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Argent

Bourse : les investisseurs plus confiants cette année

En 20 jours, le Masi a réalisé une hausse de 7,6%, soit deux points de plus que toute l’année 2014.
L’amélioration de la situation économique et la baisse des taux d’intérêt orientent les investisseurs vers le marché actions.
Les professionnels tablent sur une performance semestrielle variant de 10% à  15%.

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bourse casablanca 2015 01 26

Le marché boursier a enchaîné les hausses depuis le début de l’année. En 20 jours, le Masi a fait mieux que durant toute l’année 2014. Sa performance a atteint 7,6% le 20 janvier, alors qu’à la même période de l’année précédente, elle s’est limitée à 0,7%. La liquidité s’est également améliorée, en partie grâce aux opérations de «window dressing» (allers-retours pour marquer les cours des titres détenus en portefeuille). Le volume moyen quotidien du marché central est en forte progression par rapport à la même période de l’année précédente, de 200%, à 155 MDH. Toutefois, en comparaison avec les années fastes du marché, c’est-à-dire avant la crise de 2008, les échanges sont en recul de 50%. Ce qui revient à dire que le regain d’activité n’est pas encore complet et que le marché est porté en cette période par les transactions des investisseurs dans le cadre de la revue de leur stratégie de placement annuelle. Il n’empêche que selon certains professionnels, bien des particuliers qui avaient déserté le marché pendant la crise commencent à revenir, quoique timidement. D’ailleurs, des gestionnaires de fonds confirment la reprise des souscriptions au niveau des OPCVM actions.

En tout cas, la plupart des investisseurs institutionnels sont actuellement en train d’actualiser leur stratégie de placement annuelle, sur la base de l’évolution du marché boursier et des recommandations des analystes des sociétés de bourse. Mais l’on peut d’ores et déjà avoir un aperçu de leur perception du marché ainsi que de leurs intentions d’investissement.
En gros, les investisseurs sont plus confiants car la sortie de la crise de la bourse se confirme jour après jour. De plus, la situation économique se redresse progressivement (amélioration des finances extérieures, atténuation du déficit budgétaire, bonne campagne agricole…). Et dès lors que les institutionnels montrent un regain d’intérêt pour le marché actions, les particuliers suivent le mouvement et s’y repositionnent. Néanmoins, les étrangers, connus pour être le baromètre de la confiance ainsi que de l’attractivité du marché, ne marquent pas un retour visible.

Au-delà de l’effet qu’exerce l’amélioration du contexte global sur les décisions de placement des investisseurs, les produits de taux, concurrents directs des actions, n’attirent plus grand monde. En effet, les rendements obligataires ont fortement baissé en 2014 suite au redressement des finances publiques et à l’amélioration de la liquidité. Actuellement, les bons du Trésor à 5 ans proposent une rémunération de 3%, soit un niveau bien inférieur au taux de rendement moyen de la bourse qui atteint 4%. Cette situation rend le marché actions plus attrayant, d’autant plus que la tendance baissière des taux, qui a profité aux OPCVM obligataires l’année dernière (une baisse des taux augmente mécaniquement la valeur des anciens titres détenus en portefeuille), devrait s’estomper cette année.

Une croissance exagérée pour certains analystes

Cela dit, bien que plusieurs facteurs justifient cette progression du marché, celle-ci paraît tout de même exagérée pour certains professionnels. Un gestionnaire de fonds explique : «Le marché est en hausse rapide et elle n’est pas forcément justifiée. Au-delà de l’effet des arbitrages effectués par les investisseurs, il n’existe pas de base fondamentale solide qui pourrait expliquer ce niveau de performance en un temps aussi court. Les sociétés du secteur immobilier traversent une situation difficile, celles du secteur minier pâtissent toujours de la chute des cours des métaux précieux (notamment l’or et le cuivre) et les cimenteries attendent toujours la reprise des chantiers publics». Le marché demeure donc tiré à la hausse par une poignée de grandes capitalisations, en l’occurrence Maroc Telecom, Attijariwafa bank, la BCP, Addoha et Taqa. Les investisseurs placent une partie de leurs fonds notamment dans ces valeurs, non pas en raison de la croissance potentielle de leurs cours, mais surtout pour le rendement de dividendes qu’elles proposent.

Toujours est-il qu’un certain dynamisme est en train de naître sur le marché et il devrait se poursuivre, conforté par la poursuite de l’amélioration de la situation économique. Et bien des indicateurs devraient confirmer ce trend, selon Upline Securities. D’abord, l’abaissement du taux directeur à 2,5% devrait contribuer à relancer la distribution des crédits et, partant, la croissance économique. Soulignons à ce stade que BMCE Bank et la BCP ont déjà intégré cette diminution dans leur offre de crédits en faveur des PME/PMI. Ensuite, le recul des prix du pétrole devrait engendrer des économies d’exploitation pour certaines sociétés cotées. Enfin, la campagne agricole favorable qui s’annonce devrait donner un coup de pouce à la consommation interne. Ces éléments sont à même d’exercer un impact positif sur l’évolution des bénéfices des sociétés cotées au terme de l’exercice 2014 et en 2015. BMCE Capital table sur un retour de la croissance au titre de 2014, porté par l’orientation favorable de l’activité au niveau des principaux secteurs cotés dont notamment les banques, les assurances, le BTP et l’électricité.

En outre, les analystes s’attendent à une amélioration du niveau des transactions avec la concrétisation des opérations de retrait de la CGI de la cote et de la cession par la SNI de ses participations dans le capital de Cosumar et de la Centrale Laitière. Cela sans évoquer les tant attendues introductions en bourse de Marsa Maroc et Total Maroc qui devraient se réaliser au 1er trimestre de cette année. «Il est vrai que les investisseurs demeurent assez méfiants vu la tournure que prennent les IPO récemment. Mais la communauté des analystes est assez confiante, surtout que Marsa fait partie d’un nouveau secteur et devrait obéir à un business plan particulier», estime un analyste. Les investisseurs devraient donc braquer leurs projecteurs sur ces valeurs, parallèlement aux valeurs «classiques».
Vu ces pronostics, nombre d’institutionnels contactés comptent réduire leurs interventions sur le segment obligataire et privilégier le marché actions. «Une partie de notre portefeuille sera maintenue sur les produits de taux pour garantir un rendement sans risque et atténuer de ce fait sa volatilité», détaille un gérant de portefeuille d’une compagnie d’assurance. Et d’ajouter : «Nous comptons placer jusqu’à 30% de notre portefeuille en bourse, dans les titres des grandes capitalisations, non cycliques et qui promettent un rendement appréciable». Allusion faite aux secteurs bancaire, des assurances, de la distribution et des services.
Cela étant, la progression du marché devrait être ponctuée par des mouvements de prises de bénéfices et ce, pendant la période de publication des résultats annuels. Des mouvements qui devraient être initiés par des investisseurs redoutant un recul de la capacité bénéficiaire et préférant empocher les gains réalisés. Cela n’empêcherait pas le marché de reprendre sa tendance haussière, surtout si les réalisations annuelles ressortent en croissance et que toutes les hypothèses qui plaident pour une amélioration du contexte économique global se confirment. Toutes choses étant égales par ailleurs, les analystes contactés tablent sur une performance variant entre 10% à 15% à fin juin.