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Bourse de casablanca : les secteurs sur lesquels il faut miser en 2013
Les analystes privilégient les secteurs dont le potentiel de croissance est encore intéressant. Misez sur l’immobilier, l’agroalimentaire et les mines vu les perspectives
de croissance.

Une autre année baissière vient de s’achever à la Bourse de Casablanca, avec un indice général qui a dévissé de 15% et des volumes qui ont chuté de moitié. Les professionnels du marché, analystes comme traders, tentent tant bien que mal de tourner la page et se préparent pour attaquer l’année en cours, notamment en guidant les investisseurs vers les meilleures opportunités de placement en Bourse. Sauf que le désengagement de bon nombre de ces investisseurs du marché, notamment les institutionnels et la conjoncture économique nationale difficile, rend la tâche compliquée pour les sociétés de bourse. Conséquence : le manque de visibilité persiste et devrait perdurer au moins jusqu’au deuxième semestre.
Dans ce contexte, la place est divisée entre des analystes qui prônent l’attentisme et d’autres qui considèrent que la cote regorge d’opportunités d’investissement. Car, rappelons-le, une tendance baissière est avantageuse pour certaines valeurs puisqu’elle permet de se positionner à des cours intéressants et de revendre au moment où le marché aurait repris des couleurs. Ces analystes, relativement optimistes, ont d’ores et déjà établi leurs perspectives d’évolution de certains secteurs de la cote, qui, selon eux, présentent désormais d’intéressantes opportunités de placement.
Le déficit en logements offre de belles perspectives aux promoteurs cotés
Les sociétés de bourse contactées évoquent dans leur grande majorité la solidité des secteurs de l’immobilier, des télécoms, des mines et de l’agroalimentaire. Elles gardent en même temps une opinion réservée par rapport au secteur bancaire, informatique et des cimenteries (voir encadré).
En effet, le secteur immobilier devrait profiter de la poursuite du programme «Villes sans bidonvilles» lancé par le gouvernement en 2004, portant sur 83 villes et qui devrait s’achever en 2013. De même, le déficit persistant en logements au Maroc, estimé actuellement à plus de 800 000 unités, le projet de construction de 15 villes nouvelles à l’horizon 2020, dont 4 en cours de réalisation actuellement, et, dans une moindre mesure (leur pertinence reste à prouver), les dispositions de la Loi de finances 2013 en vue d’encourager les promoteurs à s’orienter vers le logement pour la classe moyenne, devraient doper les revenus des promoteurs et attirer par la même occasion les investisseurs en quête d’opportunités sur le marché boursier. De plus, le secteur s’est bien comporté au premier semestre de 2012 : 12,4% de croissance du chiffre d’affaires, à 6 milliards de DH, et 14,7% de hausse du bénéfice sectoriel, à 832,8 MDH.
Par ailleurs, le secteur développe d’autres relais de croissance, notamment en Afrique subsaharienne. Dans ce cadre, Addoha s’est engagée à construire 2 600 logements en Côte d’Ivoire sans parler des deux projets de 2 000 logements au Gabon et au Burkina Faso. Profitant du potentiel de croissance dans ces pays, Alliances s’est également engagée dans un projet de production de 7 000 logements en Côte d’Ivoire. En plus de la stratégie prônée par ce dernier orientée vers les segments résidentiel et tertiaire, notamment sur l’axe Rabat-Casa et la construction par la CGI de la nouvelle ville Charafat à 18 km de Tanger, les analystes se montrent optimistes quant à l’évolution de ce secteur.
Néanmoins, même si les perspectives d’évolution sont favorables, certains analystes se montrent sceptiques par rapport à Alliances et CGI. Pour la première, «les investissements lancés et l’ambition de faire passer la production de logements sociaux de 5 000 à 15 000 unités affectera probablement les marges dégagées au vu de l’importance du cash nécessaire à la réalisation de ces projets», estime un professionnel du marché. La deuxième, elle, continue de traiter à des niveaux de valorisation élevés (un PER de 28 estimé en 2012) par rapport au marché, ce qui limite le potentiel de croissance de son cours en bourse.
Maroc Telecom présente toujours le taux de rendement le plus attractif de la cote
Malgré des résultats en baisse, le secteur des télécoms est toujours choyé par les analystes. Et pour cause, la seule société présentant le secteur est très peu endettée et affiche une bonne solidité financière. De plus, l’exacerbation de la concurrence sur le marché national serait compensée par la montée en puissance des filiales africaines dont la contribution aux revenus du groupe est sans cesse croissante.
Sur le plan opérationnel, l’opérateur devrait connaître une amélioration de ses marges suite à la non-récurrence du programme de départ volontaire d’un montant de 800 MDH, soit près de 10% du résultat net part du groupe. Parallèlement, cela aura un effet de base favorable puisqu’il contribuera à réduire les charges salariales du groupe.
Par ailleurs, la cession de Vivendi de ses parts dans Maroc Telecom profitera doublement à ce dernier. D’une part, l’opération estimée à 5,5 milliards d’euros, soit à un cours de cession aux alentours de 130 DH ne manquera pas de booster le cours boursier de la valeur.
Bonnes perspectives pour Centrale Laitière, Lesieur et Brasseries du Maroc
D’autre part, le groupe devrait profiter des synergies opérationnelles et de l’expertise technique du prochain actionnaire, surtout que les prétendants sont des opérateurs télécoms par excellence, contrairement à Vivendi dont l’activité n’est pas centrée sur le secteur. Du côté de la valorisation, le titre dispose de ratios parmi les meilleurs de la place, avec un PER de 11,6 et un taux de rendement des dividendes de 8,5%.
Le secteur agroalimentaire n’est pas en reste. Habituellement recommandé à l’achat vu sa nature défensive en période de crise, ce secteur demeurera toujours attractif aux yeux des analystes. En effet, «la consommation des biens basiques se poursuit même dans un contexte de crise, ce qui nous pousse à considérer les titres du secteur comme valeurs de fond de portefeuille», explique un analyste. Qui plus est, le rendement de dividende du secteur figure parmi les plus intéressants avec un taux de 4,3% en 2012.
D’abord, la campagne agricole s’annonce prometteuse au vu de la pluviométrie dont dépend le secteur. Dans ce contexte, Centrale Laitière devrait améliorer sa production de lait, surtout avec le renforcement de sa nouvelle ferme laitière «Lait Plus». La société pourrait ainsi, selon les analystes, regagner des parts de marché suite à l’essoufflement de l’activité de ses principaux concurrents, à savoir Copag et Jaouda.
Lesieur, pour sa part, est appelée à réduire ses importations des huiles de graines grâce à l’adoption d’un projet d’agrégateur de la production du colza et du tournesol. D’autant plus que la flambée des matières premières n’a pas réduit les marges de l’industriel puisque ce dernier a réussi à répercuter la hausse des cours sur les prix de vente.
Brasseries du Maroc, quant à elle, enregistrerait une croissance intéressante en raison de l’absorption complète en 2012 des effets de l’augmentation de la TIC sur les boissons alcoolisées et du glissement progressif de Ramadan et Chaabane hors de la période estivale, qui enregistre le pic de la consommation de ces boissons.
Enfin, l’année 2013 devrait être profitable également pour le secteur minier. Les analystes évoquent l’amélioration de la contribution des filiales internationales au chiffre d’affaires de Managem. Il s’agit notamment de la mine Bakoudou au Gabon qui compte doubler sa capacité de production d’or de 50 kg par mois à 100 kg. D’un autre côté, Managem et sa filiale SMI devraient clôturer la dernière année des couvertures défavorables sur les métaux et bénéficier d’une couverture optimale. En outre, la non-récurrence des mouvements sociaux pour SMI, couplée à l’élaboration d’un nouveau code minier limitant le champ et la taille des permis miniers, devrait porter la production du secteur à des niveaux jugés corrects.
