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Affaires

Vision 2010 : encore du chemin à  faire

Le Maroc a pu attirer 6 millions de touristes en 2006, mais il risque de se
retrouver en défaut de capacité.
D’ici 2010-2012, 600 000 emplois nouveaux auront été créés.

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Malgré ses atouts naturels, sa diversité géographique, son histoire, ses deux façades maritimes, proximité de gros marchés émetteurs, bref, un potentiel énorme, le Maroc ne reçoit pas encore un nombre de touristes à la hauteur de ce potentiel. L’industrie touristique nationale représente moins de 1% du marché mondial. C’est dire que malgré les progrès amorcés depuis 10 ans, une croissance annuelle moyenne de 15%, la marge de manœuvre est encore très grande. En effet, si le Maroc a reçu, en 1996, 2,6 millions de touristes, il a accueilli, en 2005, près de 6 millions de visiteurs.Cette progression est due au fait que le gouvernement et le secteur privé ont entamé en 2001, de concert, une politique volontariste pour donner à ce secteur la place qu’il mérite dans l’économie du pays. Car, force est de constater que s’il y a toujours eu auparavant des investissements dans le domaine du tourisme, ils n’étaient ni soutenus par une vision, ni par une politique de promotion efficace. C’est ce que devait apporter la «Vision 2010» et son objectif des 10 millions de touristes à cet horizon, vision consacrée par l’accord-cadre, signé le 10 janvier 2001, sous la présidence effective du Souverain, entre le gouvernement et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), suivi quelques mois plus tard par la signature d’un accord d’application de ce contrat-programme, qui dresse, d’une part, un diagnostic pertinent de l’état des lieux, et consigne, d’autre part, les engagements de chaque partie pour hisser le tourisme en tant qu’industrie à niveau honorable. Cette politique peut se résumer en une phrase : des investissements et une promotion ciblées, s’appuyant sur une politique régionale, avec une feuille de route, des étapes d’exécution, et des rencontres annuelles pour mesurer l’état d’avancement et corriger, s’il y a lieu, les travers de cette politique.

Quatre axes ont été privilégiés
Miser en force sur le balnéaire dans le cadre du «Plan Azur», avec la construction de six stations modernes, dont cinq sur la côte atlantique (Taghazout à Agadir, El Jadida, Essaouira, Larache et Guelmim) et une sur la Méditerranée à Saïdia, près d’Oujda, avec au total 120 000 lits dont 85 000 lits hôteliers. Quatre de ces projets sont aujourd’hui concédés à des aménageurs et investisseurs de renommée nationale et internationale, il s’agit des stations de Saïdia, El Jadida, Essaouira et Larache. La station de Taghazout est pratiquement concédée, puisque les négociations vont bon train avec le Groupe Colony Capital. Quant à Guelmim, «Plage Blanche», elle sera concédée au courant de cette année 2006. Certes, des stations ont connu du retard ou quelques ratés comme ce fut le cas de la station de Taghazout, mais le processus est enclenché, et les rectificatifs apportés ici ou là témoignent du suivi qui est fait des programmes.

Le repositionnement, avec des investissements nouveaux, de certaines destinations culturelles et balnéaires dans le cadre d’un plan appelé «Mada’in» s’appuie à la fois sur la construction de petites stations qui vise aussi bien les touristes étrangers que nationaux.

Le développement du tourisme rural et de niches avec la définition de plusieurs PAT(Pays d’accueil touristique). Les produits de niches qui ont été lancés rencontrent un engouement certain, mais d’une manière générale le tourisme rural, dont la demande est importante, se heurte à une insuffisance flagrante en ressources humaines, à laquelle il faut ajouter l’inégale implication des élus locaux selon les régions. Ceci est d’autant plus important que ce volet s’appuie sur les PDRT ( Plans de développements régionaux touristiques) dont, à ce jour, un seul, celui de Fès, a été mis en œuvre. Il va être suivi de celui de Casablanca dont la convention avec le CRT de la ville vient d’être signée, les autres plans (Agadir, Tanger, Tétouan , Ouarzazate, Meknès, etc.) étant à des stades de finalisation plus ou moins avancés.

Un intérêt nouveau envers le tourisme interne avec la conception d’une politique propre, notamment pour ce qui est de la construction d’infrastructures adaptées, des promotions et une communication régulières pour encourager les voyages des Marocains, et, enfin, la poussée à l’émergence de tour-opérateurs grossistes pour la commercialisation de produits destinés au nationaux avec qui les négociations sont en cours.

Une politique de promotion agressive et efficace
L’autre versant de cette politique est constitué par la libéralisation du transport aérien et l’adhésion du Maroc à l’«Open sky» européen. Cette initiative du Maroc qui a abouti somme toute assez rapidement est très suivie dans le pays du pourtour méditerranéen.
Enfin, tous ces objectifs ne pourraient être atteints sans la mise en branle d’une politique de promotion efficace et agressive. Ici, la stratégie choisie, faute de gros moyens, est de cibler certains marchés émetteurs plus que d’autres. Mais viendra sans doute un jour où il va falloir prospecter d’autres marchés que ceux de nos voisins immédiats du Nord.

La réalisation dans le rythme et dans les délais de cette politique devra permettre d’atteindre l’objectif des 10 millions de touristes, la mise sur le marché de 160 000 lits supplémentaires dont 130 000 dans le balnéaire et 30 000 pour les destinations culturelles pour atteindre au total 230 000 lits. L’investissement est estimé à plus de 90 milliards de dirhams et les emplois nouveaux à 600 000 emplois, alors qu’on table sur un taux de croissance du PIB de 8,5% dont le secteur du tourisme contribuerait à hauteur de 20%. On aura, alors, un tourisme vecteur de développement.

La destination Fès, encore sinistrée il y a deux ans, a profité de l’augmentation des fréquences aériennes.