Argent
Bourse : ces big caps qui n’ont pas surmonté la crise
34 sociétés ont vu leurs cours dégringoler entre septembre 2009 et septembre 2014.
Les valeurs du secteur immobilier ont toutes affiché des baisses avec la CGI à leur tête.
Hormis Attijariwafa et la BCP, toutes les autres banques sont en baisse.

La bourse sort progressivement de son cycle baissier qu’elle a entamé depuis le second semestre de 2008, période de déclenchement de la crise internationale. Elle est actuellement en progression de 10% depuis le début de l’année et tout porte à croire qu’elle devrait finir l’exercice sur une note appréciable. Cela dit, les cinq dernières années ont été dures pour l’ensemble des intervenants du marché ; les investisseurs ne cessaient d’accumuler les moins-values et les analystes ne savaient plus quelles recommandations faire à cause d’une absence totale de visibilité. Dans un contexte de prolongement des effets de la crise, de fuite de nombre d’investisseurs, de manque de liquidité et également d’absence de mesures incitatives à même de redynamiser le marché, le MASI a enregistré une baisse de 6,4% sur la période s’étalant du 30 septembre 2009 au 30 septembre 2014. Et c’est justement en raison de ces facteurs que les investisseurs ont changé leur stratégie de placement. Alors qu’ils privilégiaient les valeurs qui offraient un important potentiel de croissance, ils se sont orientés davantage vers les valeurs de rendement.
Dans ces conditions, 34 valeurs sur 65 (nous n’avons pas retenu les sociétés introduites après le 30/09/2009 et les valeurs radiées de la cote) ont réalisé des contre-performances. Les plus fortes baisses ont concerné surtout les petites et moyennes capitalisations. Sans surprise, Diac Salaf, Zellidja et Med Paper figurent au top ten des valeurs qui ont essuyé les plus fortes baisses avec respectivement 81%, 75% et 72%. Cela dit, les big caps, qui représentent le gros des portefeuilles de placement, n’ont pas été épargnés par la dégradation des cours. A leur tête, les sociétés immobilières, certaines valeurs du secteur bancaire, pétrolier, des matériaux de construction, ou encore Maroc Telecom.
Depuis 2009, le cours de la CGI a enregistré une chute de 62% au 30 septembre. La valeur était surévaluée par rapport à ses consœurs et à la moyenne du marché. Elle était valorisée, il y a 5 ans, à 62 fois les bénéfices alors que la moyenne du marché s’établissait à 17,2. Et même avec un PER de 31 estimé en 2014, elle demeure toujours chère (le PER du marché étant de 18,1). Pour leur part, Addoha et Alliances affichent des replis de 57% et 43%. Pour rappel, les cours des promoteurs immobiliers ont connu une flambée entre 2006 et 2009, compte tenu des perspectives de croissance de leur activité annoncées à l’époque et de l’importance des projets immobiliers lancés. Ce n’est qu’après le ralentissement du marché de l’immobilier à partir de 2010 que les cours ont entamé une phase de correction. Un analyste explique que «ces sociétés étaient choyées par les analystes à tort. Ils recommandaient constamment ces valeurs à l’achat alors que leur avenir était moins prometteur qu’annoncé. Ce n’est que récemment que les notes d’analyse font l’objet de recommandations à alléger ou au mieux à conserver».
Les banques cotées ont également subi les effets de la baisse du marché. Mis à part Attijariwafa bank et la BCP qui ont maintenu le cap, les autres établissements ont tous affiché un recul de leurs cours, à commencer par Crédit du Maroc avec un repli de 30%. Le cours du CIH, lui, a perdu 9,8%, celui de BMCE Bank a baissé de 7,7% et la BMCI a dévissé de 1,3%. Généralement, ces banques ont subi les conséquences d’un contexte économique national morose, matérialisé par le ralentissement du rythme de croissance des crédits, l’aggravation du déficit de liquidités et l’alourdissement du coût du risque. Notons que BMCE Bank a été spécialement pénalisée par le marché en raison de la baisse de son bénéfice net en 2009 de 54%, chute rattrapée en 2010 avec une hausse de 113% mais qui n’a pas suffi pour convaincre les investisseurs de se repositionner sur la valeur. De plus, à l’instar de la CGI, elle fait partie des valeurs les plus chères du marché avec un PER de 25,5 alors que le dividend yied se situe à 2,6%, en dessous de la moyenne de marché de 3,7% en 2014.
Maroc Telecom chute malgré son statut de valeur de fond de portefeuille
Dans le secteur des matériaux de construction, Sonasid est parmi les premières sociétés dont le cours a fortement chuté. A 1 233 DH à fin septembre 2014, il a en effet baissé de 37%. D’abord, le sidérurgiste a fait face à l’entrée de nouveaux opérateurs sur le marché national, notamment des importateurs, créant ainsi une suroffre dans un contexte de recul de la consommation nationale avec la mise en stand-by des chantiers et des investissements publics. Ensuite, la publication par la société de 2 profits warnings en 2010 et 2012 et l’absence de distribution de dividendes pendant 3 années à partir de 2010 ont été sévèrement sanctionnés par les investisseurs.
Les importations ont également eu raison de la Samir, dont la production est tournée essentiellement vers le marché local. Ajouter à cela, la volatilité des cours du pétrole sur le marché international, entraînant de fait des baisses significatives des marges de raffinage. Cela sans parler de sa situation financière et du retard pris dans la restructuration de son endettement. Bref, le titre n’a pas séduit les investisseurs. Il affiche un retrait de 37% sur les cinq dernières années.
Bien qu’elle soit prisée par les professionnels du marché de par son statut de valeur refuge ou l’attractivité du rendement de dividende proposé (6,3% en 2013 et 5,6% en 2014), Maroc Telecom a accusé le coup de la chute du marché avec un cours en recul de 15%. En cause, la recrudescence de la concurrence sur les segments mobile et internet qui a eu pour effet l’effritement des parts de marché de l’opérateur historique sur le plan national et la baisse de sa rentabilité.
Enfin, deux valeurs du secteur agroalimentaire ont aussi été affectées par la conjoncture en dépit de leur nature anticyclique. Il s’agit de la société des Brasseries du Maroc et de Lesieur dont les cours respectifs se sont contractés de 41,7% et 3%. La première a fait les frais des augmentations successives de la taxe intérieure de consommation et qui a été répercutée sur les prix de vente. En a découlé un recul significatif du volume des ventes de la bière notamment, activité principale de la société. Lesieur, elle, a subi le renchérissement des cours des matières premières à l’international, non répercuté immédiatement sur les prix de vente. Si l’industriel de l’huile n’avait pas diversifié son activité en mettant en place de nouveaux produits à l’instar des savons et des condiments, son activité aurait souffert davantage de la situation économique et concurrentielle et son cours aurait été encore plus sanctionné.
