Epargne
Taux directeur : un relèvement de 25 à 50 pbs est attendu
Les analystes de BMCE Capital prévoient une augmentation du taux directeur à 1,75% ou 2%. Pas d’autres choix pour Bank Al-Maghrib, au risque de sacrifier une partie du rebond de la croissance économique attendu en 2023. Première conséquence : un ralentissement du crédit induisant une décélération de la consommation domestique et des investissements.
BMCE Capital Global Research table sur une inflexion de la politique monétaire de Bank Al-Maghrib lors de sa prochaine réunion. La banque centrale devra opérer une hausse entre 25 et 50 points de base du taux directeur tout en maintenant la réserve obligatoire inchangée à 0%. Cette prévision trouve son origine dans l’essoufflement de la reprise économique dès le 1er trimestre 2022, impactée par la situation géopolitique internationale et les répercussions du conflit sur les chaînes d’approvisionnement et sur les prix des hydrocarbures. Ainsi, tenant compte d’une campagne céréalière 2021-2022 médiocre (-15% de la valeur ajoutée agricole) et d’une hausse de 3,8% du PIB des activités non agricoles, BAM a opéré une relative correction à la hausse de ses prévisions de croissance pour les porter à +1% en 2022 contre +0,7% précédemment
De son côté, l’inflation poursuit son accélération s’établissant à des niveaux record depuis le début de l’année en se hissant à 8% à fin août. Rappelons que la hausse des prix observée au Maroc n’est pas d’origine monétaire mais résulte davantage d’une inflation importée, expliquant de facto la posture «wait and see» adoptée, jusqu’à présent, par BAM depuis le déclenchement de la pandémie. Ceci étant, en cas d’accélération des pressions inflationnistes et au risque de sacrifier une partie du rebond de la croissance économique attendu en 2023, la Banque Centrale pourrait ne pas avoir d’autres choix que d’agir à la hausse sur le taux directeur entre le T4 2022 et le T1 2023
Un autre facteur pourrait présager une hausse du taux directeur d’ici la fin de l’année. Il s’agit des fortes variations enregistrées au niveau de la courbe primaire. Le trésor a vu ses conditions de financement globalement se renchérir avec des taux primaires ressortant en hausse moyenne aux alentours de 64 bps sur le segment CMT et 5 bps sur le segment LT (en attendant la correction des maturités de 10 ans et plus). Dans ces conditions, les investisseurs semblent exiger une rentabilité supérieure et pricer le relèvement des taux via des investissements à court terme.
Le relèvement du taux principal à 1,75% ou 2% devrait induire un ralentissement du crédit induisant une décélération de la consommation domestique et des investissements. Cela pourrait aboutir, de facto, à un ralentissement économique. Dans ce sillage et en cas de hausse de 50 pbs du taux directeur, la simulation sur la croissance 2023 (anticipée par BKGR à +3,8% contre +4,5% pour le PLF 2023) serait revue à la baisse de -0,6% pour se fixer à 3,2%, toute chose étant égale par ailleurs.