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A quand une agence de notation financière au Maroc ?
Selon l’agence de notation EMR, le Maroc devrait adopter un modèle régional de notation à Casablanca qui pourrait couvrir l’ensemble des pays d’Afrique.

La Bourse de Casablanca a organisé, jeudi 12 octobre, en partenariat avec Emerging Markets Ratings (EMR), un workshop sous le thème «La notation financière, outil de facilitation de l’investissement». Anouar Hassoune, co-fondateur et directeur général de l’agence de notation EMR (basée à Dubaï), a souligné l’importance pour le Maroc d’avoir une agence de notation afin de compléter l’écosystème financier en cours de mise en place, notamment au sein de Casablanca Finance City. En effet, l’activité de notation financière connaît un réel essor un peu partout dans le monde, et le Maroc devrait en tirer profit, surtout que «la place financière casablancaise est entrée dans le Top 30 mondial. Ce classement constitue une victoire de la désintermédiation financière au Maroc», affirme cet ancien des agences Moody’s et Standard &Poor’s. Pour rappel, à l’échelle planétaire, Casablanca Finance City a gagné 3 places pour se positionner au 30e rang sur les 87 places financières analysées. Sur le plan de la région MENA, Casablanca est désormais la 2e place financière derrière Dubaï, le plus grand centre financier du Golfe, et devant l’autre place émiratie Abou Dhabi.
M. Hassoune rappelle qu’aujourd’hui le marché des obligations cotées en devises est géré par les 3 puissants Moody’s, S&P et Fitch. Tandis que pour la notation des émissions obligataires en devises locales, deux modèles sont suivis : un modèle d’agence de notation nationale, suivi notamment de la Malaisie et l’Arabie saoudite, et un modèle régional. «Le Maroc devrait adopter un modèle régional. Installer une agence de notation à Casablanca pourrait couvrir l’ensemble des pays d’Afrique du Nord. Elle aurait des liens privilégiés avec l’Afrique de l’Ouest», enchaîne-t-il.
Mettre en place une agence de notation au Maroc permettra de pricer optimalement le risque crédit des entreprises. «La notation financière est une activité d’intermédiation informationnelle. Nous allons chercher l’information privative chez les émetteurs afin de la servir aux investisseurs pour une bonne tarification du risque», souligne M. Hassoune.
Ceci dit, l’exercice de la mise en place de l’activité de notation financière au Royaume n’est pas facile. «Le système financier au Maroc est dominé par les banques. Le marché obligataire est très petit par rapport au marché actions, qui lui-même est très petit par rapport au marché bancaire», poursuit-il. L’écosystème est très bancaire, dans l’esprit des entreprises le crédit est basé essentiellement sur la relation avec le banquier. «Sortir du cadre strict de la banque, qui fait au Maroc la pluie et le beau temps sur le crédit, va être difficile», constate M. Hassoune. Il faudrait donc convaincre les banques de l’utilité d’une agence financière locale. Car si elles ne sont pas convaincues de ses avantages, il n’y aura pas de rafting !
