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«Le marché de la gestion d’actifs au Maroc se porte bien»
L’actif net d’Africapital Management est passé de 20 MDH à 1,2 milliard de DH en 18 mois seulement. L’objectif à moyen terme est de porter cet actif à 5 milliards de DH.

Comment se porte Africapital Management et comment se positionne-t-elle parmi les sociétés de gestion de la place ?
Africapital Management est le résultat du rachat d’Orange Asset management en décembre 2013. Pour rappel, cette société de gestion avait du mal à percer, avec un actif net de 20 MDH, voire moins. Après son rachat et le changement de sa dénomination, elle a connu un démarrage effectif en mars 2014 et, actuellement, elle dispose d’un actif net total de 1,2 milliard de DH après 18 mois de commercialisation seulement. Africapital Management détient et gère au total 5 OPCVM, un de chaque classe d’actif. Nous avons réussi à redresser la société tant sur le plan de gouvernance qu’opérationnel, et elle bénéficie aujourd’hui d’une présence confirmée sur le marché. Il convient aussi de préciser qu’Africapital management est une société indépendante, mais adossée à un groupe privé qui a deux années d’existence, nommé Africa Capital Partners. Suite à l’acquisition par le groupe d’Orange Asset Management et compte tenu de sa volonté de se développer davantage, il a également mis dans son giron Alma Finance, une société de bourse qui souffrait de certaines difficultés financières. Le groupe a opté pour la formule du rachat plutôt que la création afin d’être opérationnel immédiatement (ndlr : la création d’une société de gestion nécessite un délai de traitement moyen de 2 années vu le circuit décisionnel : CDVM, ministère des finances…).
Comment évoluent les fonds que vous gérez ?
Malgré son démarrage récent, la société de gestion est très compétitive en termes de performance. En effet, Africapital Management est dans le top-ten, et ce, dans toutes les catégories de fonds. Par exemple, au 23 octobre, le fonds actions, Africapital Equity, s’adjuge la 7e position avec une performance de 2,36%. Idem pour le fonds monétaire Africapital Liquidity avec une croissance de 2,5%. Le fonds obligations court terme, Africapital Cash, a réalisé une progression de 3% et est à la première place. L’OPCVM obligations moyen et long terme, Africapital Bonds, pour sa part, se place en deuxième position avec 3,5% et le fonds diversifié, Africapital Securite, est à la quatrième place avec une performance de 1,6%.
Quelle politique de placement adoptez-vous pour la gestion de vos fonds ?
Il n’existe pas de secret à ce sujet. Il faut maîtriser les marchés dans toutes leurs composantes et être prêts à saisir toute opportunité de placement. Sur le marché actions par exemple, nous ne misons pas forcément sur un type précis de valeurs. Nous ne privilégions pas non plus les grosses capitalisations par rapport aux petites et moyennes et n’optons pas systématiquement pour une gestion selon un benchmark. Nous adoptons une gestion dynamique sans pour autant privilégier une valeur par rapport à une autre. Notre objectif est de capter les mouvements tendanciels enregistrés sur un titre donné.
Quelle est la stratégie de développement d’Africapital Management à moyen terme?
Nous comptons poursuivre le développement de notre société de gestion avec l’élargissement de notre portefeuille clients qui, je précise, est constitué tant de personnes physiques que d’institutionnels. Nous envisageons, à moyen terme, de porter l’actif total sous gestion à environ 5 milliards de DH et cela devrait s’accompagner par la création d’autres fonds pour répondre aux besoins des clients. Au niveau du groupe Africapital Partners, nous comptons réaliser d’autres acquisitions en vue de s’ériger une banque d’affaires offrant des services complets.
Selon vous, comment devrait évoluer le paysage des sociétés de gestion d’OPCVM au Maroc ?
De mon point de vue, tant que les sociétés de gestion indépendantes n’expriment pas un besoin d’appartenir à un groupe ou de s’agrandir, elles continueront d’évoluer et de se développer selon leur stratégie. En ce sens, le fonctionnement d’une société de gestion dépend de la gestion des fonds et des clients. Ces derniers, qu’ils soient particuliers ou institutionnels, ne recherchent pas autant la taille d’un fonds que sa performance historique. Dans la plupart des sociétés de gestion, un investisseur attiré par tel ou tel fonds investit avec précaution et une fois réalisée la performance souhaitée, il y injecte progressivement du cash.
Pour faire le parallèle avec les sociétés de bourse, ces intermédiaires dépendent du volume de transactions et donc du comportement général du marché pour pouvoir survivre. Leur chiffre d’affaires dépend en grande partie des commissions perçues sur les volumes d’achat et de vente. Ce n’est pas totalement le cas des sociétés de gestion qui, elles, dépendent de la taille de l’actif et de leur capacité à le maintenir et le faire évoluer. Ce même actif net est formé surtout par les institutionnels et ces derniers auront toujours de l’épargne à placer. L’enjeu pour une société de gestion est de pouvoir attirer cette épargne.
Comment évaluez-vous la gestion d’actifs au Maroc et comment devrait-elle évoluer dans un contexte de chute des rendements de tous les produits financiers ?
Le marché de la gestion d’actifs se porte bien. Au moment où le marché actions a réalisé une baisse depuis le début de l’année de 6% avec des volumes toujours faibles, l’actif net des OPCVM est en croissance continue. Il a affiché une hausse de 2% à fin octobre. De plus, la performance moyenne de l’ensemble des fonds dépasse celle du Masi. Et malgré la léthargie du marché obligataire, les fonds obligations court et moyen terme offrent des rendements qui restent compétitifs par rapport aux rendements des bons du Trésor et des dépôts à terme.
D’ailleurs, le marché des bons du Trésor devrait rester en 2016 sur la même tendance que cette année. La Loi de finances 2016 donne clairement un signal que les taux ne devraient pas évoluer fortement, que ce soit à la hausse ou à la baisse, sauf en cas d’événement imprévu.
En revanche, pour le marché actions, je reste optimiste. Pour moi, tant que le marché boursier est inefficient, il reste donc un marché d’événements et il y aura toujours des arbitrages à effectuer et des opportunités de placement à saisir. D’autant que le lancement prochain du marché à terme (on est en phase d’attente des décrets d’application), des organismes de placement collectif en immobilier et des fonds indiciels devrait créer davantage de dynamisme sur le marché marocain et c’est à ce moment-là que bien des opportunités seront à saisir.
Justement, quel impact le lancement du marché à terme aura-t-il sur la place casablancaise ?
Le marché financier marocain a plus que jamais besoin d’être dynamisé. Nous accusons un retard avéré en termes d’ingénierie financière et par voie de conséquence en termes de panel de produits disponibles. La culture de l’innovation financière doit être renforcée pour pouvoir proposer des produits attrayants répondant aux besoins et aux attentes des investisseurs.
Dans cette perspective, la promulgation de la loi sur le marché à terme permettra l’opérationnalisation d’une nouvelle génération de produits, en mettant en place une assise législative et réglementaire garantissant le bon fonctionnement et la transparence de ces opérations. Cela constitue une pierre angulaire afin d’élargir la palette législative des produis disponibles dans le paysage financier marocain tout en améliorant la profondeur et la liquidité de notre marché
Toutefois, le marché devrait préparer ses ressources humaines au démarrage effectif de ces produits. Il faut ainsi investir dans la mise à niveau et la formation des compétences pour le lancement de ces produits complexes. Ils nécessitent une ingénierie financière assez particulière ainsi qu’une technicité avancée. Par ailleurs, un autre problème devrait se poser, celui de la vulgarisation de ces produits auprès des investisseurs.
[tabs][tab title = »Africa Capital Partners, un nouveau groupe privé émerge sur le marché financier« ]Africa Capital Partners est un groupe financier privé indépendant créé en juin 2013 et porté essentiellement par 2 groupes industriels, comme acteurs de référence. Il offre tous les services proposés par une banque d’affaires. En plus de la société de gestion, Africa Management, et de la société de bourse, Alma Finance, le groupe propose également les prestations liées à la gestion sous mandat à travers Africapital Asset Management. Il dispose aussi d’une société de gestion immobilière, Africa Real Estate, spécialisée dans la détention et la gestion d’actifs immobiliers dont notamment les entrepôts de stockage, les bureaux, les locaux commerciaux, le résidentiel et les actifs hôteliers. Entre autres prestations de services, cette société propose le conseil en acquisition, la gestion opérationnelle, stratégique et financière des actifs. Le groupe fait aussi du conseil juridique et fiscal en matière de création et d’administration d’entités juridiques, du conseil dans le domaine du droit de la famille ainsi que la gestion consolidée d’avoirs mobiliers et immobiliers.[/tab][/tabs]
