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Bourse : le PLF 2020 orientera le MASI d’ici la fin de l’année
Un effet yo-yo du Masi assimilé au manque de confiance des opérateurs. Les analystes s’attendent à un dividende en hausse en 2019. Le Masi pourrait boucler l’année sur une performance de 10%.
Le MASI évolue en dents de scie depuis le début de l’année. Après une année 2018 plate marquée par une baisse d’environ 8%, l’indice peine clairement à se maintenir en territoire positif. Depuis le début de l’année, il a affiché un plus bas de 10 912 points et un plus haut de 11 796 points. A l’heure où nous mettions sous presse (le 8/10), sa performance year-to-date est de seulement 0,2%. Cette évolution traduit clairement une hésitation de la part des investisseurs, qui a fait passer le baromètre de la place par 4 phases distinctes (cf. graphe).
Une première phase étendue sur les 2 premiers mois de l’année en cours, où le MASI a franchi la barre des 11 500 points. Cette période a été marquée par une belle progression de 9% du titre Maroc Telecom dont le poids est de 20% dans la capitalisation flottante totale du marché. L’ascension du titre a permis au marché de reprendre des couleurs le temps de 36 séances, avant de déchanter dès l’annonce des premiers résultats annuels des entreprises cotées. Rappelons que par rapport à 2017, la masse bénéficiaire globale a reculé de 8,1% à fin 2018.
Durant la deuxième phase, le marché se ressaisit et une tendance haussière se dessine, grâce principalement aux secteurs bancaire et des matériaux de construction qui épongent le déficit year-to-date de la phase d’avant. Le moral des investisseurs est au beau fixe. Ils sont désormais optimistes grâce aux bons résultats annuels des banques et à la note de conjoncture industrielle prometteuse de Bank Al-Maghrib sur les industriels qui notent une hausse de la production et des commandes.
Trois valeurs du secteur bancaire se sont démarquées durant cette phase en enregistrant des performances positives. Il s’agit d’Attijariwafa bank (6,2%), BMCE (6,1%) et CIH (6,8%). Dans le secteur des matériaux de construction, ce sont les titres de Ciments du Maroc (8%) et LafargeHolcim Maroc (11,8%) qui ont cartonné.
Maroc Telecom : le catalyseur du marché cette année
Durant la 3e phase, la dernière du premier semestre, c’est l’OPV du titre IAM qui a exclusivement animé le marché. Avant sa suspension, le titre a ramené le Masi vers son plus bas depuis deux mois à 10 963 points. Mais une fois que la cotation du titre a repris, il a déclenché une ascension qui a permis au MASI d’atteindre son plus haut semestriel à 11507 points. Cet engouement pour le titre IAM a été principalement motivé par le prix attractif de l’OPV.
L’autre bonne nouvelle qui a dynamisé le marché à compter du mois de juin est la décision visant à accroître les ratios prudentiels des OPCVM de 15 à 20%. Le marché a donc connu une accélération haussière purement technique portée par les deux grandes capitalisations de la cote : Maroc Telecom et Attijariwafa bank, qui ont affiché respectivement des performances cumulées de 12,1% et de 9,1% sur la période juin-août et ce, en raison du relèvement de leurs pondérations dans les fonds Actions. À cet effet, les nouvelles implémentations de la part des gérants locaux ont généré une forte demande envers ces deux titres sur le marché. Cette dynamique s’est reflétée sur le rythme des échanges avec un quasi-doublement du volume moyen quotidien, passant de 82 MDH au 1er trimestre à 158 MDH au deuxième.
L’engouement des investisseurs est désormais rompu
Aujourd’hui, le marché est dans une 4e phase entamée depuis le mois de septembre qui a marqué la fin de la reprise technique du marché. En l’espace de 20 séances de cotation, l’indice a perdu 3%. La place a continué de jouer au yo-yo avec des indices qui affichent des contre-performances de -1,3% à 11 561,7 points pour le MASI et à 9 415,8 points pour le MADEX au titre du mois de septembre.
Encore une fois, les investisseurs n’ont plus le moral depuis la confirmation du profil fragile de la croissance de l’économie et au repli des profits semestriels des sociétés cotées de 3,9%. Cette situation confirme clairement la rupture avec les niveaux de croissance élevés observés durant la période 2016-2017 et réduire ainsi l’attrait des actions.
Cette légère baisse de la masse bénéficiaire est tout de même loin d’être alarmante. Elle serait même à relativiser, à en croire les analystes d’Attijari Intermédiation qui retiennent deux messages clés par rapport aux résultats semestriels. «Primo, la baisse des bénéfices ne reflète pas la progression du résultat opérationnel agrégé qui croît de +1,7% et ce, en dépit des efforts d’investissement déployés par les sociétés cotées. Ainsi, l’impact fiscal a coûté environ 480 MDH, soit -2,9 points de croissance. Ce montant concerne le coût de la cohésion sociale, le redressement fiscal du groupe Cosumar et l’annulation de l’abattement fiscal de Total Maroc accordé lors de son IPO en 2015.
Deuxio, la capacité de distribution des sociétés cotées ne devrait pas être impactée par cette baisse des profits. Selon nos estimations, le dividende devrait afficher une hausse de 1,3% en 2019 à 22,3 milliards de DH soutenue par la bonne tenue des indicateurs opérationnels et la solidité des bilans des grandes capitalisations».
Quelle trajectoire pour le MASI d’ici la fin de l’année ?
Nous avons posé la question à quelques analystes de la place. Pour eux, au vu de l’orientation globale des résultats au 1er semestre et des perspectives pour le reste de l’année, une tendance haussière est envisageable. Cette hausse dépendra cependant des stimulus qui pourraient figurer dans la Loi de finances 2020. Des stimulus en relation avec le secteur immobilier, des incitations fiscales… Bref, tout ce qui est susceptible d’encourager, de stimuler l’économie et d’instaurer un climat de confiance. «Si les investisseurs pressentent que 2020 sera meilleure en termes de perspectives, de visibilité et de profitabilité des sociétés cotées, ils se mettront naturellement en position d’achat, avant la fin de l’année en cours», affirme un analyste.
Dans ces conditions, le MASI pourrait réaliser une performance annuelle maximum de 10%. En l’absence de stimulus, et c’est le scénario le plus probable selon certains opérateurs, l’indice pourrait boucler l’année sur une évolution entre 0% et 5%. Si un scénario pessimiste est peu envisageable, on ne peut l’écarter au cas où une rumeur qui circule sur le marché depuis quelque temps s’avère vraie. Elle suppose la possibilité d’une imposition à hauteur de 39% des monopoles, au même titre que les groupes bancaires. «Ces monopoles sont les plus grandes capitalisations de la place : si l’on taxe Cosumar TAQA Morocco, Marsa Maroc… c’est la capacité bénéficiaire de toute la cote qui prendra un coup. Le marché aura nettement moins de potentiel, il sera moins attractif, les investisseurs vont se retirer et l’indice va s’effondrer», s’alarme un autre analyste.
En attendant les grandes lignes du PLF 2020, tout le marché retient son souffle.
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[tab title= »Volumétrie : la cherté et le manque de liquidité du marché pèsent ! » id= » »]Selon l’analyse de CDG Capital Research de la volumétrie depuis le début de l’année, les investisseurs demeurent méfiants dans un marché peu liquide et cher. Au 1er semestre, le
volume échangé ressort à 14,7 milliards de DH, contre 18,9 milliards de DH courant la même période de l’année 2018, pour un PER moyen de 17,8x. En plus des volumes domestiques en baisse, le premier trimestre a également enregistré une sortie nette de fonds étrangère de 1,784 milliard de DH. Parmi les investisseurs marocains, les investisseurs institutionnels et les OPCVM affichent des positions nettes acheteuses de l’ordre respectivement de 1,763 milliard de DH et 99MDH.
Par ailleurs, face au manque de liquidité sur le marché et la baisse des prix du pétrole, les investisseurs s’accrochent au secteur financier et aux valeurs défensives des deux secteurs industrie et télécoms. Ainsi, les titres d’Attijariwafa bank (4,06milliards de DH), IAM (2,05milliards de DH), BCP (1,15 milliard de DH), Cosumar(749,8 MDH) et Marsa Maroc (721,8 MDH) ont attiré les plus grands volumes transactionnels au cours du semestre.[/tab]
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