Affaires
Une journée avec les contrôleurs des prix à Casablanca
«La Vie éco» a suivi une brigade de contrôleurs de la préfecture de Casablanca-Anfa. Visites surprises, mises en demeure et sanctions prononcées séance tenante. n 21 commerçants traduits en justice et 52 fermetures provisoires depuis le début de l’année.

Pour de nombreux citoyens, une sortie des contrôleurs des prix et de l’hygiène est un événement banal parce qu’ils considèrent que de telles opérations ont peu d’efficacité. Sur le terrain, la réalité est tout autre et La Vie éco, qui a accompagné des agents de la préfecture de Casablanca-Anfa, a pu en faire le constat.
Il faut savoir, tout d’abord, qu’avec la loi sur la concurrence, on ne contrôle plus les prix mais l’affichage des prix ou la non-présentation de factures. Autre élé
ment à signaler: les sorties des contrôleurs sont de deux types. Il y a ce qu’on appelle la «commission préfectorale», composée de représentants de plusieurs services extérieurs.
Cette commission comprend aussi bien les sapeurs-pompiers que le service d’hygiène ou encore le service de la répression des fraudes, le service vétérinaire, la santé… Dans ce cas, la sortie ne concerne pas seulement les produits exposés à la vente mais l’état d’un magasin, le respect des normes de sécurité et d’hygiène et même l’existence d’un suivi de la santé du personnel, étant donné que celui-ci est en contact avec la marchandise.
Des visites aux heures de pointe
Deuxième type de sorties, celles des brigades d’enquêteurs qui dépendent de la préfecture et font quotidiennement des descentes chez les commerçants pour vérifier principalement s’ils respectent les dispositions relatives à l’affichage des prix et à la qualité des produits.
Les opérations de la commission se font selon un programme établi sur plusieurs semaines. Ce jeudi 5 septembre, ce sont les marchés Badr et de Benjdiya qui sont ciblés. La représentante du ministère de la santé explique que les sorties pendant le Ramadan se font quotidiennement, autant pour marquer les esprits chez les commerçants que pour rassurer le public, car ces visites commencent entre 13 et 14 heures, au moment où nombre de ménagères font leurs courses.
1 200 à 5 000 DH d’amende
Pour Mohamed El Asry, chef du service économique de la préfecture de Casablanca-Anfa, «les enquêteurs essaient d’être discrets et font des contrôles sur des échantillons pour ne pas gêner les commerçants et, souvent, quand tout est en règle, ils repartent sans se faire remarquer».
Sur quoi s’attardent les enquêteurs ou les membres de la commission ? A chacun sa partition : le représentant des sapeurs-pompiers va prêter attention à l’existence d’issues de secours, d’extincteurs, aux fils électriques qui pendent ou aux fissures sur les murs… Les autres s’intéressent aux produits. Des remarques ont été faites à des commerçants, et des produits avariés ou présentant des anomalies seront retirés sur le champ.
Ainsi, un commerçant est rappelé à l’ordre et, séance tenante, convoqué au service économique pour le surlendemain. Un membre de la commission explique pourquoi : «Ce commerçant a déjà reçu une mise en demeure mais n’a pas obtempéré, nous sommes obligés de le secouer. En cas de récidive, nous prendrons une mesure plus radicale». En fait, de retour à la préfecture, la commission élargie va statuer sur chaque cas et présentera ses recommandations au gouverneur qui prendra les mesures qui s’imposent. La sanction peut aller jusqu’à la fermeture provisoire du commerce.
Depuis le début de l’année et jusqu’au 10 septembre, ce sont 149 contraventions qui ont été dressées : 52 commerces ont été fermés et 97 ont reçu des mises en demeure, indique M. El Asry. Il ajoute : «Il faut noter qu’il y a deux sortes d’interventions. Celles qui relèvent des sanctions entérinées par le gouverneur en personne et qui ont un caractère administratif.
Pour le reste, comme le défaut d’affichage des prix, ou des infractions graves comme le refus de vente ou une vente conditionnée – des faits rares, il faut le dire -, la commission oriente la plainte directement vers le tribunal. Durant le seul mois de Ramadan, 21 cas ont donné lieu à des procédures en justice. Le propriétaire d’une mahlaba comme un marchand de légumes pris en flagrant délit de défaut d’affichage des prix après plusieurs rappels à l’ordre risquent une amende de 1 200 à 5 000 DH».
Ces inspections changent-elles quelque chose dans les habitudes des commerçants ? Oui, explique un membre de la commission qui désigne du doigt des bouchers qui ont installé une vitrine frigorifique au marché Badr. «Il y a deux mois, la viande était exposée sans aucune protection. Ils ont été sensibilisés et y gagnent puisque leurs produits gardent toute leur fraîcheur en fin de journée».
Autre exemple au marché Benjdiya : les vendeurs de volaille ont banni le bois au profit de vitrines métalliques et ont opté pour le carrelage de faïence sur les murs, comme le stipule la nouvelle loi sur le secteur avicole.
