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DAT : la négociation des taux devient plus serrée

Les grilles standard n’ont pas changé mais les banques n’accordent plus systématiquement des bonifications. Leur déficit de trésorerie s’est nettement allégé et elles se refinancent moins cher auprès de BAM. Les taux démarrent à 2,4% pour un dépôt sur 3 mois.

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Le rendement des placements financiers s’effrite d’année en année. Dans un contexte où le marché actions poursuit sa baisse, où les taux des bons du Trésor stagnent depuis le début de l’année et où la rémunération des comptes sur carnet protège à peine l’épargne contre l’inflation, l’on pourrait penser que l’investissement dans les dépôts à terme constitue une bonne alternative. D’ailleurs, l’encours des DAT et bons de caisse auprès des banques s’établit à fin septembre à 165 milliards de DH, en augmentation de 3,6% depuis le début de l’année et de 8,7% par rapport à la même période en 2014. Cela ne veut pourtant pas dire que les banques rémunèrent mieux les déposants. Selon la dernière enquête mensuelle de BAM, le taux moyen des dépôts à terme à six mois s’est établi à 3,57% et celui des dépôts à 12 mois à 3,63%. Ils sont en recul de 10 et de 22 points de base respectivement par rapport à 2013.

En fait, la rémunération standard offerte par les banques est restée inchangée. Chez Attijariwafa bank, le taux proposé commence à 2,5% pour les dépôts sur 3 mois et atteint 2,75% sur 6 mois et 3% sur 12 mois. Auprès de BMCE Bank of Africa, le rendement se situe respectivement à 3,10%, 3,25% et 3,50% sur ces 3 périodes. Les taux de la Banque Populaire varient de 2,4%, 2,65% à 2,90%. Quant à ceux de la Société Générale, ils vont de 2,70%, 2,85% à 3%.

Ce qui a changé, c’est que les établissements bancaires ont levé le pied sur les bonifications de taux que les clients pouvaient obtenir après négociation. Cela paraît normal quand on sait que la situation de liquidité des banques s’est nettement améliorée. En effet, le déficit de trésorerie du système bancaire est passé de 73,8 milliards de DH à fin octobre 2013 à 49,4 milliards de DH l’année suivante et à 27,3 milliards de DH à la même période de cette année, soit un allègement de 63% en 2 ans. De plus, le coût de refinancement des banques auprès de Bank Al-Maghrib a également baissé consécutivement aux deux abaissements du taux directeur qui est passé de 3% à 2,5%.

Cette conjoncture plus confortable pour les banques a limité la marge de négociation des clients en matière de DAT. Alors qu’une bonification de 25 points de base était automatiquement accordée aux clients particuliers après une brève négociation, ce n’est plus systématique actuellement. Les banquiers restent le plus souvent fermes sur leurs positions, selon les directives hiérarchiques, à moins que le client ait un gros montant à déposer, et encore ! Il faut que les gros clients disposent d’autres avoirs au niveau de la banque (produits de bancassurance, portefeuille titres…). Et avant de pouvoir décrocher toute bonification, certaines banques, à l’instar d’Attijariwafa bank, ont instauré l’obligation pour le chef d’agence d’obtenir l’accord du directeur de groupe d’agences pour une augmentation de 25 pbs, et du directeur de réseau pour une hausse de 50 pbs. Au-delà, c’est le directeur régional qui doit donner l’autorisation. Chez BMCE Bank of Africa, c’est au directeur régional que revient la décision d’accepter ou de refuser la demande du client.

En tout cas, rares sont les fois où la négociation peut déboucher sur un taux largement supérieur à ce qui est pré-établi sur la grille. Tel est le cas de ce client qui, avec un dépôt de 2 MDH, s’est vu accorder un taux de 3,25% sur 3 mois au lieu des 3% standard. Par ailleurs, un chargé de clientèle nous confie qu’un client particulier de taille importante s’est vu refuser le renouvellement de son DAT au taux de 4% accordé l’année dernière. Il a reçu l’accord de la direction régionale pour un taux de 3,70% seulement. En revanche, la négociation est plus flexible pour les institutionnels vu le montant des dépôts. Les taux peuvent dépasser 4%, voire 4,10% pour les dépôts de 100 MDH et plus.

Il va sans dire qu’ouvrir un compte à terme n’est possible qu’à partir d’un certain montant. Aucune limite réglementaire n’existe, mais le banquier décide en tenant compte de la rentabilité du client et du PNB de son agence avant de prendre toute décision. Généralement, si un montant de 10 000 DH ou même de 50000DH n’est pas accepté, le client est redirigé vers le compte sur carnet.