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DAT et bons de caisse : place à la négociation !
Les taux démarrent à 2,40% mais peuvent atteindre 4,30%. Les conditions
de base demeurent inchangées mais les banques acceptent de plus en plus de négocier. Même les petits déposants peuvent obtenir quelques points de base supplémentaires. Retour en force des bons de caisse anonymes.

Dans un contexte difficile sur les marchés financiers, marqué par une baisse qui se prolonge en bourse et un manque de visibilité sur l’évolution des finances publiques, les placements bancaires à revenu fixe semblent être les plus attractifs. D’ailleurs, les particuliers plébiscitent toujours les comptes sur carnet et les dépôts à terme (les bons de caisse également) qui offrent un rendement intéressant avec un risque nul. Les statistiques bancaires le montrent bien : l’encours des comptes sur carnet à fin mai 2013 s’élève à 115 milliards de DH, en progression de 3,7% depuis le début de l’année. Les DAT, eux, totalisent un encours de 93 milliards de DH, en hausse de 5,8% sur la même période. Précisons qu’il s’agit pour les DAT de la part détenue par les particuliers et qui représente près de 63% de l’encours global.
Hormis le facteur sécurité, la rémunération offerte est de plus en plus intéressante. Le taux moyen pondéré des DAT sur 6 mois, observé en mai, a en effet augmenté de 25 points de base, à 3,63% et celui des DAT sur 12 mois a crû de 3 points de base, à 3,77%. A côté de la rémunération des comptes sur carnet dont le taux a grimpé à 3,74% au titre du deuxième semestre de cette année, soit le plus haut depuis 2002, ces rendements sont parmi les meilleurs du marché dans le contexte actuel.
Cela dit, si le taux des comptes sur carnet est fixé par Bank Al-Maghrib (indexation sur le taux des bons du Trésor à 52 semaines), ceux des DAT sont fixés librement par les banques. Si ces derniers ont augmenté dernièrement, ce n’est pas parce que les banques ont revu leurs conditions de base. La majorité des établissements de la place a en effet gardé ses taux inchangés. En fait, la hausse de la moyenne pondérée observée par Bank Al-Maghrib s’explique par le niveau élevé des taux accordés aux gros déposants, les institutionnels surtout. Car sur le terrain, les conditions dépendent de la somme versée, de la nature du client et de la maturité également. Ainsi, si les gros déposants sont «chouchoutés», le client lambda, lui, se voit souvent appliquer les conditions de base.
Chez Attijariwafa bank, par exemple, les DAT sur 3 mois pour les particuliers résidents sont proposés à 2,50%, ceux sur 6 mois à 2,75% et ceux sur 12 mois à 3%. Ce sont-là les conditions de base qui n’ont pas changé. Mais la négociation, elle, est devenue plus flexible, comme l’explique ce conseiller des clients particuliers : «Même pour les petits montants, la négociation est possible, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. A ce titre, on peut facilement accorder 25 points de base de plus sur chaque maturité».
Idem chez les autres banques : auprès de BMCE Bank, les taux démarrent à 3,10% pour les comptes à 3 mois, 3,25% pour ceux à 6 mois et 3,50% pour les dépôts bloqués sur une année, mais il est toujours possible de les négocier. Pour sa part, la BCP offre un rendement de 2,40% sur 3 mois, de 2,65% sur 6 mois et 2,90% sur un an. Chez la Société Générale, les rendements commencent à 2,70% pour les dépôts sur 3 mois. Ceux sur 6 et 12 mois sont rémunérés respectivement à 2,85% et 3%.
Bons de caisse : mêmes conditions que les DAT mais avec de nombreux avantages
Pour les entreprises et les MRE, des conditions meilleures sont appliquées en terme de rémunération, si ce n’est en matière de taxation (voir encadré).
Bref, les taux précités ne sont pas figés puisque toutes les banques proposent une dérogation aux gros déposants. Ainsi, la Société Générale peut monter à 3,75%, voire 3,90%. Chez BMCE Bank, on peut même atteindre 4,10% et chez la BCP 4%. Pour Attijariwafa bank, la rémunération peut aller jusqu’à 4,30%. Cela dépend évidemment de la qualité de signature du client et du montant déposé. A ce niveau aussi, des différences existent entre les banques. Ainsi, au moment où la Société Générale offre son meilleur taux aux dépôts à partir de 1 MDH, Attijariwafa bank, elle, le propose à partir de 5 MDH et la BCP à compter de 10 MDH. BMCE Bank, pour sa part, peut rémunérer 5 MDH à 4,05% et 10 MDH à 4,10%.
Par ailleurs, si les taux de rémunération sont libres, les montants déposés le sont également. En effet, la réglementation ne fixe aucun seuil minimum ou maximum pour un DAT. Autrement dit, un DAT peut être ouvert, quelle que soit la somme versée. Néanmoins, sur le terrain c’est loin d’être le cas. Les banques imposent en effet un montant minimum qui peut varier de 10 000 DH à 100 000 DH. Un banquier explique : «En fonction de leurs besoins de liquidité, les banques peuvent exiger un ticket d’entrée pour les comptes à terme et orienter ainsi une partie de leur clientèle vers les comptes sur carnet. Cependant, avec cette conjoncture, nombre d’entre elles ont abaissé leur niveau minimum d’accès aux DAT». C’est dire que les banques se livrent une concurrence acharnée pour capter le plus grand nombre de clients et relever ainsi le niveau de leurs ressources qui ne cessent de se raréfier.
Les bons de caisse répondent à la même logique et sont assortis des mêmes conditions que les DAT. Les taux de rémunération sont les mêmes et demeurent négociables en fonction du client et du montant déposé. Ce qui fait le succès de cet instrument, c’est qu’il peut être souscrit d’une façon anonyme. Mais après la suppression de cette possibilité par Bank Al-Maghrib en octobre 2011, il a perdu de son attrait en faveur des DAT. Actuellement, la demande reprend avec le rétablissement de l’anonymat en début d’année.
De plus, le bon de caisse offre un autre avantage, celui de pouvoir servir comme moyen facilitant les transactions. En effet, lors d’une transaction immobilière, par exemple, ce titre peut constituer un moyen de garantie s’il est nominatif ou un moyen de paiement s’il est au porteur. Il faut toutefois souligner que les bons de caisse sont surtout souscrits par les entreprises devant payer à terme des matières ou fournitures à leurs fournisseurs
Par ailleurs, un bon de caisse peut être souscrit auprès d’une banque même si le détenteur est client d’une autre banque. Ceci permet au client d’accéder à ses liquidités plus facilement tout en évitant une perte de temps pour se rendre à son agence bancaire.
Du reste, un bon de caisse anonyme est certes considéré comme un produit d’épargne, moyennant une rémunération mais également comme un moyen d’échapper au fisc. Dans ce cadre, un banquier précise : «Dans la mesure où les bons de caisse sont remis aux clients avec la possibilité de rester anonymes, ils offrent une aubaine tant pour les personnes physiques que morales pour échapper au paiement des impôts dûs».
En parlant d’impôts, s’il y a une condition qui ne fait pas l’objet de négociation, c’est bien celle de la taxation des rendements. En effet, à l’échéance d’un DAT ou d’un bon de caisse, le client est obligé de payer une taxe relative aux intérêts perçus. Il s’agit de la taxe sur les produits des placements à revenu fixe. Elle est de 30% retenue à la source par la banque pour les personnes physiques résidentes et de 20% pour les personnes morales. A ce titre, les MRE sont choyés au moment du paiement de la TPPRF. En effet, seulement 20% du rendement sont prélevés, soit 10 points de moins que les particuliers résidents.
