Argent
Bourse : les sociétés de financement en perte de vitesse
Les cours de la majorité d’entre elles ont baissé depuis le début de l’année.
Le relèvement du taux de la TVA sur la LOA en est la principale raison.
Les investisseurs craignent un tassement de leur activité en 2008.
Autres raisons du désintérêt des épargnants : la faiblesse du niveau des dividendes
distribués et le manque de liquidité.

Les sociétés de financement cotées en Bourse affichent une mauvaise mine. Elles ont enregistré, dans leur majorité, des contre-performances depuis le début de l’année. Leur indice sectoriel a accusé une baisse de 7,7% entre début janvier et le 24 mars 2008.
Salafin, dernière société de financement à avoir rejoint la cote en 2007, a en effet enregistré une baisse de 10,1%. Acred et Sofac ont pour leur part reculé de 24,3% et 10,5%. Quant à Eqdom, Taslif et Diac Salaf, elles affichent respectivement des variations de -7,4%, -6,3% et -1,8. Seule Maghrebail fait état d’une progression de 1,1%.
Pourtant, en 2007, la majorité de ces valeurs a réalisé de bonnes performances. Deux d’entre elles avaient même enregistré des progressions à trois chiffres, à savoir Taslif, avec +203%, et Acred, avec +159%. Qu’est-ce qui est à l’origine de ce retournement de tendance en 2008 ? Ces valeurs vont-elles continuer à chuter ?
Selon les analystes financiers de la place, l’élément principal qui explique cette situation est l’augmentation du taux de la TVA sur le leasing, qui est passé, depuis le 1er janvier 2008, de 10% à 20%. Ce relèvement a impacté négativement les cours des sociétés de financement cotées en Bourse. En effet, l’augmentation de la TVA a suscité des craintes chez les investisseurs. Ces derniers prévoient un tassement de l’activité de ces sociétés en 2008 car la LOA (location avec option d’achat), qui boostait depuis plusieurs années et jusqu’à fin 2007 leur chiffre d’affaires, ne présente plus aucun avantage pour les clients par rapport au crédit auto classique. Cette situation risque ainsi d’impacter négativement les résultats des sociétés de financement pour l’année 2008.
A cet élément s’ajoute le faible taux de distribution de dividendes. «Les institutionnels préfèrent investir dans les valeurs qui servent des dividendes importants, ce qui n’est pas le cas du secteur des sociétés de financement», explique un analyste financier de la société de Bourse Fynergie. En effet, au 24 mars 2008, les secteurs du crédit à la consommation et du leasing affichent respectivement des Dividend Yield au titre de l’année 2006 (rapport entre le dividende et le cours boursier) de 3,7% et de 4,8%, avec 1,5% pour Taslif, 2% pour Salafin et 3,2% pour Maroc Leasing. Alors que les secteurs des cimenteries et des assurances, par exemple, affichent respectivement des rapports de 7,5% et 5%.
Il faut noter également que les titres des sociétés de financement sont globalement peu liquides comparativement à d’autres valeurs de la cote, plombant de ce fait leur évolution boursière et ce, en dépit de leurs niveaux de valorisation qui demeurent moins élevés que celui du marché.
En effet, le secteur du crédit à la consommation affiche un PER (rapport entre le cours boursier de l’entreprise et son bénéfice par action) estimé en 2007 à 19,9 fois, et un PER prévisionnel pour 2008 de 16,7 fois. Le secteur du leasing traite quant à lui à des PER 2007 et 2008 de 13,1 fois et 12,6 fois les bénéfices, alors que ceux de la place boursière pour ces deux années sont de 25 fois et 23,4 fois les bénéfices. Mais le ratio de liquidité de ces deux secteurs demeure à un niveau bas. Il s’est établi, à fin 2007, à 38,8% contre 133,2% pour le secteur informatique et 50,5% pour le secteur des assurances.
D’un autre côté, le faible intérêt des investisseurs vis-à -vis de cette catégorie de valeurs est l’un des éléments qui ont causé leur tendance baissière. Les plus gros volumes des transactions sont enregistrés sur les valeurs bancaires, de l’immobilier, des télécommunications et les cimenteries. A fin décembre 2007, le volume de transaction enregistré par le secteur des sociétés de financement est en effet de 538 MDH contre 17 milliards pour les banques, 11 milliards pour l’immobilier, 5,4 milliards pour les télécommunications et 3,9 milliards pour les cimenteries. Il faut dire que le secteur des sociétés de financement est caractérisé par sa dispersion entre un grand nombre de petites sociétés, alors que la taille des entreprises joue un rôle important dans la décision d’investissement des boursicoteurs marocains.
Les acteurs l’ont d’ailleurs compris. Ainsi, un mouvement de concentration a été amorcé en 2004 (rachat de Crédor par Wafasalaf, notamment) et devrait se poursuivre avec l’acquisition annoncée de Salaf par Taslif et l’éventuelle reprise de Diac Salaf par un opérateur de renommée.
