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Capital investissement : 145 entreprises accompagnées depuis 2006
Les sommes collectées depuis le démarrage des fonds de deuxième génération totalisent 10,7 milliards de DH. Les montants investis totalisent 4,2 milliards. En 2014, 26% des sociétés de gestion du capital investissement comptent lever de nouveaux fonds.
Le secteur du capital investissement au Maroc pâtit de la conjoncture nationale morose, comme l’atteste le montant des levées à fin 2013. En effet, selon l’étude élaborée par le cabinet Fidaroc Grand Thornton pour le compte de l’Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC), les sommes levées par les différents fonds d’investissement de la place se sont élevés à près de 1,3 milliard de DH alors qu’ils avaient atteint 1,9 milliard de DH en 2012, un plus haut depuis le démarrage des fonds de deuxième génération en 2006, soit une régression de 31,5%. Ceci a porté le montant global collecté par les fonds depuis 2006 à 10,7 milliards de DH. Notons que 65% du montant levé sur la période 2012-2013 ont été effectués par des fonds transrégionaux tels que MPEF, CNAV et Mediterrania 2 qui ont enregistré une montée en régime considérable et ont contribué également à la progression de la taille des fonds de 3e génération, apparus depuis 2011.
Les montants investis à fin 2013 se sont établis à 686 MDH, soit 53% des fonds levés. Du coup, le montant global des investissements opérés depuis 2006 atteint 4,2 milliards de DH. L’année dernière, 17 nouveaux investissements ont été réalisés contre 6 une année auparavant. Il faut noter que ces investissements ont été effectués surtout pendant la phase de développement des sociétés avec une part de 75% et un ticket moyen de 42 MDH. Le but, selon Stéphanie Billard, manager à Grant Thornton, étant de les accompagner pendant leur phase de croissance en injectant les liquidités nécessaires. A contrario, la phase risque n’accapare que 4% des fonds investis avec une somme moyenne injectée de 6 MDH au moment où la phase amorçage concentre à peine 2% avec un montant moyen investi de 4 MDH. Quoi qu’il en soit, ce sont, au total, 145 entreprises qui ont été investies depuis 2006.
Les investisseurs en capital s’orientent essentiellement vers les secteurs industriels (chimie, agroalimentaire, automobile, pharmaceutique…). Le secteur des services et transport arrive en 2e position avec une part de 29%, sachant que la majorité des fonds sont à vocation plutôt généraliste avec un poids de 96% à partir de 2011, alors qu’avant cette date, cette part se situait à 81%. En fait, les professionnels expliquent cette situation par le manque de profondeur du marché marocain qui défavorise les fonds spécialisés. D’ailleurs, le taux de pénétration du capital investissement, bien qu’en amélioration de 4 points de base, à 0,08% du PIB, est encore loin du niveau des pays développés comme les Etats-Unis qui affiche un taux de 1%.
S’agissant de la répartition géographique, les professionnels notent une diversification depuis 2011. D’ailleurs, en 2013, la région du Grand Casablanca qui dominait 83% des investissements en 2010, a vu sa part se réduire en 2013 à 52%, et ce, au profit des autres régions à l’instar de Tanger-Tétouan et Rabat.
Le secteur promet des perspectives favorables en 2014
D’un autre côté, le secteur a totalisé 8 actes de désinvestissement en 2013, en baisse de 45% par rapport à l’année précédente, pour un montant de 81 MDH. Ce repli se justifie simplement par le timing des sorties de capital. Mme Billard explique ainsi que les désinvestissements répondent à des cycles et cette période n’est pas la bonne pour des sorties du capital surtout pour les fonds de 3e génération, dits fonds transrégionaux. En tout cas, le cumul des montants désinvestis ressort à 1,9 milliard de DH depuis 2006. Dans ces conditions, la performance réalisée par le capital investissement à fin 2013, mesurée par le taux de rendement interne moyen, s’est établi à 15%, soit un point de moins qu’en 2012, pour une durée moyenne d’investissement s’étalant sur 5,8 années. La performance est portée notamment par le capital développement dont le TRI moyen des 36 fonds sortis du capital s’est situé à 15%. La phase transmission qui, elle, a accumulé 6 désinvestissements, a permis d’afficher un TRI de 25%. En revanche, les 14 fonds sortant du capital des entreprises investis pendant la phase d’amorçage-risque ont perdu 15% en moyenne.
En tout cas, l’année 2014 présente des perspectives de développement favorables pour le capital investissement, car, selon un sondage réalisé par le cabinet Fidaroc Grand Thornton, 33% des sociétés de gestion de capital investissement comptent investir dans de nouvelles entreprises. Alors que 26% d’entre elles jugent prioritaire de lever de nouveaux fonds. Mieux encore, ces levées sont planifiées à hauteur de 17% au 1er semestre 2014 quand 28% sont prévues au 2e semestre. Par ailleurs, 17% des sociétés projettent d’investir dans l’agroalimentaire et 11% dans la distribution. Néanmoins, 50% des prévisions d’investissement vont vers les nouvelles technologies, l’énergie, les services, les BTP et la santé, et ce, à parts égales. Au final, 15% des sociétés interrogées tablent sur des sorties de capital d’ici à fin juin et 23% à compter du second semestre.