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Affaires

Voitures asiatiques : les importateurs dénoncent les retards d’homologation

L’Office national d’homologation est accusé de bloquer les dossiers.

Les concessionnaires parlent de 128 dossiers en souffrance, l’office en annonce 15 seulement.

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Le torchon brûle entre les importateurs de voitures en provenance du Brésil, Russie, Inde et Chine (BRIC) et l’Office national d’homologation (ONH), relevant du ministère du transport. L’objet de la discorde est le retard décrié par les importateurs de ces marques quant à la délivrance des autorisations d’importer de nouveaux modèles de véhicules de ces pays. Ils sont une bonne dizaine de concessionnaires, en effet, à reprocher à l’office de prendre trop son temps pour traiter les dossiers en suspens. Aujourd’hui regroupés dans ce qu’ils appellent l’Union pour la promotion du secteur automobile au Maroc (UPSAM), les concessionnaires en question ont décidé de monter au créneau, qualifiant le blocage des nouveaux modèles qui dure depuis janvier 2009 d’intolérable. «Qu’on nous donne une réponse, quelle qu’elle soit, et que nous ayons de la visibilité pour continuer notre activité ou fermer boutique. Même le ministre refuse de nous répondre et encore moins l’idée de nous recevoir», s’emporte Chakib Belkhadir, DG de Stockvis Nord Afrique et délégué général de l’UPSAM.
Ces professionnels, qui disent employer 1 100 personnes et verser à l’Etat 360 MDH de recettes fiscales, estiment avoir investi en trois ans plus de 420 MDH. Aujourd’hui, en plus du manque de visibilité, ils subissent, disent-ils, un grave préjudice à cause des rumeurs du marché selon lesquelles les véhicules originaires de ces pays ne seraient plus autorisés à circuler dans le pays. Et M. Belkhadir d’ajouter : «Même notre réseau commence à nourrir des doutes sur l’activité et les commandes comme les ventes sont en baisse libre alors que nous sommes arrivés à des ventes cumulées de 10 000 voitures, pick-up et petits camions, ce qui est appréciable sur un marché de 120000 unités vendues sur l’ensemble du pays».
Les professionnels parlent de blocages administratifs qui toucheraient 128 dossiers. Ils résument leurs demandes en deux points : la clarification des raisons du blocage pour les nouveaux véhicules et l’instauration de passerelles de dialogue et de concertation avec les responsables. Pour motiver leur requête, ils rappellent que le Maroc est encore sous-équipé avec un taux de motorisation de 65 véhicules pour mille personnes contre 110 en Algérie, 350 en France et 700 aux Etats-Unis.

L’office exige le respect de la réglementation
Mais du côté de l’Office national d’homologation, c’est un autre son de cloche. Son directeur, Abdelaziz Zaïm, nie en bloc toutes les accusations des professionnels. Il s’ explique : «Il est vrai que je refuse de discuter avec une association car ce n’est pas mon rôle. Mais je reçois les concessionnaires en tant que professionnels de la vente automobile. Maintenant, il est normal, comme dans tous les pays, qu’il y ait des normes qu’il faut absolument respecter et cela concerne aussi bien la sécurité que le crash test ou les jantes ou encore les pneumatiques». Le directeur de l’ONH invite les professionnels, «qui connaissent bien leur métier», insiste-t-il, à produire les pièces demandées pour l’instruction de chaque dossier. Tout simplement. «La procédure n’a rien de mystérieux et ne souffre aucune confusion. Un dossier incomplet va rester en souffrance tant que l’importateur n’a pas apporté les clarifications exigées par la réglementation. A fin novembre, nous avons traité 237 dossiers sur une moyenne annuelle de 250. Au jour d’aujourd’hui, nous sommes, en tant qu’agence nationale d’homologation, en attente de compléments de justificatifs pour le reste et, pour moi, le problème se résume strictement à cela», fait-il savoir.
Les importateurs eux affirment ne rien avoir contre le respect de la réglementation, mais mettent en avant le fait qu’on leur demande à chaque fois de produire de nouveaux documents. «Comment voulez-vous voir le bout du tunnel quand la liste des documents à produire se termine avec la mention ‘‘etc’’.», s’insurge un des importateurs qui a tenu à garder l’anonymat et qui parle d’une porte ouverte aux abus ou encore de tentative de protéger les importations de voitures européennes contre la concurrence.