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Bourse : Les investisseurs étrangers maintiennent leur position

La gestion de la pandémie a renforcé leur perception dans la résilience du pays aux chocs. Certains investisseurs restent attentifs à la liquidité, la taille du marché et à l’equity story. D’autres procèdent autrement.

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La stabilité est l’un des points forts du marché financier marocain. C’est ce qui ressort de la 9e édition de la One on One Equity Conference, organisée à Marrakech le 7 octobre. La crise sanitaire a davantage renforcé cette perception, par rapport à d’autres marchés où la volatilité a été forte. Cela est expliqué par le top management de CFG Bank, par la capacité dont a fait preuve le pays dans sa gestion de la crise sanitaire, qui s’est soldée par la bonne campagne de vaccination, la non-perturbation des chaînes d’approvisionnement, la maitrise des prix, la reprise graduelle des activités économiques… Cela dit, avec le déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, la part des investisseurs étrangers dans la capitalisation boursière flottante a baissé à 7% (14 milliards de DH) contre 8,7% en 2017, selon l’AMMC. Il reste que ce poids est le fait d’un exit de ces investisseurs de pays frontaliers à haut risque.
«La part du Maroc n’a pas bougé», a rassuré Souad Belbachir, directrice générale de CFG Bank. Cela tient à la solidité de l’épargne institutionnelle mise dans le marché actions marocain, mais également au taux d’inflation qui reste de loin inférieur à celui d’autres pays frontaliers. D’autres critères sont pris en compte, comme la stabilité de la monnaie nationale, la possibilité de sortie des devises… Les investisseurs restent attentifs également à la liquidité, à la taille du marché et à l’equity story des sociétés cotées.
Certains ne s’intéressent pas à ces critères techniques. Paul Girault, fund manager à la société de gestion française HMG Finance, gérant, entre autres, le fonds HMG Globetrotter, incluant une trentaine de pays dans l’Amérique Latine, l’Afrique et l’Asie explique : «Notre stratégie de placement ne se base pas sur la liquidité, mais plutôt sur la valeur d’actifs d’une société cotée. Il s’agit donc de procéder à une sélection par société et d’évaluer la taille du bilan, de l’endettement, des capitaux propres…, pour ensuite analyser son activité et ses perspectives de croissance». Une stratégie bottom-up qui, selon lui, offre une protection du placement contre les autres produits comme les obligations ou les devises. Notre interlocuteur fait allusion à Risma, Boissons du Maroc, Auto Hall… Mais, en amont, il tient à souligner la stabilité du pays. Il illustre : «Nous ne pouvons investir dans certains autres marchés africains, du fait de leur manque de stabilité et ce, quelle que soit la qualité de la valeur cotée, ou son potentiel de croissance».
Ouissem Berbouchi, président d’Obafrica asset management, spécialiste des marchés boursiers africains, dont 25% de l’actif est placé au Maroc, dispose d’un canevas de critères qui commence par les small&mid caps. Il met l’accent dans sa sélection sur la qualité de l’équipe dirigeante, la croissance, la création de valeur et la RSE. A cela s’ajoutent d’autres conditions macroéconomiques dont surtout le degré de volatilité de la monnaie du pays à investir. Le Maroc est bien classé sur ce point, contrairement à l’Egypte dont la monnaie a chuté. Ainsi, un repositionnement dans ce pays s’avère compliqué, malgré qu’il dispose d’un environnement régional attractif, d’une classe moyenne représentant 40% de la population et de fondamentaux intéressants à long terme, a connu une chute de sa monnaie. Notre gestionnaire jette son dévolu sur les secteurs de l’agroalimentaire, de la distribution, de la production de biens durables et sur l’assurance. Parmi les valeurs marocaines qui retiennent son attention : Risma, Lesieur, Salafin, Wafa assurance et Marsa Maroc… Pour finir, la quarantaine d’investisseurs étrangers présents à l’évènement sont intéressés par les possibilités de placement dans le marché actions marocain. Reste à développer la liquidité du marché, sa valorisation mais aussi cette catégorie de petits porteurs que la bourse peine à faire émerger.

Trois variables à développer

Younes Benjelloun, administrateur directeur général de CFG Bank, énumère trois facteurs essentiels en vue de capter davantage d’investisseurs étrangers. «Le 1er concerne la sortie du Maroc de la zone grise du Gafi». Pour rappel, Abdellatif Jouahri a rassuré sur les efforts déployés par le Maroc, suite à une réunion tenue en Tanzanie avec le Gafi. Une autre sera organisée le 19 octobre prochain pour décider d’une éventuelle sortie du Maroc de cette zone.
En 2e lieu, le pays devra fournir des efforts pour retrouver son investment grade qu’il a perdu en 2020 par Fitch Rating et en cette année par S&P, en raison des effets de la pandémie sur la croissance, la détérioration budgétaire et le niveau de la dette publique. Le dernier point réside dans la réintégration du MSCI Emerging market, que le Maroc a perdu depuis 2013. Le Maroc y est bien placé certes, mais M.Benjelloun souligne que la visibilité du Maroc serait plus claire pour les investisseurs étrangers, s’il arrive à regagner sa place dans le classement des marchés émergents.