Argent
La Bourse devrait terminer l’année sur une performance de… 3%
Le marché présente un potentiel de baisse de l’ordre de 8,4 points.
Sa valorisation démontre qu’il est cher compte tenu de la réalité des
valeurs qui le composent.
Mais, bonne nouvelle, il n’est pas aussi cher en relatif qu’en
1998.

Investisseurs déboussolés, spéculateurs actifs, traders agités, marché nerveux, indices qui s’envolent… Tous les signes d’un emballement sont là. C’est que l’été boursier 2005 a été des plus chauds. Mais, de l’avis de tous, si la période estivale apporte souvent son lot d’animation à la Bourse de Casablanca, une surchauffe du marché n’est pas la bienvenue. D’ailleurs peu sont ceux qui parviennent à effacer de leur mémoire les souvenirs d’un certain été 1998 qui avait donné naissance à une longue période de crise du marché.
Si l’animation et une certaine volatilité sont nécessaires, la surchauffe, elle, ne sert pas le marché. Et c’est encore plus vrai quand rien ne la justifie réellement. Ni sur le plan macro-économique, ni encore moins, au niveau de la vie des sociétés cotées.
La surchauffe n’est pas la bienvenue
Déjà, à la mi-juillet, des voix s’élevaient pour dénoncer les niveaux de valorisation de la Bourse marocaine, devenus «trop élevés» pour reprendre les termes de cet analyste financier. Une société de Bourse avait même tiré la sonnette d’alarme en affirmant qu’«un retour à la raison serait salvateur».
D’autres trouvaient que la croissance du marché avait atteint «des proportions irrationnelles». La plupart d’entre elles avaient en tout cas recommandé à leur clientèle de prendre leurs bénéfices.
Précision utile : au moment des faits, la performance du Masi dépassait à peine les 8% depuis le début de l’année. Moins de dix jours auparavant, l’on était encore à des niveaux de l’ordre de 2%.
Mais voilà que, contre toute attente, le marché est reparti d’un record à l’autre. L’indice Masi a gagné plus de 12% en quelques semaines seulement. Les volumes, il est vrai, ont été au rendez-vous (sur les six dernières semaines, le volume moyen quotidien du marché oscillait entre 71 et 300 millions de dirhams, avec une moyenne qui tend plutôt vers les 170 MDH). Ce qui écarte relativement les soupçons de manipulation des cours, sauf peut-être sur quelques valeurs marginales qui ont vu leur cours progresser dans des quantités insignificatives.
Aujourd’hui, on estime sérieusement qu’«une consolidation du marché devrait ramener la raison aux investisseurs et augurer à terme d’une reprise sereine et fondée».
A l’approche du deadline officiel (fin septembre) pour l’annonce des résultats semestriels, la tendance n’est pas près de s’inverser. Même si le marché a marqué, en fin de semaine dernière, une certaine hésitation. Le temps de deux séances, les indices phare de la place se sont rétractés, perdant 1,27% jeudi 25 août et 1,7% vendredi. Le marché avait cru à un moment à un retournement de tendance.
Contre toute attente, le marché s’envole
C’était d’autant plus plausible que la baisse était brusque et que la plupart des valeurs traitaient à des niveaux sensiblement proches de leurs pics historiques. C’est le cas notamment de Oulmès, Attijariwafa bank, Ittisalat Al Maghrib, Dari Couspâte, Sothema, BMCE Bank, Centrale Laitière, BMCI, Lydec, Aluminium du Maroc, La Banque centrale populaire, Lafarge Ciments ou encore Holcim Maroc.
Toutes ces valeurs affichaient à la date du 26 août (c’est à dire après le recul momentané du marché) des variations inférieures à 10% par rapport à leurs plus hauts historiques.
De l’autre côté, et par rapport cette fois-ci à leurs plus bas historiques, les variations qui dépassent 200% sont légion. A l’image de Oulmès, Papelera, Centrale Laitière, Maroc Leasing, Lafarge Ciments, Balima, Crédit Eqdom, Auto Nejma, BMCI, Holcim…
L’illusion d’un retournement de situation et d’une correction à la baisse était bel et bien présente dans les esprits des investisseurs en fin de semaine dernière, mais il n’en était rien. Dès le lundi 29 août, le marché est reparti à la hausse, l’indice composite ayant bondi de 0,45%. La séance boursière du mardi, avec un Masi qui se bonifie de 0,2%, confirma la reprise. Le tout, dans un volume global de 223,5 millions de dirhams en près de 600 transactions.
Sur les 56 valeurs cotées, 37 ont été traitées. 14 étaient en hausse avec une variation moyenne de +2,26%, 16 en baisse avec une moyenne des variations de l’ordre de -1,65 % et 7 ont vu leur cours inchangé.
Si la plupart des analystes appellent de leurs voeux un retour à «la raison», ce n’est pas le cas de tous. Mais en se basant sur des données tangibles, les analystes de la société de Bourse Attijari Intermédiation sont formels. Sur la base d’une étude préparée spécialement pour la Vie éco, ils nous annoncent une nouvelle édifiante. Le marché devrait terminer l’exercice 2005 sur une performance de 3%. L’indice Masi devrait dégraisser de 8 points d’ici fin décembre prochain.
Contre un P/E 2005 (price earning ratio) estimé à 17,4x, la société de Bourse oppose un PER théorique de 15,1x, ce qui veut dire que le marché est de 2 points plus cher. Attijari Intermédiation atténue tout de même ses propos en indiquant d’une part que le marché n’est pas aussi cher (en relatif) qu’en 1998 compte tenu de l’amélioration des fondamentaux des différentes sociétés cotées et, d’autre part, que la dynamique de l’offre et de la demande pourrait changer l’orientation du marché qui reste, rappelons-le, théorique.
