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Voitures d’occasion : le marché tourne au ralenti

Après avoir crû de 30% en 2011, les mutations de cartes grises sont en baisse de 2% en 2013. Les voitures à  moins de 120 000 DH s’échangent encore, celles de plus de 250 000 trouvent difficilement preneur. Cette tendance est due à  la crise ainsi qu’au profond changement des habitudes d’achat de la clientèle.

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Maroc Voitures Occasion 2014 03 10

Dans l’auto, il n’y a pas que le neuf qui ne marche plus. Le marché de l’occasion est aussi gagné par le marasme. Après 30% de croissance enregistrés en 2011, les chiffres du ministère de l’équipement et du transport, communiqués en exclusivité à  La Vie éco, viennent confirmer le retournement de tendance de l’année 2012 au terme de laquelle les échanges de voitures d’occasion avaient plongé d’environ 10%. En effet, à fin 2013, les mutations de cartes grises, principal indicateur du business de l’occasion, se montent à 301 069 contre 306 804 en 2012, soit 2% de moins. «Depuis début 2012, les affaires tournent littéralement au ralenti, et nous peinons à écouler des véhicules qui prennent parfois 6 à 8 mois voire plus et dont nous nous débarrassons  en les vendant à perte», affirme un garagiste connu à Témara. Pour lui, l’activité a chuté depuis d’environ 20 à 25%. «L’ensemble des garagistes avec lesquels nous sommes en contact pour des affaires communes ne sont plus actifs comme ils l’étaient en 2010 et 2011», rapporte Achraf Belkhir, commercial en charge de la région de Tanger chez le site d’annonces VoitureauMaroc.com. Pour lui, la baisse a surtout touché le segment des voitures à budget dépassant 120 000 DH. De l’avis d’un autre garagiste de voitures de luxe à Casablanca, la baisse est plus prononcée sur les berlines luxueuses et les grosses cylindrées. «Le business a fondu de 40% en 2013, et nous n’avons encore fait aucune transaction pour cette année», se désole-t-il. Ayant des liens étroits avec des garagistes basés à Tanger, il affirme qu’eux aussi broient du noir et qu’ils ont cessé d’importer des véhicules de l’Europe comme ils le faisaient auparavant.
Les chiffres de l’Administration des douanes et des impôts indirects sont révélateurs. Les importations de voitures de tourisme d’occasion ont chuté de 57%, passant de 30 246 à 19 182, après un fléchissement de 32% en 2011.

L’occasion devient moins compétitif que le neuf

Trois raisons expliquent cette situation. En premier lieu, les acteurs du marché citent l’interdiction de l’entrée au Maroc de véhicules âgés de plus de 5 ans. A cette mesure, appliquée depuis le début de 2011, s’ajoutent les taux élevés des droits de douane. En effet, ces derniers n’ont rien à voir avec les tarifs douaniers appliqués aux véhicules neufs qui sont de 0% pour les voitures en provenance de l’Union Européenne et de 17,5% pour ceux en provenance d’Asie. Tout véhicule ayant été déjà immatriculé, même s’il est neuf, est assujetti aux droits de douane relatifs aux voitures d’occasion qui peuvent aller jusqu’à 300%. La troisième raison fournie par les garagistes est la rareté de la demande. «Je ne fais plus appel à mes confrères garagistes en Allemagne pour importer parce que je n’ai plus de commandes consistantes», affirme le garagiste de Casablanca.

Toutefois, selon la majorité des intermédiaires, la demande, qui pèse trois fois plus que le marché du neuf,  même si elle n’est plus aussi soutenue, reste de mise pour les petites voitures à budget compris entre 40 000 DH et 120000 DH. «Alors que je postais 10 annonces par jour sur la plateforme, je fais ce nombre aujourd’hui en 3 jours et c’est surtout des petites voitures diesel 6 chevaux», affirme Abdellah Arafy, commercial en charge de la région de Rabat chez Voiture au Maroc.com. il s’agit surtout de la gamme Clio campus, Clio 3, huyndai i10, huyndai i20, 206 plus, Kia picanto, etc.

Les voitures neuves à bas prix captent la demande des petits budgets

Il faut dire que le marché de l’occasion subit de plein fouet la baisse du pouvoir d’achat qui pousse systématiquement les ménages à reléguer au second plan les achats non essentiels. «C’est la première année où l’on commence à entendre souvent des clients demander des voitures à budget commençant à 30 000DH», constate M.Arafy. Cependant, selon les connaisseurs, le marché a surtout commencé depuis 2011 une mue décisive. Jusqu’à un certain niveau, le neuf s’est en effet démocratisé. Avec le jeu de la concurrence entre les concessionnaires et l’abondance des modèles, les clients ayant des budgets à partir de 100 000 DH commencent à s’orienter de plus en plus vers le neuf, surtout les jeunes qui débarquent dans le monde professionnel et qui sont servis par des montages de crédits très bien étudiés et très alléchants.
De surcroît, la multiplicité des intermédiaires rebute bon nombre de clients potentiels de l’occasion vu qu’en plus des coûts, des risques d’arnaques ne sont pas à écarter (changement de partie du véhicules, voitures accidentées, véhicules volées,..).

Cela dit, l’ensemble des acteurs ne sont pas très optimistes sur un éventuel inversement de tendance dans le court terme. «Les deux premiers mois annoncent souvent le reste de l’année sur le marché. Et le tassement ne fait que se confirmer», anticipe un intermédiaire.