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Bourse de Casablanca : Ces actions qui montent dans un marché en crise

23 valeurs sur les 76 de la cote affichent des performances appréciables qui vont jusqu’à  50%. Ce sont les titres des secteurs agroalimentaire, minier et informatique qui
se démarquent le plus.

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boursie en crise 2013 03 26

La Bourse de Casablanca continue d’essuyer des pertes en ce début d’année en raison d’un contexte économique morose et d’un manque de visibilité des opérateurs du marché. En date du 18 mars, le Masi affichait une contre-performance annuelle de 5,37% contre une progression de 1,3% à la même date une année auparavant. Les volumes s’inscrivent également en retrait par rapport à l’année dernière. Ils se sont établis à 4,8 milliards de DH sur le marché central, en recul de 2,6% sachant que 2012 était également une année baissière en terme de volume.
Cependant, dans ce marché baissier, certaines valeurs ont pu se maintenir et réaliser des progressions intéressantes depuis le début de l’année. En effet, sur les 76 actions que compte la cote, 23 d’entre elles ont enregistré des performances appréciables et deux autres ont clôturé la séance du 18 mars avec un surplace.

Parmi ces 23 valeurs, on trouve dans l’agroalimentaire Oulmès avec 13,7% de hausse, Brasseries du Maroc avec 7,2%, Centrale Laitière avec 5,7% et Unimer avec 4,7%. Le secteur de la distribution compte à son actif Stokvis Nord Afrique avec une performance de 30,4%, Auto Hall avec une hausse de 2% et Label’Vie qui a fait du surplace. Parmi les minières, on trouve CMT et SMI avec des variations dans l’ordre de 16,2% et de 9,8%. Le secteur technologique n’est pas en reste, puisque Microdata, S2M, Disway et Involys ont marqué des performances de 12,8%, 6,4%, 2,4% et 0,4%. Les sociétés de financement sont également présentes dans le palmarès avec Sofac (+35%) et Salafin qui reste stable, au même titre que les transporteurs qui comptent CTM avec 8,3% de hausse et Timar avec 3,2%. Par ailleurs, on trouve des valeurs comme DLM avec 51%, Promopharm avec 1,1%, la Snep avec 7,4%, Maroc Telecom avec 0,5%, Jet Alu avec 3,4% et BMCE Bank avec 1,3%.

Les fondamentaux de plus en plus pris en compte dans les décisions de placement

Au regard de ces performances, il y a lieu de s’interroger sur les raisons derrière le maintien du cours de ces valeurs sur un territoire positif. S’agit-il d’un simple rebond technique ou d’une hausse économiquement fondée ?
Les analystes contactés affirment que dans ce contexte de crise, les investisseurs long-termistes se basent de plus en plus sur les fondamentaux des sociétés cotées pour orienter leurs placements. Autrement dit, ces investisseurs ciblent les valeurs qui affichent des ratios intéressants, notamment le PER prévisionnel (rapport entre le cours et le bénéfice par action estimé) et le dividend yield prévisionnel (rapport entre le dividende à distribuer et le cours de l’action). Les prévisions d’évolution des actions, basées notamment sur les perspectives d’activité et de résultat des sociétés, sont également prises en compte dans les décisions de placement.
C’est d’ailleurs pour cette raison que les investisseurs ont par exemple misé sur la valeur Jet Alu (+3,4%) au moment où les autres valeurs du secteur sont en baisse début de l’année. Ceci s’explique par le bon comportement des activités de la société, surtout avec ses récentes acquisitions, à savoir Leblanc, entreprise française spécialisée dans les travaux de menuiserie aluminium et de façades et la société Bétons fibres architectoniques (Bearch). Sans oublier la bonne tenue de ses bénéfices au premier semestre (+70% à 37,7 MDH).

Pour sa part, le secteur agroalimentaire est connu pour sa nature anticyclique. Autrement dit, les investisseurs orientent leurs placements vers les valeurs de ce compartiment «puisque même en période de retournement de tendance, la consommation des produits de première nécessité ne baisse pas», explique un analyste de la place. Certes, cette explication n’est pas valable pour toutes les valeurs du secteur, mais elle l’est par exemple pour des titres comme Unimer (conserves), Oulmès (eaux) et Centrale Laitière. L’évolution du cours de cette dernière société s’explique également par la dernière opération de cession de la société mère SNI à Danone. D’autant plus qu’une offre publique de retrait est attendue prochainement à un cours offrant une décote intéressante. Du coup, les investisseurs se ruent sur la valeur, ce qui ne manque pas de booster son cours.

Malgré sa cherté avec un PER de 19 contre 15 pour le marché, Brasseries du Maroc demeure une valeur intéressante qui a enregistré une performance de plus de 7% et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, la société a pu absorber les effets du relèvement de la TIC sur ses résultats à travers les augmentations de prix. Ensuite, elle détient la plus grosse part de marché à travers ses différentes marques fabriquées localement et importées, ce qui lui offre des perspectives de développement prometteuses, sachant que la consommation nationale des boissons alcoolisées se maintient sur un trend haussier.

CMT et SMI renversent la tendance baissière de 2012

De leur côté, Oulmès et Unimer sont soutenues par des réalisations semestrielles positives (résultat en hausse de 125% et 45% au premier semestre) et par des anticipations favorables au titre de l’exercice 2012.
Les minières, CMT et SMI notamment, ont tiré profit de l’évolution favorable du cours des métaux à l’international, à savoir l’or et l’argent, ainsi que de l’optimisation des couvertures de change pour améliorer leurs réalisations financières. En outre, en dépit du cours élevé de la SMI, les analystes prévoient de bonnes perspectives pour la valeur avec des cours cibles offrant un bon potentiel de croissance.

Dans le secteur informatique, Microdata et Disway ont réalisé des performances annuelles favorables. Au delà de l’amélioration du bénéfice de Disway à fin 2012 de près de 20%, à 31 MDH, les deux titres sont considérés comme des valeurs de rendement vu le taux de rendement de dividendes de la place. Le dividend yield estimé de la première se situe à 10% alors qu’il est de 9,2% pour la seconde, soit les meilleurs rendements de la place.
Contre toute attente, la Snep se trouve également parmi les valeurs affichant une variation positive depuis le début de l’année et ce, malgré la publication d’un profit warning sur ses résultats de l’exercice 2012. En fait, les analystes estiment que le cours de la société a déjà largement baissé l’année dernière. De plus, avec la mise en œuvre de mesures antidumping sur les importations de PVC, les investisseurs s’attendent à ce que les indicateurs de l’industriel se redressent dans les années à venir et se sont, du coup, repositionnés sur la valeur.

Mine de rien, le marché réagit bel et bien aux publications des résultats des sociétés et finit par tenir compte de leurs fondamentaux. Même si les investisseurs attendent toujours des mesures fiscales plus incitatives, des introductions en Bourse de taille et de dispositions techniques plus souples, ils sont tout de même en quête d’opportunités de placement et orientent leurs liquidités vers les valeurs présentant un bon potentiel de croissance. Sauf que l’ampleur de la variation des cours diffère d’une valeur à une autre dépendamment de ses réalisations, du degré de conformité avec ses prévisions et de la confiance des investisseurs.