Affaires
Un Fogarim pour les salariés de la classe moyenne
Une garantie de l’Etat à hauteur de 800 000 DH pour les crédits logement contractés par les cadres du secteur privé.
Le salaire ne devra pas dépasser 10 000 DH par mois et 15 000 DH pour le couple.
Le ministère des finances est en négociation avec les banques pour finaliser l’offre.
Bonne nouvelle pour les cadres de la classe moyenne ! Le Fonds de garantie des crédits immobiliers sera étendu aux salariés du privé à revenu plus élevé. L’annonce en sera faite d’ici la mi-janvier. La mesure entre dans le cadre du soutien à la classe moyenne. En effet, après avoir entamé – certes avec un succès mitigé pour le moment – des démarches en vue de pousser à la construction de logements pour cette catégorie de population, dont la valeur immobilière totale devrait se situer entre 600 000 et 900 000 DH, le gouvernement entend actionner le levier du financement en poussant les banques à s’engager pour des prêts spécifiques, en apportant notamment sa garantie.
Ce sera donc un Fogarim pour la classe moyenne, préparé par les départements de l’habitat et des finances. Plus précisément, la mesure s’inscrira dans le cadre du produit «Damane Essakane» réunissant l’ensemble des fonds de garantie de prêts immobiliers (voir ci-après).
A l’heure où nous mettions sous presse, les nouvelles conditions n’étaient pas encore officiellement arrêtées. «Les deux départements discutent encore avec les banques du niveau de la couverture que ces dernières sont prêtes à accepter», confie-t-on auprès du ministère des finances. Mais, selon les premières informations, la garantie, qui portait sur un plafond ne dépassant pas les 350 000 DH, sera nettement plus élevé pour des prêts naturellement plus importants. «Dans la nouvelle version, les prêts immobiliers bénéficieront d’une couverture pour un montant compris entre 600 000 et 800 000 DH», confie un haut responsable au ministère des finances. Naturellement, comme les bénéficiaires de cette nouvelle extension sont des cadres aux revenus plus élevés, la refonte devait également toucher le niveau du salaire maximal. Ainsi, pourront en bénéficier les cadres du secteur privé dont le salaire ne dépasse pas 120 000 DH net par an, soit 10 000 DH par mois sur 12 mois. Quand il s’agira d’un couple de salariés, désireux de s’engager tous deux dans un crédit conjoint, le revenu maximal donnant lieu à éligibilité pourra atteindre 15 000 DH par mois.
Pour Youssef Ibn Mansour, président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI), la mesure donnera une bouffée d’oxygène au secteur. Selon lui, cette réforme tombe à point nommé puisque le Fogarim actuellement en vigueur «n’est plus dimensionné pour les prix des logements existants sur le marché». Allusion faite aux logements sociaux dont le prix était initialement fixé à 200 000 DH et qui se vendent aujourd’hui à 350 000 voire 400 000 DH.
Certains professionnels du secteur immobilier restent dubitatifs quant à l’attrait du nouveau dispositif. «La classe moyenne a besoin d’un segment de logements adapté au niveau des prix. Car, pour ce qui est des prêts, cette classe dispose d’un large choix au niveau du circuit bancaire» , répond un banquier de la place. M. Ibn Mansour reste quant à lui convaincu que le Fogarim revisité permettra à des nouvelles catégories sociales de bénéficier plus facilement d’un crédit logement.
Seuls 58 dossiers ont été acceptés dans le cadre du Fogaloge
Cette assurance du président de la fédération est partagée par les pouvoirs publics et trouve son fondement dans le succès remarquable du produit phare de la garantie de l’Etat aux prêts immobiliers : le Fogarim. Lancé en 2003, et après un démarrage timide, le Fogarim a, jusqu’à fin novembre 2008, permis l’octroi de 43 000 prêts. Sur la base de 5,2 personnes en moyenne par ménage, ce sont donc environ 224 000 Marocains qui ont pu bénéficier d’un logement digne de ce nom en 5 ans. Autre fait notable, les prêts ont été consentis à un taux moyen de 5,1%. Le fonds permettant une couverture de 70% par la garantie de l’Etat, l’encours garanti à ce jour se monte à 6,2 milliards de DH. Au ministère de l’habitat, on annonce une croissance de plus de 15 % par rapport à la même date de l’année dernière.
Quant au Fogaloge, qui ne couvre que 50% du prêt, il n’arrive toujours pas à attirer de clients. Seulement 58 dossiers ont reçu l’aval en cinq années d’existence. La raison en est que, dans son ancienne mouture, le Fogaloge ressemblait plus à un crédit classique proposé dans le circuit bancaire. C’est pour cette raison que les clients préféraient s’adresser aux banques plutôt que d’attendre la réponse de la CCG.
D’où aussi la réforme opérée en septembre dernier. En fait, sur le plan financier, les deux fonds ont fusionné pour n’en former qu’un seul. Sur le plan administratif et commercial, le nouveau produit s’appelle désormais «Damane Essakane» et comporte deux formules différentes. La première, correspondant à l’ancien Fogarim, ne devrait pas subir beaucoup de changements : le financement d’une population à revenus non réguliers ou modestes et à activité de type artisanal ne pouvant produire de bulletin de paie. En revanche, pour la seconde formule, correspondant au Fogaloge, des changements de fond ont été faits. Initialement destiné aux fonctionnaires, le Fogaloge a été ouvert aux salariés du secteur privé. Le périmètre de couverture et le revenu annuel ont aussi été revisités : le montant du prêt garanti a été porté à 350 000 DH au lieu de 200 000 auparavant, le salaire net annuel du bénéficiaire pouvant atteindre 72 000 DH au lieu de 36 000. De même, la mensualité maximale à supporter ne devrait plus dépasser les 35 % des revenus nets d’impôts et de charges sociales de l’emprunteur.
Avec la nouvelle réforme, qui consiste à étendre le dispositif aux classes moyennes, l’effet Fogarim sera-t-il le même pour cette nouvelle catégorie de clientèle ? La demande de logements de la part de cette population, dans tous les cas, existe. Elle sera d’ailleurs la plus forte au cours des années à venir. Reste à trouver lesdits logements (voir encadré).
