Argent
Bonnes perspectives en 2011 pour les assureurs cotés
Les compagnies cotées devraient augmenter leurs primes de 13% au titre de 2010 et de 9% en 2011. Le secteur recèle un potentiel de développement important mais devrait également faire face à de nombreux défis.

Les compagnies d’assurance cotées à la Bourse de Casablanca n’ont globalement pas déçu les investisseurs en 2010. Wafa Assurance a clôturé l’année avec une performance de près de 50%, suite, entre autres, à la publication en mars dernier de résultats 2009 en forte expansion et à l’envolée de cours qui a concerné plusieurs filiale de Sni, et Cnia Saâda, qui a rejoint la cote en novembre dernier, a vu son cours progresser de 23% suite à l’engouement des institutionnels pour renforcer leurs positions sur la valeur. Seule Atlanta a terminé l’année sur une note négative (-14%), principalement en raison de la publication de résultats 2009 impactés par les contre-performances de ses placements boursiers en 2008.
Au-delà du caractère stratégique de ce secteur pour les investisseurs, et du nombre limité des compagnies cotées – deux éléments de nature à toujours soutenir leur cours en Bourse -, quelles perspectives de croissance ce compartiment présente-il en 2011 ? La réponse apportée par les analystes des sociétés de Bourse fait consensus : le secteur a encore de beaux jours devant lui, et devrait afficher des réalisations commerciales et financières satisfaisantes, aussi bien au titre de 2010 que de 2011.
En effet, le secteur des assurances au Maroc recèle un potentiel de développement important, eu égard à la faiblesse du taux actuel de pénétration du marché qui ne dépasse pas les 3% (contre 10,3% en France, 12,9% en Afrique du Sud et 1,9% en Tunisie), dans un pays où «l’amélioration du niveau de vie de la population à travers l’émergence d’une classe moyenne se confirme et où le changement des mentalités se traduit par une réticence moindre aux produits d’assurance», estiment les analystes de BMCE Capital. Pour profiter de ces opportunités, les compagnies de la place poursuivent l’extension de leur réseau d’agents, intensifient leurs efforts en termes d’innovation, renforcent leur dispositif de gestion des risques et optimisent leurs synergies avec les partenaires financiers, notamment les banques auxquelles elles sont adossées.
Les mesures du futur contrat programme devraient contribuer à doper l’activité des compagnies
Les analystes précisent que le secteur devrait également tirer profit des différents plans gouvernementaux destinés à dynamiser l’économie (plan vert, Maroc export plus, Emergence II…). Dans ce sillage, la mise en place imminente du contrat-programme 2010-2015 devrait permettre d’arrêter une vision claire et une stratégie de développement bien ficelée. Les principales mesures de ce contrat programme sont l’instauration de nouvelles assurances obligatoires, la couverture des indépendants, le développement de l’assurance-vie à travers un cadre fiscal incitatif et le renforcement du contrôle interne à travers la première phase de Solvency II. Ces mesures devraient constituer un véritable levier de soutien au développement économique du pays, assurer l’équilibre entre les incitations favorisant le développement du secteur des assurances et celles assurant la solvabilité des compagnies, ainsi que la protection du consommateur.
Notons par ailleurs que la direction des assurances a décidé de lever la restriction d’investissement dans le secteur immobilier des compagnies, et a abaissé la mesure de couverture de leurs engagements de 130% à 120%, ce qui leur permettrait d’allouer davantage de ressources à leurs placements, notamment en actions.
Cela dit, quelques menaces pèsent sur le secteur des assurances. La migration attendue vers l’AMO de l’ensemble des salariés du privé pourrait constituer un véritable préjudice financier pour les compagnies d’assurance, sachant qu’elles détiennent un portefeuille d’environ 35% des salariés du privé pour la couverture maladie. Le secteur pourrait également faire face à l’ouverture du marché à des compagnies étrangères, avec notamment l’implantation annoncée du saoudien Al Jazea Group en partenariat avec l’assureur néo-zélandais Contractirs Bonding. Si elle se confirme, l’entrée d’un nouvel opérateur pourrait accentuer la concurrence sur le marché.
En tout cas, malgré ces menaces, les perspectives du secteur restent prometteuses. Selon les prévisions de BMCE Capital, les compagnies d’assurance cotées devraient afficher des primes émises en ascension de près de 13% au titre de 2010 et de 9% en 2011, pour des capacités bénéficiaires en appréciation de plus de 4% et de 14,4% respectivement. A moyen terme, et tenant compte des mesures incitatives que devrait instaurer le contrat programme, notamment l’élargissement du champ des assurances obligatoires et l’instauration de mesures fiscales incitatives, les compagnies de la place devraient consolider leurs performances et afficher des résultats en hausse.
