Affaires
Transport urbain par autobus : Casablanca nage dans le flou
La décision de proroger ou non le contrat de M’dina bus devait être prise entre octobre et novembre 2018. L’Etablissement de coopération intercommunal aura la haute main sur le transport urbain. La bataille entre la société de transport et la ville continue sur le terrain judiciaire.

Enième rebondissement dans le feuilleton qui oppose la ville de Casablanca à M’dina Bus (voir lavieeco.com). Un mois après la suspension de l’appel d’offres lancé par Casa Transports, suite à la décision du tribunal administratif de Rabat, la session ordinaire de l’Etablissement de coopération intercommunal Al Baida a accouché d’une souris. L’annonce préalable concernant la suspension du contrat liant les deux protagonistes faite, il y a quelques jours, par Abdelaziz El Omari, président du Conseil de la ville et premier vice-président de l’ECI, n’a tout simplement pas eu lieu. Les élus ont tout bonnement décidé de ne pas prolonger le contrat qui expire fin octobre 2019. «En effet, l’article 5 de ce contrat rend possible de le prolonger d’une durée supplémentaire de 7 ans, après qu’il soit arrivé à échéance. Eu égard à l’état défaillant du service qu’offre M’dina Bus, nous avons décidé de ne pas prolonger le contrat», a déclaré au cours de la session M. El Omari.
Un autre appel d’offres sera lancé
Détail très significatif, l’éventuel prolongement aurait dû avoir lieu entre octobre et novembre 2018, soit douze mois avant l’expiration légale du contrat. Ceci nous pousse à relativiser la décision des élus, surtout que M’dina Bus n’a jamais demandé un tel prolongement. En tout cas, la ville a décidé de «déléguer les pouvoirs du Conseil de la ville à la présidente de l’ECI – en l’occurrence Imane Sabir, présidente du Conseil de la ville de Mohammédia – pour prendre la bonne décision, au moment opportun, pour la continuité de service dans ce qui reste du contrat».
A y bien réfléchir, et en tenant compte du nombre de voyageurs transportés par M’dina Bus, qui avance le chiffre de 141 millions de voyageurs annuellement, l’éviction de cette dernière ne peut être décidée, sans une alternative. Selon Karim Glaibi, membre du Conseil de la ville (PAM), cette alternative consiste à confier la gestion du transport par autobus à Casablanca à la SDL Casa Transports, en attendant le dénouement du feuilleton juridique entre l’autorité délégante et le délégataire. «Casa Transports prendra en charge la gestion du transport par autobus après le départ de M’dina Bus. Elle devra commencer l’activité avec 700 bus. Au cas où elle n’arrive pas à s’en sortir, un autre appel d’offres sera lancé pour trouver un opérateur privé. Quoi qu’il en soit, tout le secteur du transport urbain passera de la main de la ville à celle de l’Etablissement de coopération intercommunal», précise M. Glaibi.
Du côté des officiels en charge du transport à Casablanca, Nabil Belabed, directeur général de Casa transports, et Mohamed Borahim, vice-président du Conseil de la ville chargé de la mobilité, c’est le mutisme habituel, malgré nos multiples relances. Pour ce qui est de M’dina Bus, «pas de commentaire», non plus, à l’heure où nous mettions sous presse.
Révision du cahier des charges
L’étude et le vote de la révision du cahier des charges de l’appel d’offres (voir encadré) figuraient parmi les points de l’ordre du jour de la cession ordinaire del’Etablissement de coopération intercommunal Al Baida, tenue le mardi 5 février. Selon une source proche du dossier ayant requis l’anonymat, cette révision «est nécessaire pour éviter d’être victime de certains accords scellés sous la table». Elle précise que «ce genre d’accord est de bonne guerre dans le domaine des affaires, mais peut nuire aux intérêts des citoyens».
En attendant plus de réactivité de la part des officiels de la ville et l’issue de la bataille judiciaire qui les oppose à M’dina Bus, les contours de la gestion du transport par autobus, sous sa nouvelle forme, se dessinent petit à petit : une plus grande implication de la SDL Casa Transports, sous la houlette de l’ECI. Cette configuration est-elle en mesure de garantir une bonne gestion d’une activité aussi exigeante et complexe que le transport par autobus à Casablanca ? Il est difficile de se prononcer maintenant. En tout cas, M. Borahim est allé jusqu’à évoquer, au cours de la session ordinaire du 5 février, la création d’une nouvelle SDL pour l’exploitation, une annonce confirmée par Abdelaziz El Omari au cours de la même session. Peut-être que les deux entités devront-elles commencer par sortir de leur mutisme afin d’informer les citoyens. Ce sera sûrement un bon début.
[tabs][tab title = »Un appel d’offres en suspens »]La décision de suspendre l’appel d’offres lancé par Casa Transport a pris les deux plus gros soumissionnaires, Alsa et City Bus Transports, de court. Maintenant que la SDL Casa Transport est officiellement en charge du secteur à Casablanca, les deux opérateurs devront attendre la résolution du conflit entre la ville et M’dina Bus. City Bus Transport avait même averti la ville qu’elle attendra «d’y voir plus clair» avant de compléter son dossier de candidature. Pour rappel, les deux groupes ont constitué une joint-venture pour gérer le secteur à Rabat, à partir d’août 2019. A Casablanca, où ils comptaient soumissionner séparément, c’est une autre histoire. Ils devront prendre leur mal en patience.[/tab][/tabs]
