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Affaires

Vendre en Chine : c’est possible

La Chine représente seulement 3 % des importations marocaines et absorbe 1% seulement de nos exportations
Conserves de poisson, agrumes, cuir, artisanat… des opportunités existent
Les joint-ventures avec des partenaires chinois sont le meilleur moyen pour attaquer ce marché.

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C’est une évidence. L’offensive commerciale de la République populaire de Chine à travers le monde ne laisse personne indifférent. Ce ne sont pas les opérateurs marocains qui diront le contraire. Certes, depuis quelques années, on trouve sur la place des produits en provenance de l’Empire du Milieu. Mais l’ouverture de sociétés de négoce par des opérateurs chinois, parfois associés à des partenaires marocains, a suscité un regain d’inquiétude et généré un réflexe protectionniste très musclé, même si dans son discours le patronat n’invoque que la sous-facturation des produits proposés et leur «mauvaise qualité», pour motiver la fronde.
Il est vrai que les Chinois sont souvent accusés d’user de pratiques commerciales anti-concurrentielles, entre autres le dumping, pour pénétrer un marché. Il est également avéré que leurs produits, parfois peu fiables, occupent plus que par le passé les rayons d’un grand nombre de magasins. A ce sujet, Mustapha Mechahouri, ministre du Commerce extérieur, précise que les mécanismes de sauvegarde peuvent être actionnés, selon les règles édictées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) – dont la Chine est membre – en cas de fraude avérée. Le problème est que les opérateurs qui ont déposé des plaintes ne fournissent pas les informations permettant d’entamer une procédure.
Dans tous les cas, il est utile de se demander si la situation actuelle est suffisamment critique pour que l’on évoque l’asphyxie du marché ou la mise à mort d’un pan de l’économie ?

Il n’y a pas lieu de s’affoler mais plutôt de saisir les opportunités
Bien évidemment, dans des cas pareils, il y a toujours des pertes de parts de marché. Il n’en demeure pas moins qu’on est encore loin de la situation apocalyptique que l’on annonce. Le volume des échanges entre les deux pays est encore faible. D’après les chiffres du ministère du Commerce extérieur, ils totalisent 5,3 milliards de DH, à fin décembre 2003. Avec 4,6 milliards de DH, la Chine ne représente, à la même date, que 3 % des importations marocaines et 1 % des exportations pour un montant de 631 millions de DH. De même, si les importations d’origine chinoise ont augmenté de 24 % par rapport à 2002, les exportations marocaines vers ce pays ont bondi de 117 % durant la même période (voir interview en page suivante). En somme, le commerce se fait dans les deux sens, quand bien même la gamme de produits venant de Chine est de loin plus diversifiée que l’offre marocaine, dominée par les produits chimiques (engrais phosphatés).
Bref, il serait un peu réducteur de faire une fixation sur la présence commerciale chinoise. La démarche la plus appropriée dans un contexte d’ouverture est de se dire qu’il y a des opportunités à saisir dans ce pays, qui abrite 250 millions de consommateurs dotés d’un pouvoir d’achat conséquent, sur une population de 1,3 milliard d’habitants.
Outre les exportations traditionnelles comme les produits de la mer, les produits chimiques et le cobalt, dont le volume peut être augmenté, il existe beaucoup d’autres opportunités. Par exemple, les composants électroniques fabriqués au Maroc ont fait une percée remarquable dans ce pays. L’artisanat, le marbre, les agrumes, l’olive, l’huile d’argane, le cuir y sont aussi demandés, indique le service économique de l’ambassade de Chine à Rabat. Le tourisme est aussi un axe sur lequel il faudra travailler
Mais, pour y faire des affaires, il faut d’abord commencer par connaître le terrain. Mustapha Mechahouri s’y est rendu en juillet dernier à la tête d’une délégation d’hommes d’affaires. C’est une initiative intéressante qui laisse peut-être entrevoir une présence régulière des opérateurs sur le terrain, d’autant que la prospection sur un marché complexe et très segmenté est un travail de longue haleine. A ce titre, notons que le Centre marocain de promotion du commerce extérieur (CMPE) commence à préparer le terrain. Pour ceux qui veulent y aller dès maintenant, Azzedine Haddaoui, chargé d’affaires à l’ambassade du Maroc à Pékin, conseille d’explorer les possibilités de création de joint-ventures (procédure pratiquement obligatoire) avec des partenaires chinois pour saisir les opportunités qui s’offrent dans les deux sens. C’est une démarche à peu près identique que suggère le service économique de l’ambassade de Chine à Rabat. En somme, s’il existe de réelles opportunités, les solitaires ont peu de chance de décrocher le gros lot

Il y a des opportunités à saisir dans ce pays qui abrite 250 millions de consommateurs dotés d’un pouvoir d’achat conséquent. Outre les exportations traditionnelles, les composants électroniques, l’artisanat, le marbre, les agrumes, l’olive, l’huile d’argane et le cuir sont demandés.