligations (perpétuelles et subordonnées notamment) et les opérations de titrisation», affirme un gérant obligataire avant d’enchaîner : «Le financement par l’émission d’obligations subordonnées ou perpétuelles permet à une banque de consolider sa structure financière. Ces financements sont considérés comme des capitaux propres, notamment par les agences de notation sous réserve du respect de leurs conditions».

Les émetteurs, principalement les banques, cherchent à se financer en tirant profit d’une demande importante manifestée par les investisseurs dans un contexte de ralentissement des levées du Trésor sur le marché de la dette publique (110,7 milliards de DH levées en 2017, en baisse de 0,6%). Dans un contexte de liquidités moins tendu, ces institutions privilégient de plus en plus les moyens de financement à long terme. Qui plus est, les obligations subordonnées ou perpétuelles sont assimilées à des quasi-fonds propres leur permettant d’améliorer leurs ratios de solvabilité. «Elles leurs permettent également d’améliorer leur taux d’emploi des ressources afin de gérer au mieux les risques bancaires», explique un autre gérant.

En détail, les certificats de dépôts émis par les banques ont chuté de plus de 40%, à 24,6 milliards de DH (contre 42 milliards en 2016). Ce compartiment du marché a été animé principalement par BMCE Bank qui a réalisé une émission globale de 11,9 milliards DH répartie sur plusieurs mois; et Crédit Agricole du Maroc dont le montant des émissions s’élève à 7 milliards de DH.

Les émissions de billets de trésorerie sont, elles, passées de 3 milliards à 4,6 milliards de DH. De même, les bons de sociétés de financement se sont élevés à 5,43 milliards de DH contre 4 milliards une année avant. «On ne peut pas parler de hausse pour ces deux catégories, il s’agit plutôt d’un effet de base», explique un autre gérant. En 2016, les BSF et les billets de trésorerie n’ont enregistré aucune émission sur la période étalée de juillet à septembre.

Pour les bons de sociétés de financement (principalement souscrit par les OPCVM), ce sont Eqdom et Wafasalaf qui ont été les plus dynamiques en 2017, avec des émissions de 2,3 et 1,3 milliard de DH. Quant aux billets de trésorerie, deux entreprises se sont démarquées par la fréquence de leurs émissions. Il s’agit des Résidences Dar Saada (2,1 milliards de DH) et Alliances Darna (1,7 milliard).

Malgré cette baisse des émissions, l’encours global des titres de créance négociables s’est renforcé de 11%, à près de 64 milliards de DH en raison d’une baisse des remboursements. Il est principalement constitué des certificats de dépôts dont le poids est de plus de 72% et dont l’encours ressort à 46,5 milliards de DH contre 43,5 milliards de DH à fin 2016. Les bons de sociétés de financement pèsent pour leur part 24%, avec un encours de 15,4 milliards de DH contre 11,5 milliards en 2016. Quant aux billets de trésorerie, leur encours est passé de 1,5 milliard de DH à 2 milliards une année après.

Au volet perspectives, les professionnels ne tablent pas sur un renversement de tendance dans l’immédiat. Les instruments «obligations & titrisation» devraient continuer à gagner du terrain face aux autres titres. Notamment les obligations subordonnées et perpétuelles qui ont été émises l’année dernière par de grands émetteurs de la place tels l’OCP, Attijariwafa bank ou encore BMCE Bank.