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Un budget de 3,7 milliards de DH pour la refonte du système pénitentiaire

Douze nouveaux établissements d’une capacité globale de 13 000 lits verront le jour d’ici 2018. L’essentiel du budget sera consacré à l’humanisation des conditions de détention. Un programme de réinsertion des détenus dans la société sera également déployé.

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[row][third_paragraph] Left Side Content [/third_paragraph][paragraph_right] Right Side Content [/paragraph_right][/row]Les prisons du Maroc sont dans une situation déplorable. Preuve en est que ces établissements font souvent l’objet de vives critiques des instances de défense des droits de l’homme. En vue d’améliorer les conditions de détention, Mohamed Saleh Tamek, délégué général à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion, qui est aussi un ancien détenu politique, a adopté en 2015 une nouvelle stratégie 2016-2018 basée, entre autres, sur l’humanisation des conditions de détention et la préparation des détenus à leur réinsertion. Cette nouvelle stratégie implique une redéfinition de la carte pénitentiaire pour faire de la prison un service public vital de proximité, à l’image des autres services et la généraliser par la suite conformément au nouveau découpage régional du Royaume.

Un centre de réception, traitement et suivi des réclamations sera créé

Dans le détail, la stratégie 2016-2018 est constituée de quatre axes stratégiques qui se traduiront par le lancement de 19 projets et la mise en place de 130 procédures. Le déploiement de ce plan d’action nécessite un budget de 3,7 milliards de DH qui sera débloqué sur trois ans. 90% de ce budget, soit 3,34 milliards de DH, sera consacré à l’humanisation des conditions de détention. Notons qu’outre le taux de surpopulation carcérale qui dépasse les 44% au Maroc, les établissements de détention ne répondent pas aux normes et ne disposent pas des équipements et services de base. Face à tous ces maux, 12 nouveaux établissements d’une capacité globale de 13 000 lits verront le jour d’ici 2018. A cela s’ajoutent l’extension de trois établissements et la réhabilitation de 15 autres.

En plus de l’augmentation de la capacité d’accueil, la délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion veut améliorer la qualité des services offerts aux détenus.

En matière de restauration, l’administration a sous-traité cette prestation de service au groupe Newrest, spécialiste de la restauration collective au Maroc. «La société est en train d’aménager des espaces de restauration au sein de tous les établissements comme prévu dans le cahier des charges», confirme un responsable au sein de la DGAPR. L’opérateur est tenu de servir quotidiennement des repas de qualité, mais aussi de préparer des plats spéciaux pour les détenus à besoins spécifiques (personnes âgées, personnes atteintes de maladies nécessitant un régime alimentaire sain et femmes enceintes). Newrest organisera également des formations dans les métiers de la bouche au profit des détenus.

S’agissant des services de la santé, tous les centres abriteront désormais un service médical équipé et auront une ambulance à disposition. «Deux centres régionaux multi spécialité et trois centres de toxicomanie seront créés», relève-t-on dans le document que La Vie éco a pu consulter. L’augmentation du taux d’encadrement médical et paramédical ainsi que la signature de conventions avec des médecins spécialisés des secteurs privés et publics sont également prévues.

En matière de propreté, la délégation équipera les centres de douches supplémentaires en vue d’augmenter la récurrence d’hygiène hebdomadaire des détenus. Elle leur fournira aussi des produits d’hygiène. Enfin, un système de sanctions très sévères à l’encontre des agents qui maltraitent les détenus et abusent de leurs pouvoirs est mis en place. Un centre de réception, traitement et suivi des réclamations sera créé à cet effet. Les agents de contrôle au sein des établissements suivront également des formations en matière de droits de l’homme. Les détenus, quant à eux, bénéficieront de programmes de sensibilisation pour connaître leurs droits. La délégation compte également collaborer et communiquer davantage avec les associations de défense des droits de l’homme.

Renforcement de la sécurité à l’intérieur et autour des prisons

Deuxième axe, le développement du programme de réinsertion des détenus. Cet axe auquel a été réservé un budget de 140 MDH se traduira par le développement de programmes de formation professionnelle au sein des prisons et l’augmentation du nombre de places. En effet, dans le cadre d’un partenariat entre la DGAPR, la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus et l’OFPPT, de nouveaux centres et de nouvelles filières qui répondent aux besoins du marché du travail sont en cours de création. En plus, de nouveaux centres sportifs et culturels seront créés en concertation avec le ministère de la jeunesse et des sports qui mettra ses fonctionnaires à la disposition de l’administration et se chargera de l’organisation des compétitions sportives au profit des centres pénitentiaires.

Des programmes de suivi psychologique sont aussi prévus. L’administration envisage de faciliter les procédures des visites et d’augmenter leur récurrence. Elle mettra en place un programme pour l’organisation de visites au profit des détenus délaissés par leurs familles.

Le troisième axe, quant à lui, concerne la sécurité des détenus et des établissements. Ce projet qui nécessite un budget de 100 MDH vise à réduire le nombre d’agressions au sein des prisons mais aussi à équiper et former les agents de contrôle afin qu’ils soient capables de faire des interventions en cas de problème. Des postes de police et de la Gendarmerie royale seront également installés dans les annexes des établissements afin de renforcer la sécurité. A cela s’ajoute l’installation d’un système de vidéosurveillance et la mise en place de clôtures en fil de fer barbelé.

La DGARP débloquera enfin un budget d’investissement de 120 MDH pour le projet de modernisation de la gouvernance au sein de l’administration. Ce quatrième axe de la stratégie porte sur le recrutement de cadres spécialisés, la mise en place d’un nouvel organigramme mais aussi la promotion et le redéploiement des fonctionnaires, en plus de l’installation d’un système d’information aux standards internationaux.