Affaires
Vision 2010 : les petit mots du président de la Fédération tourisme
Il approuve la réforme de la Taxe de promotion touristique, mais invite l’Etat à aller vite dans son application
L’essoufflement dans la mise en œuvre de la Vision 2010 guette
Les guichets
uniques et le financement des futures unités hôtelières sont
des projets à la traîne.

Le président de la Fédération tourisme est sorti déçu de la dernière réunion du comité stratégique concernant le secteur. Déçu, mais pas découragé. Pour lui, il y a certes des réalisations mais les différents projets de réforme doivent être accélérés. Explications et appréciations.
La Vie éco : Le Comité stratégique du tourisme a tenu sa réunion le 5 juillet. Bilan positif ?
Jalil Benabbès Taârji : Hormis un planning sur 18/24 mois à compter du 1er décembre 2005 pour l’application progressive du tarif industriel de l’eau aux hôtels et la validation du projet de convention pour les CRT (Conseils régionaux du tourisme), les représentants du privé, au grand complet, ont enregistré peu voire pas de résultats concrets et immédiats.
L’idée d’une taxe de sortie à la frontière à la place de la TPT (Taxe de promotion touristique) a été de nouveau soulevée. Quelle serait la valeur ajoutée de cette nouvelle formule ?
Nous avons proposé le 23 décembre dernier une deuxième variante pour la réforme de la TPT. Mais notre proposition d’intégrer la TPTdans les titres de transports internationaux n’a pas été retenue. Cette proposition a été insuffisamment débattue et méritait un meilleur sort. Ceci dit, la nouvelle formule consiste à instaurer une taxe (50 à 100 DH) à la sortie des ports et aéroports internationaux pour les porteurs de passeports étrangers sans gêner la fluidité du passage des frontières aéroportuaires et portuaires.
Les simulations effectuées et présentées conjointement avec l’ONMT sont encourageantes, puisque ce dernier recueillerait de 180 à 450 MDH progressivement de 2006 à 2010. Ce qui soulagerait d’autant le budget de l’Etat. Les avantages sont nombreux : respect des dispositions de l’Accord d’application sur le tourisme, facilitation du recouvrement (100 % au lieu des 80 % pour la formule actuelle), réduction de l’effort relatif de l’Etat, consécration du principe du paiement effectif par les touristes…. Du reste, cette formule est appliquée par de nombreux pays touristiques comparables au Maroc.
Son application va nécessiter un délai de réflexion pour les pouvoirs publics. Nous souhaitons vivement que ce délai ne soit pas trop long…
Ce n’est pas le seul projet qui attend. Il y a aussi la fiscalité locale …
En un mot c’est le statu quo sur ce dossier. Notre projet de taxe touristique locale unique est bien accueilli. Mais les outils semblent faire défaut aux services compétents pour l’étudier comme il le mériterait. Nous nous éloignons donc passivement des dispositions de l’Accord d’application. La réforme est encore une fois reportée. Nous sommes déçus et espérons revenir sur ce sujet en 2006.
Les CRT font l’objet d’un projet de convention pour l’harmonisation de leur fonctionnement. Quels sont les changements attendus à ce niveau?
Ce projet est un des deux seuls sujets de satisfaction immédiate et concrète. En effet, il s’agit d’une ambition que je portais bien avant mon mandat actuel et qui faisait partie de mes engagements : le ministère du Tourisme a joué le jeu sur ce point et s’est basé sur la plate-forme des présidents des CRT pour produire ce projet de convention aujourd’hui validé par l’Intérieur et confirmé par le premier ministre.
Ce texte renforce et institutionnalise davantage les CRT et assure le financement de leur fonctionnement au-delà de nos attentes (de 1,5 à 3 MDH par an en fonction du volume du tourisme de la région considérée). Il clarifie leurs rôles et prérogatives et les met en concordance avec leurs moyens, ce qui n’était généralement pas le cas.
Tous les CRT vont bénéficier de cette convention. Les jeunes CRT encore plus que leurs aînés dans la mesure où ils pourront disposer, dès janvier 2006, d’un encadrement permanent et de qualité.
Et pour mieux avancer, je propose que les CRT opèrent bientôt une «fusion-acquisition» des syndicats d’initiative, voire des délégations régionales du tourisme : quel meilleur aboutissement du partenariat public/privé !
Et le projet de guichet unique dans les stations touristiques ?
Aucun progrès depuis plus de six mois. Cette situation repose le problème des ressources humaines clairement insuffisantes du ministère de tutelle. Les éléments disponibles sont saturés. J’ai donc plaidé cette cause auprès du premier ministre.
Y a-t-il un début de solution pour le financement des fonds propres des futures unités hôtelières ?
Le diagnostic est fait depuis longtemps et les propositions des experts sont là, mais il n’y a aucune décision de prise à ce jour… Autant les mécanismes et les offres de la dette bancaire ont bien évolué depuis Ouarzazate autant la problématique des fonds propres stagne. Pour être plus complet, l’élargissement des responsabilités de notre ministre à l’Artisanat, depuis 13 mois, n’a pas servi notre agenda commun.
Doit-on en conclure que la Vision 2010 prend du retard ?
Mon souci et vœu principal est d’éviter tout essoufflement de la dynamique formidable de la «Vision 2010» : c’est un risque permanent qui nous guette ! Un essoufflement que personne ne peut se permettre. Seule une lecture conjointe constamment actualisée et cohérente nous permettra de maintenir le cap à un rythme convenable.
A ce propos, il arrive encore trop souvent que nous ayons des lectures «libres» alors que nous avons débattu pendant toute la décennie précédente pour aboutir à un accord cadre encore unique en son genre par sa qualité et sa portée exceptionnelle. Concentrons-nous aujourd’hui sur son exécution, je suis tenté de dire, «sans état d’ame».
Et l’Observatoire du tourisme…
Après la création formelle de cette structure en février 2005, son président a eu le souci de travailler en parfaite entente avec la direction de la planification du ministère du Tourisme. Les plans d’action 2005 ont été immédiatement arrêtés et validés par son conseil d’administration. Il s’agit d’un instrument utile et qui deviendra progressivement indispensable à tous les décideurs de la chaîne du tourisme
Jalil Benabbès Taârji Président de la Fédération tourisme
«L’élargissement des responsabilités du ministre du Tourisme à l’Artisanat, depuis 13 mois, n’a pas servi notre agenda commun».
