Affaires
Urbanisme : l’habitat avance mais les équipements collectifs ne suivent pas
Les équipements à la charge des administrations réalisés avec beaucoup de retard faute de budget.
Pour le premier semestre 2009, 400 ouvrages ont été autorisés contre 900 pour toute l’année 2008.
La norme impose une école pour 8 000 habitants, un collège pour 16 000 et un centre de santé pour 30 000.
Depuis le début du programme «Villes sans bidonvilles», un des volets sur lequel les pouvoirs publics ont tenté de mettre l’accent, est l’accompagnement social. Combien de fois, on s’en rappelle, les habitants de tel ou tel bidonville ont refusé d’aller s’installer dans les logements qui leur étaient destinés. C’est que, dans plusieurs cas aussi, les nouveaux quartiers ne sont pas encore desservis en transport, n’ont pas d’écoles, pas de marchés, etc. L’accompagnement social a pour objet, justement, d’aider les ménages à entamer leur nouvelle vie. Mais ce n’est pas pour autant que le problème de fond, celui de l’absence des équipements socio-collectifs, est réglé. Aujourd’hui encore, plusieurs lotissements et quartiers dans les grandes villes n’en sont pas encore pourvus.
Tous les intervenants, promoteurs privés, Al Omrane et l’Etat, sont pointés du doigt par les acquéreurs. Mais qui est réellement responsable de la réalisation de ces équipements ? Et comment sont-ils prévus ?
Il faut d’abord savoir que ces équipements, qui peuvent être une maison des jeunes, un commissariat de police, une école, un marché, une commune ou un centre sportif, dépendent de plusieurs administrations et peuvent concerner des services aussi nombreux que différents.
Globalement, «toutes les Agences urbaines du Royaume ont autorisé la construction de 900 équipements socio-collectifs en 2008, contre 400 équipements au premier semestre 2009», explique Saïd Zniber, directeur de l’architecture au ministère de l’habitat et de l’urbanisme. La ville de Casablanca est bien placée avec 135 équipements autorisés sur une superficie globale de 334 298 m2, alors qu’ils étaient 259 sur une superficie de 564 004 m2 en 2008.
En fait, il existe deux types d’équipements socio-collectifs. Plus grands, les premiers sont prévus dans les documents de l’urbanisme comme les schémas directeurs des villes ou les plans d’aménagement. «Ce genre d’équipements concerne généralement trois domaines : la santé, l’enseignement ou le culte. Leur réalisation est du ressort des départements de tutelle. Lourds et coûteux, ces équipements nécessitent des enveloppes budgétaires qui font souvent défaut aux administrations censées les réaliser. C’est pour cette raison qu’ils sont réalisés tardivement parfois des années après que les habitants se soient installés», reconnaît-on auprès du ministère de l’habitat et de l’urbanisme.
Au niveau de chaque Agence urbaine, il est prévu un nombre d’équipements qui est fonction du nombre de logements prévu pour chaque quartier.
Cette grille prévoit combien d’écoles primaires ou secondaires, combien d’équipements sportifs et combien de centres de santé doivent être construits. Ainsi, on apprend auprès du ministère de l’habitat qu’il faut obligatoirement prévoir une école primaire pour 8 000 habitants et un collège pour 16 000 habitants.
Dans les villes nouvelles, c’est Al Omrane qui détermine les équipements nécessaires
Un centre de santé urbain doit être prévu pour 30 000 habitants et dans un rayon de 2 kilomètres. Il est même envisagé une mosquée pour la prière du vendredi dans un rayon de 600 mètres. Les postes de police ne sont pas en reste puisque la liste en prévoit un, dit de proximité, dans un rayon d’un kilomètre et demi et un deuxième, appelé arrondissement de police, tous les 2,5 km.
Le second type d’équipements socio-collectifs, quant à lui, est généralement réalisé par le secteur privé. «Il s’agit par exemple des supermarchés, petits commerces ou encore des piscines collectives. Ces équipements peuvent être rentables pour les promoteurs qui les réalisent et sont plus faciles à construire», explique un membre de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI). Selon lui, ces équipements sont le plus souvent programmés dans le cadre des négociations avec les autorités locales. Pour illustrer ses propos, ce professionnel cite l’exemple de Casablanca. «Lorsque vous présentez un projet à la commission des dérogations, celle-ci peut vous réclamer la construction d’un équipement en contrepartie de l’obtention de la dérogation. C’est un système gagnant/gagnant qui permet à toutes les parties de trouver un terrain d’entente», souligne-t-il.
Saïd Sekkat, secrétaire général de la FNPI, explique, pour sa part, que les équipements à la charge des promoteurs, qu’ils soient rentables ou pas, sont toujours réalisés dans les délais. Pour la simple raison que «si le promoteur tarde dans la réalisation des équipements à sa charge, il ne peut tout simplement pas avoir son permis de construire. Le contrôle de réalisation des équipements s’effectue même à deux niveaux : l’agence urbaine et la conservation foncière lors de l’enregistrement», insiste M.Sekkat.
Signalons par ailleurs que c’est ce même système qu’utilise le holding public d’aménagement Al Omrane pour équiper les villes nouvelles. «Al Omrane négocie avec les promoteurs privés la construction d’équipements socio-collectifs en plus de logements dans chaque ville nouvelle qu’il lance. Le holding d’aménagement chiffre lui-même les besoins des villes qu’il lance, souvent en fonction du nombre d’habitants, pour fixer la liste des équipements nécessaires», indique M.Zniber. Mais ce n’est pas tout. Dans de grandes villes, comme Casablanca, les nouveaux quartiers, en plus de l’absence de ces équipements, sont également en manque de services de transport en commun notamment les bus.