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Une première au Maroc : un centre d’excellence de l’élevage ovin au Moyen-Atlas
Le centre couvre 1 000 ha relevant du patrimoine de la Sogeta.
Ses activités vont de l’amélioration génétique aux techniques de nutrition en passant par l’introduction de nouvelles plantes pastorales.

Une première dans les annales de l’élevage au Maroc. Un centre d’excellence pour l’élevage ovin est en cours de réalisation à Sidi Issa dans la région du Moyen-Atlas. Il s’agit d’un complexe intégré dont les activités vont de la reproduction à la commercialisation de la race locale dite de Timahdite en passant par son amélioration bien évidemment. Le projet qui est le fruit d’un partenariat entre le ministère de l’agriculture et les éleveurs représentés par l’Association nationale de l’élevage ovine et caprine (ANOC). Il bénéficie surtout de l’assistance technique du ministère de l’agriculture de l’Etat d’Australie occidentale et l’expérience sera élargie à toutes les régions du pays.
Les techniques d’embouche seront améliorées
C’est une ancienne station d’élevage d’une superficie totale de 1 000 ha relevant du patrimoine de la Sogeta qui sera ainsi transformée en centre d’excellence d’élevage ovin. Concrètement, il s’agit de «développer une chaîne de production intégrée qui permet de livrer une meilleure qualité de viande ovine pour le consommateur», détaille le Pr Graeme Robertson, consultant en recherche et développement, délégué par le gouvernement de l’Etat d’Australie de l’ouest pour cette mission.
La principale activité du complexe consiste en l’amélioration de la performance génétique de la race d’agneaux de Timahdite élevée dans le Moyen-Atlas. Ce sont 2 000 éleveurs qui bénéficieront au début de ce programme, selon l’ANOC. Grâce à l’expertise australienne, les recherches seront orientées dans le domaine de l’insémination pour parvenir à une meilleure race. L’idée est de mettre en place une banque de semences pour diffusion auprès des éleveurs de la région. «Cela va impliquer le transfert d’un savoir-faire et de technologies» , précise le Pr Robertson. A terme, une centaine de béliers géniteurs seront développés chaque année. Parallèlement à ce travail au niveau de la génétique, le centre s’emploiera à améliorer les techniques d’embouche. Ainsi,
50 000 agneaux profiteront de ces nouvelles techniques de nutrition qui permettront une croissance plus valorisante.
Un complexe intégré avec abattoir et usine d’aliments en projet
Mais ce n’est pas tout, l’introduction de nouvelles plantes pastorales et l’utilisation de nouvelles techniques pour améliorer leur rendement constituent un autre volet de l’activité du centre. A cet égard, les experts australiens comptent réintroduire une variété de plantes qu’ils avaient découverte au Maroc en 1994 et introduite en Australie, dans un climat similaire. Développée suite à des recherches poussées, cette plante a donné des résultats encourageants dans le domaine de l’élevage. Elle sera testée dans le centre de Sidi Issa avant d’être généralisée à toute la région du Moyen-Atlas. Le projet prévoit également un centre qui dispensera une formation au profit des éleveurs et des membres de leurs familles sur ces nouvelles techniques. Le complexe abrite déjà un foyer qui pourra servir d’internat pour les futurs «élèves».
Le coût d’investissement pour la réalisation de ce complexe est estimé à 18 MDH. Ce chiffre n’inclut cependant pas les dépenses relatives à deux autres activités qui pourraient y être développées.
De petites carcasses pour les particuliers et des ovins avec moins de gras pour les restaurants
La première est relative à la mise en place d’un abattoir privé avec ateliers de découpe «qui sera équipé d’importantes infrastructures qui permettent aux éleveurs de livrer une qualité supérieure de viande», souligne Pr Robertson. Le seconde activité, qui fait encore l’objet d’étude par les concepteurs du projet, porte sur la construction d’une usine d’aliments adaptés aux besoins de leur cheptel.
L’expert australien estime que le marché marocain est divisé en deux segments. Le premier concerne le consommateur lambda qui «veut en général une carcasse petite, sans beaucoup de gras, probablement une viande plus tendre que ce qui existe actuellement sur le marché». Par contre, le marché des hôtels, des sociétés de catering et de restauration a un penchant pour «les grandes carcasses avec une moyenne de 20 kg pour en extraire plus de filets, faux-filets et côtelettes mais aussi avec moins de gras», constate-t-il. Le problème au Maroc, selon Pr Robertson, «c’est que plus la carcasse de l’agneau est grande, plus elle contient de gras. Or, en Australie nous avons développé une race qui donne plus de viande et moins de gras. Cela veut dire qu’un travail important a été effectué au niveau de la reproduction génétique mais surtout au niveau des techniques d’alimentation. Une telle approche peut être judicieuse pour le Maroc», conclut-il.
