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Assurances : Le marché marocain des assurances, le 2e en Afrique et le 3e au niveau arabe

Les compagnies d’assurances se portent nettement mieux que l’économie dans sa globalité. L’internationalisation des acteurs comporte des risques, que l’ensemble des intervenants du secteur essaie de prendre en compte.

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Le secteur des assurances  détrône l’économie marocaine. Alors que le taux de croissance du pays fléchit, faisant toujours les frais d’une crise économique qui continue de sévir, le marché de l’assurance poursuit sa croissance sans peine. Les primes émises des 18 compagnies que compte le secteur se sont accrues de 7% pour s’établir à 30,4 milliards de DH, sachant qu’une année auparavant, elles se sont améliorées de 6,4%.

Et bien que cette croissance reste soutenue d’année en année, le potentiel de croissance reste relativement faible à 3,14%. Quand on sait que le ratio qui rapporte les primes au PIB est de l’ordre de 14% en Afrique du Sud, de 9,1% en France et de 5,1% en Espagne, il y a lieu d’affirmer l’énorme potentiel de croissance dont regorge le pays. Il n’en demeure pas moins que de par sa dynamique et son positionnement, «le secteur marocain des assurances occupe la 2e place en Afrique derrière l’Afrique du Sud mais devant le Nigéria et l’Egypte qui comptent des populations bien plus importantes», rassure Othman Khalil ElAlamy, de l’autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS). Il s’adjuge même la 3e place du marché arabe derrière les Emirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite.

Tout en développant le marché sur le plan national, bien des assureurs sont partis à la conquête du potentiel de développement en Afrique. D’ailleurs, cinq compagnies au Maroc figurent dans le top 15 des plus importants assureurs de tout le continent, en tenant compte de la taille des primes. Si l’on ne se tient qu’aux compagnies à capitaux majoritairement marocains, Saham assurance, Wafa assurance et RMA Watanya sont entrées en force en Afrique, que ce soit à travers des acquisitions, des prises de participations ou des ouvertures d’antennes.

A ces assureurs s’ajoute le groupe BCP qui n’a pas manqué de saisir l’occasion de marquer sa présence en Afrique. Bref, l’intérêt des compagnies d’assurance marocaines est plus que jamais manifesté. Cela s’explique notamment par le rythme de croissance économique des pays d’Afrique qui ressort des plus élevés dans le monde, avec une moyenne de 5% ; mais aussi par le taux de pénétration qui y est très faible, allant de 0,37% pour la Centrafrique à 1,71% pour la Côte d’Ivoire. Le taux le plus élevé est redevable au Togo avec 1,94% (selon les données du dernier rapport de la FANAF publié en février 2016). La pénétration de l’assurance dans les pays d’Afrique était à un niveau bien plus timide quelques années auparavant. Elle s’est améliorée au fur et à mesure de l’augmentation des primes émises, qui totalisent à fin 2014 et toujours selon le rapport de la FANAF, 1012,6 milliards de francs CFA, soit une croissance de 6,4% sur une année. Le taux de croissance annuel moyen sur la période 2010-2014, lui, s’établit à 8,4%.

Des textes de lois devraient bientôt être adoptés

Néanmoins, ces expansions ne se réalisent pas sans prises de risque. En effet, de nouveaux risques apparaissent que les compagnies prennent en compte sérieusement. Mehdi Tazi, président directeur général de Saham assurance, cite, à leur tête, le risque opérationnel qui est plus élevé qu’ailleurs. En cause, la simplicité des textes réglementaires, le manque de fiabilité des systèmes judiciaires ou encore l’absence de compétences des ressources humaines. S’en suivent le risque de change et le risque de  non-disponibilité des devises pour payer les dividendes.

Ces risques, dits émergents, ont poussé les acteurs concernés dont la FMSAR et l’ACAPS, à repenser une nouvelle feuille de route qui devrait prendre en compte ces risques. Avec l’arrivée à terme du contrat programme établi pour le secteur des assurances sur la période 2011-2015, les parties prenantes sont en train de réfléchir à intégrer de nouvelles mesures pour développer le secteur sur le plan national et accompagner les compagnies dans leur processus d’internationalisation. L’ancien contrat programme, faut-il le rappeler, a permis de réaliser plusieurs avancées dont notamment la mise en place du médiateur, l’entrée en vigueur à partir de janvier 2013 de la convention d’indemnisation corporelle automobile directe des accidents corporels, l’instauration d’un système de contrôle interne…, d’autant que des textes de lois devraient bientôt être adoptés. Ils concernent principalement l’obligation de contracter une assurance tous risques chantiers, la responsabilité civile décennale, l’assurance participative (Takaful) ou encore la mise en place de la couverture des risques catastrophiques.

Une fois que ces textes réglementaires seraient entrés en vigueur, le secteur des assurances ne peut que connaître un important essor. L’arrivée de Taamine Chaabi (filiale du groupe BCP) en 2016 et le partenariat noué entre Saham assurance et Crédit du Maroc ne peuvent que propulser davantage le marché à l’avenir ; de même que la poursuite de l’internationalisation des acteurs. Encore faut-il que l’écosystème global soit maîtrisé et bien appréhendé.