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Argent

83% de hausse déjà  ! Faut-il encore miser sur les minières ?

Des progressions affolantes depuis le début de l’année : 106% pour SMI, 83% pour Managem et 31% pour CMT. Des analystes jugent la hausse exagérée et craignent un renversement, mais tout le monde est unanime quant à  l’opportunité d’un placement sur le moyen terme.

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Les valeurs minières sont incontestablement les stars du marché boursier casablancais pour cette année. Alors que le Masi, indice de toutes les valeurs cotées, a chuté de près de 10% depuis fin 2010, elles affichent des performances hors du commun qui ont fait le bonheur des investisseurs avisés. En effet, les actions de la Société métallurgique d’Imiter (SMI) ont progressé de 106% depuis le début de l’année (variation au 16 septembre 2011). Celles de sa maison mère, Managem, ont, elles, gagné plus de 80% sur la même période. Quant à la Compagnie minière de Touissit (CMT), elle a «légèrement» profité de la tendance, et affiche une hausse de 31%.

Les valeurs minières restent risquées sur le court terme

L’explication de cette envolée du cours des valeurs minières  est désormais connue de tous. Malgré leur frilosité, en raison des perturbations sur les plans économique et géopolitique à l’échelle mondiale, les investisseurs n’ont pas manqué de plébisciter le secteur minier coté, et ce, suite à l’envolée du prix des métaux à l’international, spécialement celui de l’or et de l’argent. Le cours du métal jaune a progressé, au 16 septembre, de 28% depuis le début de l’année et de 41% sur une année glissante. Celui de l’argent a crû de 42% par rapport à fin 2010 et de 95% sur 12 mois.
Anticipant, donc, des bénéfices record pour Managem et SMI dès cette année, les investisseurs se sont rués sur les titres de ces deux sociétés, ce qui s’est traduit par une forte augmentation de leurs cours. CMT, elle, n’a que faiblement profité de cet engouement, étant donné que près de 60% de ses revenus proviennent de la vente de plomb (estimation des analystes d’Attijari Intermédiation), métal qui affiche pour l’heure une baisse par rapport à fin 2010.
Cela dit, la question que se posent actuellement analystes et investisseurs est si cette hausse des valeurs minières va se poursuivre. Certains d’entre eux ne manquent pas d’afficher leur scepticisme quant à l’évolution future de leurs cours. «Il est tout à fait normal que le cours des minières progresse quand les prix des métaux à l’international augmentent. Mais cette flambée du cours de Managem et SMI a été, à mon sens, trop rapide et un peu exagérée», affirme un analyste du Crédit du Maroc Capital. Et d’ajouter que «sur le court terme, ces valeurs restent risquées car l’évolution de leurs cours dépend du contexte international, qui est pour le moins imprévisible actuellement. Mais sur le moyen terme, elles gardent un potentiel de hausse intéressant».
Il faut savoir, à ce titre, qu’après avoir atteint, le 7 septembre, un pic de 4 400 DH pour SMI et de 1 421 DH pour Managem, les cours de ces deux valeurs ont chuté pour atteindre le 16 du mois 3 920 DH et 1 250 DH, soit une correction de l’ordre de 12%. Pour certains analystes, cette évolution confirme que la hausse a été un peu exagérée, dopée par les interventions de spéculateurs qui ont profité du contexte favorable et qui ont fini par reprendre leurs bénéfices. Elle confirme aussi, toujours selon ces analystes, que ces valeurs sont risquées sur le court terme.
Pour d’autres professionnels, même à leur pic de 4 400 DH et 1 420 DH, SMI et Managem présentent un potentiel de hausse intéressant. C’est le cas des analystes d’Attijari Intermédiation qui affirment que ces valeurs ont un potentiel toujours caché, «tout simplement parce qu’elles profiteraient d’un triple effet durant les années à venir».
Le premier est un effet prix, ces analystes estimant que les métaux précieux sont rentrés dans une phase haussière de fond. Ils s’attendent ainsi à ce que le cours de l’or reste au-dessus de 1 400 dollars l’once et que celui de l’argent ne descende pas sous les 30 dollars sur la période 2011-2013.
Le deuxième effet est lié à la baisse progressive du niveau des couvertures sur l’or et l’argent, contractées par le groupe Managem il y a quelques années à des prix très bas par rapport aux cours actuels. Ces couvertures s’annuleront complètement en 2013 et permettront à Managem et SMI de profiter pleinement des niveaux actuels des prix.
Le troisième effet est quant à lui lié à l’augmentation prévue de la capacité de production des deux sociétés.
D’après les estimations d’Attijari Intermédiation, les bénéfices de Managem et SMI devraient augmenter de plus de 140% en 2011, et enregistrer une croissance moyenne respectivement de 58% et 45% en 2012 et 2013, pour atteindre un résultat net de 1,37 milliard de DH pour la première société et de 1,12 milliard pour la seconde. Ces bénéfices, rapportés aux cours actuels des deux valeurs, leur permettent d’afficher des indicateurs boursiers prévisionnels attractifs, notamment un PER 2013 inférieur à 8 et un rendement de dividende intéressant, ce qui signifie que Managem et SMI sont actuellement sous-évaluées. Seulement, ces indicateurs supposent que les prix de l’or et de l’argent ne passent pas sous les 1 400 et 30 dollars l’once jusqu’en 2013.
Selon une étude réalisée par Integra Bourse sur le titre SMI, à 40 dollars l’once pour l’argent (cours actuel du métal), la valorisation de la société se situerait à 5 475 DH. Mais à 25 dollars l’once (cours de début d’année du métal), la valorisation tombe à 3 100 DH sur la base de la parité actuelle du dollar par rapport au dirham (8,1). Il serait donc plus prudent, que ce soit pour Managem ou SMI, de se placer sur le moyen terme et de surveiller de près l’évolution du prix de l’or et de l’argent à l’international.