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Argent

Argent de poche : offrez un compte à  vos enfants

Comptes sur carnet, carte de retrait, bons de réduction, une panoplie
de produits existe.
Les banques misent surtout sur les jeunes actifs et leur offrent un produit évolutif
adapté à leurs besoins.
Les jeunes actifs deviennent une clientèle à part.

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Pendant longtemps, les banquiers ont tourné le dos aux jeunes. Il y a deux ou trois ans à peine, il était quasiment impossible, pour une personne âgée de moins de vingt ans (âge de la majorité légale), de se présenter devant un guichet bancaire munie d’un chèque et d’une carte d’identité et d’espérer l’encaisser. «Même si, du point de vue de la loi, toute personne qui a les moyens de prouver son identité a parfaitement le droit d’encaisser un chèque, nous avions des instructions claires pour ne pas servir les personnes qui n’avaient pas atteint la majorité légale», explique ce directeur d’agence. Le seul produit bancaire disponible pour cette large frange de la population marocaine se résumait au traditionnel compte bancaire. Et encore, en raison de la tutelle parentale, exigée, il était quasiment impossible au titulaire du compte d’initier la moindre opération, de son propre chef, avant son émancipation, à l’âge de 18 ans.
Ce verrouillage du système bancaire vis-à-vis des jeunes n’a pas eu de conséquences véritablement néfastes, mais on ne peut pas dire qu’il ait facilité la vie des parents et étudiants qui avaient beaucoup de mal à gérer leurs relations pécuniaires, dès lors que les distances devenaient importantes : «J’ai souvent rencontré plus de difficultés à faire parvenir 2 000 dirhams à mon fils, à Agadir, qu’à financer les études de ma fille, à Paris», ironise ce père. Du coup, la majorité des étudiants qui accèdent au marché du travail n’ont jamais eu affaire à une banque. «La plupart des ouvertures de comptes se font au moment du premier job. A 22 ou 23 ans, la majorité des jeunes n’a jamais rempli un chèque. Du coup, un certain nombre d’incidents se produit durant les premiers mois suivant l’ouverture de compte», fait remarquer notre banquier.
Aujourd’hui, les choses ont considérablement changé et les banques s’ouvrent volontiers sur une clientèle beaucoup plus jeune, mais qui présente un potentiel de croissance considérable. Après avoir longtemps sous-estimé ce segment particulier (le taux de bancarisation reste cantonné autour de 20 %), les banques semblent avoir changé de stratégie et, pour cela, elles misent sur les juniors. Et pour attirer le maximum d’entre eux, les banques marocaines ont enfin compris qu’il fallait les accrocher très tôt.

Nouveauté pour les plus jeunes : la carte de retrait
Les banques ont ainsi développé une offre «jeunes» et l’ont adaptée à chacune des étapes de la vie de ces derniers: une offre pour les adolescents et les lycéens, aux contours pédagogiques prononcés, une offre «étudiants» assez timide, et, enfin, une offre «jeunes actifs» étoffée et évolutive.
Aujourd’hui on trouve sur le marché des produits intéressants pour le segment des adolescents. «L’idée, à travers ce genre de produits, est de pousser les parents à familiariser leurs enfants avec le monde bancaire et à les responsabiliser vis-à-vis de la notion d’argent de poche», indique-t-on à la BMCI, l’une des toutes premières banques à s’être attaquée à une population aussi jeune.
L’offre des banques s’appuie sur le traditionnel compte sur carnet. La nouveauté a été d’y adjoindre une carte de retrait mise à la disposition des enfants. Le compte génère, bien évidemment, des intérêts.
Les parents sont ainsi invités à alimenter le compte sur carnet par des dépôts (à partir de 100 dirhams) soit à travers des versements libres (en espèces, par chèque ou par virement) soit par des virements permanents. Ce genre de compte permet également de suivre de près les dépenses de son enfant et de les organiser. Ainsi, il vous est possible de limiter le montant des retraits hebdomadaires que votre rejeton est autorisé à faire. Par ailleurs, et dans la mesure où les retraits ne peuvent en aucun cas dépasser le solde disponible sur le compte, il n’y a pratiquement aucun risque pour que votre enfant s’endette envers la banque.
Certaines banques ont prévu de faire bénéficier les titulaires du compte d’un système de privilèges. Dans ce cas, les comptes sont assortis de remises ou gratuités auprès de certaines enseignes (cinémas, boutiques, librairies, opérateurs de téléphonie et d’internet…).
La finalité de ce genre de compte étant de familiariser les jeunes avec l’épargne et l’utilisation de leur argent de poche. L’idéal serait, pour les parents, de réguler au maximum le fonctionnement de l’argent qu’ils donnent.
Sur un autre registre, celui des clients potentiels, les banques s’intéressent de plus en plus, également, à la catégorie des étudiants. Pourtant, on en est encore à des années-lumière de ce qui est offert aux étudiants dans les pays européens. Les banques, ne pouvant plus faire prévaloir le seul côté pédagogique dans leur offre, sont censées proposer un produit qui réponde aux besoins réels de cette catégorie de la population.

Rares sont les banques qui ont eu l’audace de se lancer dans le crédit étudiants
«Ce que j’attends d’une banque ? C’est de pouvoir recevoir régulièrement des virements de mes parents et de pouvoir disposer de mon argent le plus facilement et le plus librement possible», résume cet étudiant d’une prestigieuse école de commerce marocaine. Cette offre de base est aujourd’hui disponible dans certains établissements, soit à travers des produits similaires à ceux proposés à leurs cadets, les lycéens (compte sur carnet avec carte de retrait), soit à travers des offres plus élaborées (carte prépayée rechargeable, pour la Société générale).
En un mot, les banques ont encore du mal à comprendre que ce qu’elles peuvent offrir de mieux à un étudiant, c’est une formule de financement adaptée. Il y a en effet le financement des études proprement dites, à travers des prêts à moyen terme, mais il y a également le financement des besoins ponctuels, à travers des crédits personnels ou encore l’octroi de facilités de caisse.
Et dans ce dernier créneau, force est de constater que les banques marocaines font pâle figure devant leurs homologues françaises. A l’exception de la Banque populaire et de la Société générale marocaine de banques à travers sa dernière offre «Banky étudiants», qui offrent des formules de crédit aux étudiants de certains établissements privés ou publics, aucune banque de la place n’a encore eu l’audace nécessaire pour se lancer dans l’entreprise.
A noter enfin que le prêt étudiant consiste en un crédit moyen terme à taux préférentiel accordé à l’étudiant (la garantie des parents est exigée), qui dispose alors d’un délai de grâce pouvant aller jusqu’à 18 mois après la fin de ses études avant de commencer les remboursements.
Parmi tous les jeunes, ceux qui entament une carrière professionnelle font l’objet des plus grandes attentions de la part des banques. Et pour cause, ils constituent la cible dont le potentiel est le plus évident. «Pour nous, quelqu’un qui commence sa vie professionnelle représente le client idéal. On se retrouve face à une personne bancairement sous-équipée, et dont les revenus sont appelés à croître progressivement », témoigne un banquier.
Toutes les banques qui cherchent à développer leur clientèle « particuliers » offrent dans ce sens des sortes de packs de bienvenue aux 20-29 ans. Wafabank a été un précurseur dans ce domaine. Plus qu’une simple offre pour jeunes, «Wafa génération» est devenu un véritable concept, celui de «la banque pour jeunes à la marocaine».

Des packs de bienvenue pour les jeunes actifs
Le nouveau client est automatiquement équipé d’un compte chèques, d’une carte bancaire et d’une autorisation de découvert. Chaque banque propose ensuite une multitude de services annexes tels les contrats d’assistance, produits d’assurance-vie, couverture contre le risque de perte des moyens de paiement et des clés, consultation du compte via l’internet, le wap ou encore le téléphone… Les prix de ces packs sont étudiés de façon à ne pas effrayer ces nouveaux clients.
Les banques prévoient une offre évolutive s’adaptant aux besoins croissants de cette clientèle. Les crédits à la consommation, auto, immobiliers, l’épargne retraite, l’épargne éducation… sont autant de produits qui leur seront présentés au moment opportun.
Les banques marocaines commencent donc à investir le marché des jeunes, toutes catégories confondues. L’offre en étant encore à ses débuts, il n’est pas exclu de la voir s’améliorer au fil du temps