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Argent

Bourse de Casablanca : oui, mais…

Eric Le Blan
Directeur, chargé des marchés de capitaux pour le Moyen-Orient et
l’Afrique du Nord chez Merchantbridge, Londres

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Qu’est-ce qui manque au marché financier marocain pour attirer les investisseurs étrangers ? Quels sont ses atouts ?
La Bourse de Casablanca dispose d’atouts incontestables et d’un potentiel certain et c’est d’ailleurs pour cela que nous sommes aujourd’hui au Maroc.
– Tout d’abord, elle a fait un effort consistant depuis quelques années dont une analyse approfondie de ses problèmes actuels. Elle met en place des outils afin de relever un certain nombre de défis et elle est actuellement en train de tracer son futur parcours.
– La Bourse de Casablanca dispose de systèmes de règlement et de cotation aux normes internationales. L’investisseur étranger peut donc avoir confiance car ses intérêts seront protégés ; la transaction souhaitée aura lieu et l’inscription en compte sera effective.
– Le Maroc dispose d’un système bancaire de premier plan.
– L’information financière est disponible sur le site de la Bourse de Casablanca et sur d’autres sites officiels.
– L’opération de privatisation d’Altadis en est un exemple parlant qu’il faut capitaliser.
– L’épargne potentielle est intéressante, mais elle est mal dirigée. Il faut tenter de la drainer vers le marché boursier.
Par contre, ce qui manque au marché financier marocain c’est :
– La confiance des investisseurs locaux ;
– Une masse plus importante de petits porteurs ;
– Une liquidité plus large ; je tiens cependant à nuancer car l’analyse des volumes montre qu’il y a des pics de liquidité ce qui signifie que le marché dispose de certains outils et procédures qui lui permettent de réaliser des opérations de taille importante sans qu’il soit perturbé ;
– Et enfin, une réglementation plus adaptée au contexte ; il ne faut pas oublier que la réglementation est toujours porteuse de risque.
Je cite à titre d’exemple, l’exonération de l’imposition des plus- values. Comme chacun le sait, elle est suspendue pour 4 ans. Cette disposition encourage les gens à raisonner à court plutôt qu’à long terme.
Les investisseurs étrangers doivent savoir qu’ils peuvent à tout moment sortir du marché ; il faut donc mettre en place les ingrédients pour attirer et garder l’investisseur professionnel.

Merchantbridge constitue, selon vous, un pont entre les pays de la zone MENA et les pays occidentaux. Comment intervenez-vous au Maroc ?
Nous faisons un pont dans les deux sens, en introduisant les investissements occidentaux et ceux du Golfe dans les pays d’Afrique du Nord et, d’un autre côté, nous soutenons les entreprises locales. Dans le premier cas, il s’agit d’une levée de fonds pure et dans le second il s’agit de formules de partenariat. Merchantbridge ne contribue pas actuellement à l’essor du marché boursier marocain, ce qui n’exclut pas cette option à l’avenir ; nous réalisons aujourd’hui des investissements directs au Maroc.

Si vous deviez recommander un pays de la région, lequel choisiriez-vous et pour quelle raison ?
Si nous faisons une étude comparative entre le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et l’Egypte, on constate que le marché égyptien a été très en vogue à une certaine période puisqu’il représentait le premier marché des investisseurs étrangers en Afrique du Nord. Mais ces derniers ont subi des pertes importantes, il y a donc aujourd’hui une réticence à investir en Egypte. La Libye, on ne peut pas y toucher. L’Algérie demande une étude approfondie, nous sommes conscients qu’elle comporte de nombreux risques. Il reste donc la Tunisie et le Maroc.
Pour ces deux pays faisons une étude qualitative suivie par une analyse quantitative.
Concernant l’aspect qualitatif, la Tunisie dispose d’une capitalisation boursière de 5 milliards de dollars contre 10 milliards pour le Maroc, donc par défaut je choisis le Maroc. Du point de vue quantitatif, le Maroc est un pays où il existe de gros projets d’infrastructures (port de Tanger Atlantique…), la gestion des sociétés marocaines est bonne, il existe de belles histoires à raconter et enfin une volonté politique du gouvernement actuel de libéraliser son économie et de développer le secteur privé