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Engraissage d’ovins pour l’Aïd : réalisez 20% de gains en trois mois !

L’engraissement ou la vente directe de moutons à  l’occasion de l’Aïd peut rapporter jusqu’à  600 DH par tête.
Le business est rentable mais comporte plusieurs risques dont la mortalité et la mévente.
Investissement, prix, charges, normes à  respecter…, tout ce qu’il faut savoir.

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A l’approche de Aïd Al Adha (fête du sacrifice), nombreux sont les Marocains qui se livrent à l’élevage d’ovins pour arrondir leurs fins de mois. Qu’ils soient professionnels ou amateurs exerçant de façon ponctuelle, ils se partagent un marché de plusieurs milliards de DH dont la rentabilité peut être importante. La marge nette peut en effet dépasser les 20% du chiffre d’affaires réalisé, et le gain par tête peut dépasser 600 DH. Le business est donc attractif, mais il est également risqué. Entre la mortalité du bétail, les méventes à la veille de l’Aïd et les manigances des intermédiaires dans les souks, l’opération peut facilement se solder par une perte. Il faut donc avoir de l’expérience et maîtriser tous les aspects de ce business.

L’engraissement saisonnier si l’on s’inscrit dans la durée

L’investissement dans l’élevage ovin peut prendre deux formes. La première étant l’engraissement saisonnier. Cette activité nécessite un certain niveau d’investissement et s’adresse aux personnes souhaitant réitérer l’opération pendant plusieurs années. Dans ce cas, le démarrage du processus doit intervenir 2 à 3 mois avant l’Aïd. La deuxième forme de ce business se limite, elle, au simple commerce de moutons à quelques jours de l’Aïd. Dans les deux situations, les professionnels du secteur conseillent à ceux qui démarrent dans cette activité de commencer avec un troupeau de 40 têtes au minimum, et de ne pas dépasser les 100 pour une première expérience.
Commençons par l’activité d’engraissement saisonnier. Avant de s’approvisionner en moutons, il faut tout d’abord penser à aménager une étable conforme aux normes sanitaires. La densité minimale à prendre en compte est de     1 mouton par mètre carré. Le local doit également contenir cinq à six fenêtres d’une surface d’un mètre carré, afin de favoriser une bonne aération. En hiver, il faudra renforcer les fenêtres par un cache en plastique pour éviter que la température ne soit inférieure à 25°. En été, par contre, la température ne doit pas dépasser les 40°. Il faut également doter l’étable de mangeoires et d’abreuvoirs. Ces différents équipements peuvent coûter de 150 DH à 1 000 DH selon la qualité. Chaque pièce peut couvrir les besoins de dix bêtes.

Choisir le bon souk et la bonne race

Ainsi, si vous souhaitez acquérir un troupeau de 40 têtes, il faut disposer d’un local de 60 m2 en zone périphérique. L’acquisition de ce dernier peut coûter par exemple, dans la région de Marrakech, entre 20 000 et 50 000 DH selon la qualité de sa fabrication et son emplacement.
Après la préparation du local il faut passer à l’acquisition du troupeau. L’approvisionnement peut se faire à partir des fermes ou des souks. Le produit des fermes étant plus cher, la majorité des éleveurs ont recours aux souks. Le coût de la transaction sera lié à une valorisation approximative, basée sur l’aspect extérieur du mouton. Les souks les plus réputés pour les pratiquants de ce métier sont Tlat Benguerir, Tlat oulad Fares, Beni Meskine et Larbaât Marrakech. Au sein de ces marchés, deux races sont prédominantes, le Sardi et le Bergui. Il est vivement conseillé de s’approvisionner en Sardi, connu pour sa chair savoureuse et très convoité pour une occasion comme Aïd Al Adha. Il faut également noter qu’il est impératif d’examiner minutieusement les moutons qui vous sont proposés, car il arrive qu’une bête malade soit parmi le troupeau. Faites également attention aux sabots et aux cornes. Plus ils sont grands, plus le mouton pourra prendre du poids avec l’engraissement. Mais l’aspect extérieur ne dit rien sur l’âge du mouton. Pour le connaître, il faut vérifier sa dentition. S’il a remplacé deux incisives de lait, alors il a dépassé une année. Celui-ci est nommé «Tni». Si les dents remplacées sont au nombre de quatre, alors le mouton a dépassé les deux années et on le nomme «Rbaï». Le plus prisé est celui dont l’âge est d’une année. En deçà, le mouton n’est pas religieusement valable pour la fête.

2 kilogrammes de nourriture et 5 litres d’eau par tête et par jour

Pour revenir à notre exemple, l’acquisition d’un troupeau de 40 têtes d’un âge moyen d’une année et d’un poids allant jusqu’à 40 kilogrammes peut revenir à 68 000 DH, à raison de 1 700 DH par tête (les prix à trois mois de la fête varient entre 1 500 et 2 000 DH). Il faut à présent transporter les moutons au local d’engraissement. La charge est estimée par les professionnels à 5 DH par tête, soit 200 DH au total, mais peut varier selon la distance qui sépare le souk du local.
Une fois le troupeau installé, l’engraissement peut commencer. L’alimentation ovine est souvent constituée de paille, de son, de maïs et d’orge. L’idéal et d’offrir au mouton 1kg de son, un demi-kilo de maïs et un demi-kilo d’orge par jour. Il doit boire librement au moins 5 litres d’eau par jour. Le coût de l’alimentation est estimé par les professionnels à 5 DH par tête et par jour.
Elément à ne pas négliger : le vaccin contre les maladies biliaires et les antiparasitaires. Ces deux traitements sont les plus courants pour le bétail ovin. Le flacon de vaccin coûte 60 DH et couvre les besoins de 25 moutons. Ce dernier doit être appliqué une fois pendant les trois mois. L’antiparasitaire coûte quant à lui environ 400 DH et peut couvrir le besoin des 40 moutons pendant la même période. L’Etat n’effectue de contrôle sanitaire que dans le cas d’apparition de maladies contagieuses. Notons que la bonne observance des règles d’hygiène  permet de réduire le taux de mortalité des moutons qui est en moyenne proche de 8%. Vous aurez également besoin de main-d’œuvre qui se chargera d’engraisser le troupeau. Cette dernière vous coûtera entre 1 000 et 1 200 DH par mois. Après trois mois d’engraissement, les moutons devraient atteindre un poids de 60 kg au minimum. En deça, la clientèle ne sera pas satisfaite. Si par exemple ils dépassent les 70 à 80 kg, ceci ne peut qu’améliorer la rentabilité de l’investissement.

Le prix moyen du mouton sera de 3 000 DH cette année

Dix jours vous séparent de la fête du sacrifice. Vous pouvez réaliser quelques ventes dans les milieux ruraux, mais il est largement plus profitable de s’orienter vers les villes. Vous transporterez alors votre bétail en ville pour toucher une plus large clientèle. Les frais de transport dépendent de la distance à parcourir, mais sont estimés en moyenne à 20 DH par tête.
En ville, il faut également procéder à la location d’un local propice au troupeau. A Casablanca, les locaux destinés à cette fin coûtent 300 DH par jour dans le quartier «Afriquia», mais peuvent aller jusqu’à 600 DH.
Nombreux sont les clients qui s’orientent vers les particuliers au lieu des souks pour acquérir leur mouton. Ce comportement s’explique par la confiance que leur offre cette forme de distribution. Le bouche-à-oreille joue un rôle important pour faire connaître un magasin et la qualité de son troupeau. Le niveau des prix compte encore plus. Cette année le prix moyen du mouton sera, selon les pronostics des professionnels, à 3 000 DH. Notons que le prix dépend aussi bien de l’offre et de la demande que de la spéculation au niveau des marchés. Sachez à ce titre que le cheptel de cette année devrait être proche de celui de l’année dernière et atteindra plus de 6 millions de têtes selon plusieurs estimations.
Vous pouvez également recourir au souk, mais vous devez être accompagnés d’un connaisseur. Ce canal de distribution est difficile et les risques vont du vol à la manipulation des prix par les intermédiaires pour casser les amateurs. Pour réduire le risque de mévente, vous pouvez liquider un maximum au début de la période qui précède la fête du sacrifice. Même si vous appliquez un prix inférieur à celui du marché, vous pouvez réaliser des gains. Toutefois le risque subsiste et peut donner lieu à une vente ultérieure aux bouchers. Le prix proposé sera alors 50% inférieur à celui du souk. Ceci s’explique par le fait que seulement la moitié du poids du mouton est constituée de viande.
Enfin, pour ce qui est de la revente simple de moutons, les seules différences avec l’activité d’engraissement sont le prix d’achat plus élevé du troupeau (environ 500 DH de plus par tête), l’absence d’investissement et de vaccination et la durée plus courte d’alimentation du bétail.