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Université de Mohammédia, un bà¢timent cohérent malgré les contraintes
Présidence de l’Université Hassan II de Mohammédia : une architecture publique contemporaine, sobre et empreinte de solennité, réalisée par l’architecte Mounia Chaouni.

En direction de Rabat, une construction, sur la gauche, accroche le regard par un jeu contrôlé de pleins et de vides de ses volumes et désigne un nouveau bâtiment public à la sortie de la ville. De loin, il affirme d’une marque solennelle son environnement. A son approche, cette empreinte se modifie pour livrer à l’échelle de l’usager une lecture limpide de ses fonctions: communiquer et décider, accueillir et circuler, administrer. «Le bâtiment est simple comme son programme. Je le voulais sobre dans ses lignes et assez intemporel, qui se démarque de l’université avoisinante, pour créer un repère dans cette artère à l’entrée de la ville». Mounia Chaouni a dessiné, sur une parcelle de terrain assez réduite, un bâtiment compact composé de deux blocs, l’un ouvert et aérien, l’autre plus fermé et dense, communiquant par un espace totalement transparent qui les associe.
Une hiérarchie de lecture s’installe. La façade principale est un premier plan qui prend toute sa signification dans son rapport avec la ville. Elle n’offre aucune indication possible des différents étages, seulement des modules lisses en béton, blanc ou sable, tout en hauteur : vide et colonnes à droite, vide et pans de murs pleins à gauche. Ce n’est que dans les séquences suivantes, retraits ou retours des façades, que l’architecte a installé un maillage plus ou moins serré de baies, comme pour protéger les fonctions et contrôler la lumière.
Des bureaux éclairés en lumière naturelle
Le mutisme du premier plan guide sans hésitation l’usager vers l’entrée au centre de l’édifice. Une verrière protégée en partie de lames brise-soleil ceinture cette zone d’accueil et de circulations. Elle permet une vue traversante sur l’arrière de la parcelle. Cet espace libre – de sol en toiture – ne reçoit que les volées de l’escalier et les coursives de chaque niveau simplement protégées d’un garde-corps vitré.
A droite, après une avancée de mur couleur sable, douze colonnes en béton de même ton cernent les trois côtés de cette partie de la construction. Elles capturent l’espace compris sous la haute pergola, composée d’un quadrillage de poutres et poutrelles blanches perpendiculaires les unes aux autres. Ce vide maîtrisé est en partie habité – de rez-de-jardin en toiture – par un bloc vitré avec des allèges. Ses façades rectilignes s’incurvent à l’extrémité. Il accueille sur trois niveaux une salle de conférences, les bureaux des cadres et celui de la présidence.
A gauche, une séquence différente propose un mur aveugle blanc, puis un vide contenu sur les côtés par deux petites façades à angle droit et au sol par un jardin très ras, comme un tapis au centre d’un patio. A l’extrémité, un voile de béton couleur sable se retourne en équerre pour esquisser la façade latérale de ce corps plus vaste qui abrite l’administration. Sa façade arrière est composée d’un mur plein ajouré d’étroites baies en bandes horizontales, soulignées par l’avancée de fines lamelles de béton. Une poutrelle légèrement décollée de l’acrotère relie tous ces éléments entre eux.
Un jardin dessiné s’enroule autour de la clôture d’enceinte, blanche et ajourée. Il s’immisce, à l’extérieur, dans tous les espaces libres composés par l’architecte, jusqu’à pénétrer à l’intérieur avec un jardin d’hiver dans toute la zone au pied de l’escalier. La disposition des espaces est fonctionnelle et les bureaux éclairés en lumière naturelle, luminosité accentuée par le traitement blanc des sols et des murs.
Un projet structuré conduit par un trio de femmes, avec la volonté d’aboutir malgré des contraintes budgétaires pénalisantes : Rahma Bourqia, première femme présidente d’université depuis avril 2002, maître d’ouvrage ; N. Mkinsi, directrice générale de la CGI, maître d’ouvrage délégué ; Mounia Chaouni, maître d’œuvre. «Mon idée initiale était d’avoir des matériaux bruts : acier et béton, bois et verre. De fait, le bâtiment a complètement changé d’allure, sa prouesse est d’être cohérent sans être cher».
14 ans d’expérience dans la construction et le design
Mounia Chaouni est diplômée de l’Ecole spéciale d’architecture (ESA Paris) depuis 1988. Elle collabore aux cabinets des architectes Chorfi, Benchemsi et Molato avant de créer, en 1991, à Fès, son agence en association avec Saâd Slimani.14 ans d’expérience en maîtrise d’œuvre ou études et la création de mobilier et luminaire. Si son métier l’a amenée à réaliser des aménagements intérieurs à Paris ou New York ses principales études et réalisations au Maroc sont :
14 agences bancaires pour la BMCI dans l’est du Maroc
Projet EL Manzah (46 villas) pour la CGI à Rabat
Unités de stockage de céréales ou de production agroalimentaire à Fès et Mohamédia
Ecoles primaire à Fès et sa région
Villas à Casablanca, Fès, Ifrane et Rabat.
