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Bourse : ces petites valeurs qui ont du mal à séduire…

Plusieurs d’entre elles affichent de bons fondamentaux et ratios boursiers. Les institutionnels s’y intéressent, les particuliers les trouvent risquées. Illiquidité, manque de communication des émetteurs et rareté des recommandations des analystes, autant de facteurs qui ne servent pas ces valeurs.

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La Bourse de Casablanca1

Sur les 75 valeurs inscrites à la cote de Casablanca, seule une dizaine de grosses capitalisations crée la dynamique du marché et donc sa tendance. Tout le reste est constitué de valeurs de moyenne (mid caps) et de petite taille (small caps). Le flottant en bourse de cette dernière catégorie ne pèse qu’un peu plus de 3% de la capitalisation flottante globale, soit environ 8 millions d’actions sur un total de 252 millions. Des valeurs jugées très peu liquides et ayant du mal à trouver leur place dans un marché à la base marqué par un manque de liquidité. Elles retiennent donc moins l’attention du grand nombre que les grosses capitalisations.

Pourtant ces petites valeurs ont généralement de bons fondamentaux, notamment en termes de croissance bénéficiaire et de dividende. Promopharm, par exemple, a distribué cette année 169 DH de dividendes pour une action qui vaut 1 120 DH. Agma Lahlou Tazi a, pour sa part, distribué 205 DH par action, soit un dividend yield de 8,1%. De son côté, Auto Nejma a fait croître son bénéfice net de 31% au premier semestre, au moment où Nexans a dégagé un résultat en hausse de 37%. En termes de croissance des cours aussi, certaines petites valeurs se distinguent. C’est le cas de Dari Couspate qui affiche une performance depuis le début de l’année de près de 70%, ou encore SRM dont le cours a progressé de 62%.

Pourquoi ces valeurs n’intéressent pas tellement les investisseurs ? En fait, ce sont surtout les petits porteurs qui ne semblent plus disposés à investir dans cette catégorie d’actifs. En plus de la faible liquidité qui les caractérise, les personnes physiques préfèrent investir dans des sociétés moins risquées, sachant qu’elles avaient perdu beaucoup d’argent par le passé sur les petites valeurs (Stroc Industries, Med Paper, etc.). En outre, «les personnes physiques n’ont pas une force de frappe financière suffisante», confie un opérateur du marché. Autrement dit, elles ne peuvent miser sur plusieurs sociétés, dont celles de petite taille, contrairement par exemple aux gros investisseurs qui, en plus, sont soumis à des règles de diversification. De plus, les particuliers agissent souvent «au feeling» en suivant la tendance du marché et ne procèdent pas à une analyse économique et technique avant d’investir.

D’autres paramètres accentuent le désamour du marché envers ces valeurs. «La plupart des small caps communiquent mal et pas assez !», répondent à l’unanimité les analystes approchés. Sans tomber dans l’exagération, il y en a même qui ignorent tout sur l’activité de certaines entreprises. Par conséquent, les recherches dédiées à ces entreprises demeurent peu nombreuses pour ne pas dire inexistantes. Le directeur du département d’analyse et recherche d’une société de bourse de la place pointe également du doigt le manque d’effectif en analystes financiers dans les sociétés de bourse de la place. Une société de bourse dispose d’un nombre maximal de 5 ou 6 analystes qui ne peuvent couvrir toutes les valeurs de la place. Un arbitrage s’impose et penche naturellement vers les grandes capitalisations.

Des flottants loin d’être représentatifs

Par ailleurs, le flottant apparent de ces entreprises est loin d’être représentatif. Il est encore plus faible en réalité, plombant les volumes de transactions. En effet, les institutionnels peuvent détenir des parts importantes du capital d’une société sans faire des déclarations de franchissement de seuil. Par exemple, une société de gestion peut acheter 10% du capital d’une small cap dont le flottant est de 20% qu’elle va dispatcher entre plusieurs fonds. Le flottant réel de la société n’est donc que de 10%, ce qui rend la valeur encore plus rare sur le marché. Surtout que les détenteurs de ces parts gardent longtemps ces valeurs pour bénéficier des dividendes. Notons cependant que ce cas de figure est également valable pour les grosses capitalisations.

Malgré tous ces inconvénients, certaines petites capitalisations séduisent les institutionnels, notamment les compagnies d’assurance et les sociétés de gestion OPCVM qui cherchent à diversifier leurs portefeuilles à travers des fonds à thématique small-mid cap. «Quand ces sociétés détectent une petite valeur à potentiel, elles s’y intéressent. Ce sont des paris qui ne coûtent pas très cher», affirme un professionnel. Avant d’investir dans une valeur, ils se basent généralement sur les recommandations des bureaux d’analyse et de recherche, ou sur leurs propres analyses en allant à la rencontre des émetteurs pour valoriser leur potentiel à court, moyen et long terme et jauger relativement leur liquidité. A partir de là, ils font leurs arbitrages. Ainsi, si un gérant de portefeuille détient une ligne d’une grande capitalisation de 100 MDH, sa participation dans le capital de cette dernière ne dépasse pas les 0,5%. Alors que s’il mise 5 à 10 MDH dans une ligne small cap, cela représenterait plus de 10% du capital de la valeur. Une mise peu élevée qui n’impacterait pas la performance globale de son portefeuille en cas de perte, mais qui constitue un ticket d’entrée important dans le capital. Ces small caps qui séduisent s’en sortent plutôt bien depuis le début de l’année, comme en témoigne l’évolution de certaines valeurs qui surperforment l’indice global. Notamment Dari Couspate qui a fait évoluer son cours de 69%. Cette valeur attire les investisseurs grâce à sa résilience depuis plusieurs années qui lui permet d’afficher de bons résultats aussi bien sur le plan financier que commercial, et d’offrir de bonnes rémunérations à ses actionnaires (Dividend yield de 3,19%). Notons aussi que la société a augmenté sa capacité de production de 50%. Pour rappel, l’entreprise a bouclé le 1er semestre sur des croissances à deux chiffres. Ainsi, le chiffre d’affaires s’est bonifié de 13,6% pour une capacité bénéficiaire en hausse de 43,5%. Toutefois, si Dari Couspate est constamment recommandée à l’achat ou à la conservation, elle devient de plus en plus rare sur le marché. «Le seul hic avec cette valeur c’est qu’elle ne dispose pas d’assez de flottants, sinon il y aurait eu plus d’échanges sur ce titre».

Des mésaventures stratégiques

Pour sa part, SRM a marqué une performance de 62% depuis le début de l’année. Après plusieurs exercices dans le rouge, la valeur a pu redresser ses indicateurs financiers. A fin juin 2016, l’entreprise a doublé son chiffre d’affaires et a épongé ses pertes (20,5 MDH contre -5,4 MDH à fin juin 2015).

Suivant la même tendance, M2M surperforme le marché de 43%. En effet, la valeur entretient la hausse de ses indicateurs financiers depuis plusieurs exercices. Aussi, l’entreprise dispose d’une trésorerie nette positive (5 MDH au 1er semestre 2016), ce qui renforce son potentiel de distribution.

Par contre, d’autres valeurs continuent de creuser leurs contre-performances depuis le début de l’année suite à une chute de leurs indicateurs financiers, une illiquidité encore plus marquée, ou encore les orientations stratégiques jugées mauvaises par les investisseurs. En effet, Taslif a marqué un recul de 35,7% de son cours. En plus d’une forte illiquidité de ses titres, la valeur a accusé l’année dernière une baisse de ses résultats plombés par l’alourdissement des provisions et d’une hausse de la charge d’IS. Bénéficiant d’un effet de base cette année, le résultat semestriel de la société s’est amélioré de 54,5%. Suivant la même tendance, Timar, l’une des valeurs les moins liquides du marché avec un flottant d’un peu plus de 90000 actions, a accusé une baisse de son cours de 16%. Le transporteur a en effet pâti de la forte concurrence du marché du transport et de la logistique. Ce qui a creusé ses performances financières en 2015. Toutefois, la valeur s’est rattrapée au 1er semestre 2016 en améliorant son résultat net de 5,5%.

[tabs][tab title = »Secteur pharmaceutique : des indicateurs boursiers intéressants« ]Le secteur pharmaceutique coté représenté par ses deux valeurs, Promopharm et Sothema, s’en sort bien depuis le début de l’année. La première a un flottant composé de 100 000 actions, soit 10% de son capital. Malgré des résultats semestriels en berne, avec des ventes en recul de 9,8% et un résultat net en baisse de 32,7%, la valeur superforme le marché de 64,5% depuis le début de l’année. Il faut dire que Promopharm dispose de bons indicateurs boursiers : un PER à fin 2015 de 11,5x (parmi les plus faibles) et un dividende de 169 DH, soit un dividend yield de 15,09%. Pour sa part, Sothema dispose de 270 000 actions en bourse, l’équivalent de 15% de son capital. Depuis le début de l’année, le titre de l’entreprise entretient un rythme stable, avec une performance de 0,7%. En terme d’indicateurs boursiers, la valeur a un PER de 18,1x et a distribué cette année 48 DH/action, soit un dividend yield de 4,07%. Pour rappel, l’entreprise a bouclé la première moitié de l’année sur une hausse de son chiffre de 6,7% et de son résultat net de 5,7%.[/tab][/tabs]

[tabs][tab title = »Des performances à deux chiffres pour le secteur informatique« ]Le secteur informatique coté, abritant 7sociétés, dispose de 2,5 millions d’actions flottant en bourse. Hormis Involys, qui accuse une contre-performance de 11,9% depuis le début de l’année, les autres valeurs surperforment le marché avec des évolutions variant de 27,9% à 84,7%. La plus grande performance revient à Disway (84,7%). Pour rappel, l’entreprise maintient de bons résultats financiers. A fin juin 2016, la société a augmenté ses ventes de 7,4% et son résultat net de 30%. En termes d’indicateurs boursiers, Disway a distribué cette année un dividende de 20 DH, soit un dividend yield de 5,4%. Suivant la même tendance, HPS a fait une performance de 60,6%, suivie de Microdata (+31,5%), S2M (+27,9%) et IB Maroc (+23,5%). Par ailleurs, notons que les valeurs du secteur sont les moins chères du marché, avec un niveau de PER en 2015 variant de 5,8% à 13,1%.[/tab][/tabs]