SUIVEZ-NOUS

Argent

Des arguments en béton pour miser sur les valeurs BTP

Les cinq valeurs cotées présentent toutes des opportunités
intéressantes.
Chiffre d’affaires en hausse, productivité améliorée,
leur performance économique reflète les valorisations actuelles.
Pensez à un placement de moyen et long terme.

Publié le


Mis à jour le

rub 5802

S’il y a un secteur qui fait l’unanimité au sein de la communauté des analystes, c’est bien celui du bâtiment et des matériaux de construction. «J’ai souvent l’impression de recommander ce secteur par réflexe, avant même d’avoir cogité sérieusement sur la chose», ironise l’un d’entre eux. Tout cela pour dire que le secteur jouit d’une aura exceptionnelle. Une aura largement méritée au vu des performances boursières réalisées par les représentants du secteur à la cote. A preuve, l’indice sectoriel a achevé l’année 2003 sur une hausse de près de 50 %, surperformant largement le marché. Les performances individuelles des sociétés du secteur ont varié entre 25 % pour Holcim et 71 % pour la petite Aluminium du Maroc.
Il faut croire que le BTP est un secteur qui aligne, depuis quelques années déjà, un taux de croissance annuel d’environ 5 %. La politique gouvernementale en matière de logement social, de renforcement des infrastructures et de développement de nouvelles zones touristiques laisse présager une poursuite de cet élan de croissance pendant encore quelques années.
Bénéficiant pour le moment d’un régime douanier protecteur, les sociétés du BTP ont entamé depuis longtemps une mise à niveau et se préparent sérieusement à la perspective du démantèlement douanier qui ouvrirait le marché marocain aux produits européens. D’ailleurs, à l’exception de Cimar, toutes les sociétés du secteur sont en phase d’investissement. Les projets en cours sont relativement importants et visent, dans leur majorité, à augmenter les capacités de production et à améliorer la productivité.
Sur les cinq sociétés cotées du secteur, on retrouve trois cimentiers (Ciment du Maroc, Holcim Maroc et Lafarge Ciments), la Sonasid et Aluminium du Maroc. Si ces dernières sont pratiquement les seuls opérateurs industriels présents sur le marché marocain et font face uniquement à des importateurs, les cimentiers, eux, se partagent le territoire selon une répartition géographique plus ou moins claire. Cimar au Sud, Holcim dans l’Oriental et Lafarge dans le Centre et le Nord du pays.
Pour résumer, toutes les études et notes de recherches disponibles mettent l’accent sur les bons fondamentaux des entreprises du secteur et sur les perspectives de croissance intéressantes. Même si le cours des sociétés du secteur s’est fortement apprécié ces derniers mois, les analystes pensent qu’il existe encore un potentiel de hausse pour certaines. Se plaçant le plus volontairement sur des horizons plus ou moins longs, les analystes continuent à recommander les valeurs du secteur à l’achat.
• Lafarge Ciments : des dividendes en hausse et un bon potentiel de progession
Lafarge ciments, issu d’une joint-venture entre la SNI et le groupe français Lafarge, est promis à un bel avenir. Leader de son secteur, avec une part de marché dépassant les 40 %, le groupe dispose de quatre cimenteries basées à Bouskoura, Meknès, Tanger et Tétouan et dotées d’une capacité annuelle de production de près de 3,5 millions de tonnes. A cet arsenal, il faudra bientôt ajouter quelque 950 000 tonnes par an, en provenance de la nouvelle usine de Tétouan actuellement en construction (cf. encadré).
Côté performances, le groupe cimentier a terminé le premier semestre 2003 sur une note très positive, avec un accroissement de 25 % de son chiffre d’affaires consolidé et une amélioration de 12 % de son résultat net. Les analystes s’attendent à ce que les résultats de l’année 2003 s’inscrivent dans cette même logique. La croissance linéaire de la consommation et la capacité importante du groupe à améliorer sa productivité auront certainement des effets importants sur sa rentabilité.
De par son implantation géographique, Lafarge devrait profiter au maximum des chantiers qui seront ouverts dans les provinces du Nord. Dès sa mise en service, la cimenterie Tétouan II se trouvera à proximité d’un des plus grands projets du Royaume, à savoir le port Tanger Med.
Malgré son important effort d’investissement, Lafarge a nettement amélioré sa politique de distribution en faveur de ses actionnaires. Durant les trois dernières années, le dividende a presque doublé tandis que les cours ont chuté dans le sillage de la baisse généralisée des cours boursiers, améliorant d’emblée la rentabilité financière de l’action. La structure financière du groupe devrait par ailleurs permettre de maintenir le dividende, voire l’améliorer en 2003.
• Cimar : le meilleur taux de progression de résultat sur le marché
Deuxième société du secteur cimentier marocain avec un peu moins de 30 % de parts de marché et solidement implantée dans la région Sud du Maroc à travers ses trois unités de production de Marrakech, Safi et Agadir, Cimar dispose d’une capacité de production de 3,1 millions de tonnes par an, utilisée à 70 %. C’est ce qui explique d’ailleurs que Cimar n’a, pour le moment, aucun projet d’extension. Ce qui ne la dissuade pas pour autant d’injecter plusieurs dizaines de millions de dirhams tous les ans pour la modernisation de son outil de production et l’amélioration de sa productivité.
Au titre du premier semestre de l’année 2003, les performances réalisées par cette société ont été très honorables. En témoigne la progression de 16 % du chiffre d’affaires consolidé. Côté rentabilité, Cimar affiche certainement les meilleurs taux de progression du secteur, avec une évolution de près de 60 % du résultat net consolidé. Avec des performances pareilles, Cimar ne peut que s’attirer les faveurs des analystes. La société dispose en effet de larges réserves de capacité lui permettant de faire face à une croissance de la demande sans consentir d’importants investissements et elle présente d’excellents indicateurs de rentabilité, un endettement nul et une trésorerie abondante.
Présente dans une région promise à d’importants investissements dans le domaine touristique et de l’infrastructure, Cimar offre des perspectives de croissance prometteuses. Les comptes de l’année 2003 consacreront certainement ses performances semestrielles. Les efforts continus en matière d’amélioration de la productivité et de maîtrise des charges fixes laissent présager un bon comportement des indicateurs de rentabilité à moyen terme.
• Holcim Maroc : le handicap d’implantation géographique est en passe d’être surmonté
La filiale du groupe cimentier suisse Holcim Ltd ne jouit pas d’une très bonne implantation géographique mais parvient tout de même à jouer dans la cour des grands. Installé principalement dans la région de l’Oriental et dans le Nord du pays (Meknès et Oujda), Holcim Maroc parvient, a coup d’investissements logistiques importants, à arroser une partie de la région du Grand Casablanca. Cette situation ne saurait durer puisque le groupe a finalement pris la décision de mettre en œuvre le projet de la cimenterie de Settat qui nécessitera un investissement total de 1,7 milliard de dirhams (cf. encadré). Par ailleurs, la volonté des pouvoirs publics de développer la région de l’Oriental constitue une véritable opportunité pour le groupe cimentier. Holcim se retrouvera ainsi à proximité de chantiers importants tels que la station balnéaire programmée à Saïdia dans le cadre du Plan Azur du ministère du Tourisme.
Lors de la publication des résultats semestriels en septembre dernier, Holcim affichait un chiffre d’affaires consolidé en hausse de 12,4 %. Les gains en productivité réalisés grâce à la modernisation de l’outil de production et la baisse des charges d’exploitation ont fortement contribué à la nette amélioration (+25 %) du résultat net consolidé.
Les bonnes performances affichées au premier semestre devront donc se maintenir tout au long de l’année. Sans prendre en considération l’opportunité pour Holcim d’installer une unité à Settat, les analystes sont confiants quant aux perspectives de croissance de la société. «Le marché historique de Holcim présente peut-être les meilleures perspectives d’évolution, grâce notamment à la politique volontariste des pouvoirs publics», confie l’un d’entre eux. Se projetant dans un avenir moins certain, un analyste s’est même amusé à imaginer l’impact d’une réouverture des frontières avec l’Algérie. «Le principal bénéficiaire d’un réchauffement des relations entre le Maroc et l’Algérie et d’une réouverture des frontières avec le voisin de l’Est n’est autre que Holcim. Imaginez le potentiel que représente le fait d’être installé à quelques encablures seulement d’un marché aussi important que l’Algérie !».
• Aluminium du Maroc : 20 % de la production est écoulée sur le marché européen
Aluminium du Maroc fabrique des profilés en alliage d’aluminium, destinés principalement au marché du bâtiment mais couvrant également de multiples besoins du secteur industriel (transport, affichage, climatisation…). Filiale du groupe familial El Alami, Aluminium du Maroc compte également des références mondiales de l’industrie de l’aluminium dans son tour de table, comme Pechiney.
Lors du 1er semestre 2003, Aluminium du Maroc a réalisé un chiffre d’affaires de 131 millions de dirhams, en hausse de 9 % par rapport à la même période de l’année 2002. Il est à noter que la société s’est attaquée voici quelques années à l’exigeant marché européen et arrive aujourd’hui a y écouler plus de 20 % de sa production. D’ailleurs, le projet d’installation d’une nouvelle ligne de production vise principalement à doter l’entreprise d’une capacité de production supplémentaire pour améliorer sa présence sur le marché de l’export (cf. encadré).
Après un léger passage à vide, les indicateurs d’activité et de rentabilité d’Aluminium du Maroc sont repassés au vert. Certes, la société n’a pas l’envergure des autres entreprises de BTP cotées. Les faveurs des analystes vont plus facilement à des sociétés plus imposantes et disposant de structures difficilement ébranlables par les aléas du marché.
Mais, d’un autre côté, l’usage de l’aluminium n’en étant qu’à ses débuts au Maroc, Aluminium du Maroc pourra certainement profiter pleinement de l’essor que devrait entraîner le développement d’un tel marché si la société réussit à contenir les assauts d’une concurrence féroce imposée par les importateurs.
• Sonasid : une des valeurs les plus attrayantes du marché
Seul producteur marocain de produits sidérurgiques et leader incontesté dans son domaine, avec une part de marché de 92 %, la Sonasid dispose aujourd’hui d’une capacité de production de près de 700 000 tonnes par an, répartie entre ses sites de Nador et de Jorf Lasfar. Agissant sur un marché en forte croissance depuis quelques années, Sonasid a vu son activité évoluer de manière importante comme le démontre l’évolution de ses indicateurs semestriels avec une hausse de 26 % du chiffre d’affaires. Cette expansion, conjuguée à une amélioration constante de la productivité, n’a pas manqué d’impacter la rentabilité de la société, se traduisant par une appréciation continue du résultat d’exploitation et du résultat net. Au dernier arrêté de compte semestriel, le résultat net s’inscrivait, à titre de rappel, en hausse de 25 %.
Malgré cette position dominante sur le marché de la sidérurgie marocaine, la Sonasid reste fragilisée par l’expectative de la baisse programmée des droits de douane. Le marché marocain sera ainsi totalement accessible aux importateurs dans une dizaine d’années. Conscients de ce problème, les dirigeants de la société ont entamé, depuis quelques années déjà, un vaste programme d’investissement visant à améliorer la compétitivité et la productivité de la société afin de mieux servir la demande croissante du marché et tente même de développer des opportunités d’export. Le projet de l’aciérie électrique de Jorf Lasfar, qui permettra à la Sonasid d’opérer une intégration en amont en produisant les billettes nécessaires à ses deux usines, constitue le clou de la stratégie de développement de la société (cf. encadré).
Sonasid reste aujourd’hui l’une des valeurs les plus attrayantes du marché. Avec un PER 2 002 de 8,4, un taux de rendement du dividende de plus de 8 %, une liquidité certaine sur le marché, une stratégie de développement aussi claire et un potentiel de croissance aussi fort, il n’est pas étonnant que le cours ait gagné près de 50 %. Il devrait, selon certains analystes, continuer à s’apprécier en 2004