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Ces particuliers qui n’abandonnent pas la Bourse…

Ils sont soit des retraités, des commerçants, des personnes exerçant une profession libérale ou des traders spéculateurs. Ils misent des montants variant dans une fourchette très large, entre 6000 DH et 20 MDH.

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La Bourse de Casablanca1

La période d’engouement des personnes physiques pour le marché boursier est depuis bien longtemps révolue. En 2006 et 2007, la place séduisait tout le monde grâce à son dynamisme et l’orientation favorable des cours. Les opérations d’introduction en bourse attiraient des centaines de milliers de petits porteurs et la demande dépassait largement l’offre. Qu’elles soient grandes ou moyennes, toutes les entreprises qui rejoignaient la cote avaient du succès auprès des particuliers. L’exemple d’Addoha, dont la tranche réservée aux personnes physiques avoisinait les 40% et dont le titre a été sursouscrit 18 fois, ou encore Atlanta qui a réuni 130 000 particuliers sont parlants. Mais à partir de 2008, la tendance s’est complètement inversée. L’éclatement de la crise internationale a fait fuir à la fois les émetteurs et les investisseurs, surtout les petits porteurs. Alors que cette dernière catégorie contribuait de manière significative aux volumes de transactions, avec une part de 36% en 2007, elle ne réalise aujourd’hui qu’environ 5% des échanges. Ces 5% prouvent toutefois qu’il existe encore une poignée de particuliers qui «se cramponne» au marché pour une raison ou une autre. Qui sont-ils ? Pourquoi restent-ils sur le marché ? Comment interviennent-ils et quel regard portent-ils sur la place ?

Selon les professionnels du marché contactés, les investisseurs particuliers qui sont toujours actifs sur le marché peuvent être regroupés en trois principales catégories: les retraités ; les commerçants et les personnes exerçant une profession libérale; et les spéculateurs avertis (des traders exerçant sur le marché et qui investissent pour leur propre compte). A côté, on retrouve également de jeunes cadres, qui sont très rares sur le marché, et les héritiers de portefeuilles actions qui tentent de s’en désengager systématiquement. En fonction du profil, les montants investis diffèrent. «Ils varient dans une fourchette très large, le montant moyen peut aller de 6 000 DH à 20 MDH», rapporte un trader qui souligne que la taille des placements varie aussi selon les sociétés de bourse; certaines, surtout de taille importante, n’acceptant pas les petits profils.

En tout cas, les retraités investissent généralement leur épargne pour leurs petits-enfants. Le montant placé varie d’une dizaine à une centaine de milliers de dirhams. Les commerçants et les professions libérales investissent entre 300 000 DH à 1 MDH. Tandis que les traders spéculateurs misent entre 2 et 3 MDH.

La politique d’investissement dépend du montant investi, selon un trader de la place. Ainsi, les particuliers qui placent des montants importants (1 MDH et plus) cherchent à pondérer le risque en diversifiant leur portefeuille, et sont attentifs aux recommandations de leurs conseillers. Au contraire, les petits porteurs qui investissent quelques milliers de dirhams prennent l’initiative d’achat ou de vente en suivant la tendance du marché et peuvent risquer de miser sur un nombre limité de valeurs.

De même, la relation qu’entretiennent les investisseurs avec leurs conseillers est le plus souvent fonction de leur degré d’initiation marché.

Les retraités prennent peu de risques

Les retraités, par exemple, suivent les conseils des professionnels. Ils ne prennent pas de risque et espèrent un retour sur investissement sûr et régulier. Les professionnels leur proposent des valeurs de rendement (IAM, cimenteries…). Même s’ils ne sont pas très actifs sur le marché, ils investissent dans des valeurs liquides et attendent la rémunération en dividendes. Pour leur part, les commerçants et les professionnels libéraux peuvent aussi bien être des opportunistes, et donc provoquer les décisions d’achat et de vente en fonction des rumeurs, informations et tendances du marché, ou investir sur la base des recommandations des conseillers. Ils ont une activité régulière sur le marché et une stratégie d’investissement à moyen et long terme. Enfin, les traders, qui sont le plus souvent dans une logique de spéculation, agissent quotidiennement et seuls. Par ailleurs, les jeunes cadres investissent généralement à l’occasion d’une introduction en bourse et revendent quelques semaines après, le temps de réaliser une plus-value. 

D’après un membre du forum «bourse-maroc.org», un espace d’échange entre petits porteurs, les personnes physiques opérant sur le marché sont partagés entre une poignée dynamique et une autre «coincée» qui n’arrive pas à liquider ses titres. Dans ce sens, il évoque le manque de liquidité dont souffre le marché, et plus particulièrement les petits porteurs qui tentent, pour la plupart, de liquider leurs positions avec le moins de pertes possibles. D’autres sont carrément inactifs et attendent de récupérer leurs mises initiales et ainsi éviter des moins-values. Ils ne comptent plus réinvestir en bourse. Ils estiment que le marché présente un risque bien trop élevé.

Ils ont appris de leurs mésaventures lors de la crise

Ceci étant, un conseiller rapporte qu’il n’y a pas de regain d’intérêt pressenti de la part des personnes physiques, à cause notamment des scandales qui ont marqué le marché (Samir, Alliances, CGI). Malgré les relances des professionnels, qui avancent comme argument la reprise du marché en 2016, les petits porteurs continuent à déserter la place. «A l’instar des introductions comme celles de Maroc Telecom et Addoha qui avaient créé un réel dynamisme et un engouement pour la bourse, seule une IPO de grande envergure est susceptible de redonner confiance aux petits porteurs et les faire revenir sur le marché», affirme la même source.

En attendant, il faut noter que le comportement des petits porteurs a nettement évolué sur les dernières années. Si entre 2006 et 2009 les particuliers se basaient beaucoup sur les recommandations de leurs conseillers financiers et avaient peu de connaissances sur le marché boursier, ils sont actuellement plus matures et acquièrent de plus en plus de technicité. Du point de vue d’un échantillon de petits porteurs interrogé, le marché boursier est bien loin de l’efficience, une notion qui demeure très théorique selon eux. Aussi, ils estiment que tant que le marché est en sous-liquidité, les investisseurs continueront à le déserter. En outre, ils affirment ne pas beaucoup s’attarder sur les publications des analystes, car l’horizon de placement sur lequel reposent les recommandations des professionnels ne correspond pas à leur politique d’investissement, sachant qu’ils cherchent un rendement optimal à moyen terme.

[tabs][tab title = »Retour timide sur le marché de la gestion collective« ]Les particuliers porteurs de parts d’OPCVM s’élèvent à 1 660 personnes, sur la base des dernières statistiques hebdomadaires de l’AMMC. Les épargnants intervenant sur ce marché constituent une clientèle plutôt élitiste. Autrement dit, ce sont des personnes généralement aisées et ayant une certaine connaissance du marché financier, selon un professionnel de la place. Le montant minimum investi est généralement une centaine de milliers de dirhams. La plupart cherchent une gestion professionnelle, personnalisée et un rendement garanti. Selon la même source, le marché des OPCVM connaît un retour timide des épargnants. Une légère reprise expliquée par un essoufflement des produits dits classiques tels que les dépôts à terme qui ne sont plus vraiment rémunérateurs. Du coup, les banquiers orientent les épargnants vers les OPCVM qui affichent, de leur côté, de bons taux de rendement. La grande problématique est la sophistication financière du marché des OPCVM. Le nombre de personnes physiques est réduit parce que les banquiers n’ont pas reçu une formation pour conseiller les clients par rapport à ce type d’instrument financier.[/tab][/tabs]

[tabs][tab title = »Les valeurs qui continuent à les séduire…« ]Comme tout investisseur, les petits porteurs cherchent avant tout à réaliser des plus-values en prenant le moins de risque possible. Sur la base des informations récoltées auprès des professionnels du marché et de quelques investisseurs, il ressort que les petits épargnants préfèrent les valeurs peu chères, liquides et offrant un bon taux de rendement. C’est le cas de quelques grosses capitalisations, notamment Maroc Telecom et Addoha. Elles continuent de drainer des volumes importants, avec 11,7% du flux transactionnel global du marché pour la première et 18% pour la seconde. Ils s’intéressent également aux capitalisations moyennes, comme par exemple celles du secteur informatique notamment HPS qui a réalisé une performance de plus de 16% à fin mars 2016, Disway qui a progressé de plus de 20%, mais également S2M et Microdata qui affichent respectivement 24% et 18% de hausse.[/tab][/tabs]