Affaires
Transport maritime, audit interne, conseil, immobilier, enseignement…, il a tout fait !
Ce natif de Derb Soltane aime à se décrire comme un enfant du peuple.
Licencié en sciences politiques, il passe 10 années comme «civiliste» à la Comanav.
Après un cycle supérieur de gestion, il change de cap avant de monter son propre cabinet d’études.
En 2005, il revient au salariat dans différents cabinets de consulting et dans l’enseignement.
Il est depuis peu secrétaire de la Cour marocaine d’arbitrage.

«Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée», écrivait René Descartes dans son Discours de la méthode. Mohamed Ourdedine, nouveau secrétaire de la Cour marocaine d’arbitrage, fait partie de la génération des gestionnaires qui ont fait leur cette pensée cartésienne en l’adossant, cependant, à une bonne dose d’expertise. Le bon gestionnaire n’est pas nécessairement celui qui a le sens des formules fracassantes ou des méthodes excentriques car les décisions «gagnantes – qui ne sont jamais magiques – se prennent toujours dans le feu de l’action et souvent dans l’ombre et le recueillement», explique-t-il. Et de préciser : «Le secret du flair tient dans la capacité d’anticiper sur la logique d’un secteur ou d’un marché».
Atypique, Mohamed Ourdedine, fils unique d’une famille modeste, et qui prône l’humilité comme valeur de référence, est né en 1958 à Derb Soltane, à Casablanca. Le boulevard El Fida, dit-il avec amusement, a été le fief de son enfance et de sa jeunesse. Et justement, l’essentiel de son «bon sens», il l’a acquis en se frottant aux enfants du peuple dont il revendique l’appartenance, non sans fierté. La débrouillardise, l’autonomie, la sacralité des études, le sens des choses simples de la vie, lui ont permis de développer une capacité d’adaptation «à toute épreuve», comme il aime à le dire.
Les lotisseurs et promoteurs du Maroc lui confient la direction de leur association
Enfant sans problème, le jeune Mohamed se fond dans la masse des élèves moyens, et quand il obtient un bac «lettres modernes» en 1976, il comprend, grâce à ses aînés, dont il a tôt fait de rechercher le parrainage, qu’il a intérêt à choisir les sciences politiques pour la suite de son parcours.
Et, effectivement, c’est dans cette discipline qu’il obtient sa licence à l’université Hassan II de Casablanca, en 1980. Plus tard, il suivra aussi avec sucès le cycle supérieur de gestion de l’Iscae, ce qui lui ouvrira notamment les portes de l’enseignement supérieur et des activités de conseil. Mais, à aucun moment, explique Mohamed Ourdedine, il n’a envisagé, pas plus que son entourage, l’idée d’aller préparer un diplôme à l’étranger.
C’est à la Comanav qu’il inaugure, en 1981, une vie active laborieuse et paisible. Il va y rester durant une bonne décennie, d’abord comme «civiliste», puis comme attaché de direction et dans différents départements, entre autres les ressources humaines, l’approvisionnement et l’armement. Il suivra même une formation en shipping (commerce maritime et gestion des navires).
Après la période des grands paris de la Comanav et ses grandes alliances avec l’OCP pour créer Marphocéan et Petramar avec des partenaires étrangers, Mohamed Ouardedine va rejoindre, alors qu’il a 30 ans, Wafa système, alors filiale du groupe Wafabank. Il raconte que la proposition lui a été faite à la suite d’une intervention publique sur l’audit où il a été remarqué par le vice-président de la banque à l’époque. Non seulement il intègre un groupe financier très dynamique, mais son salaire est multiplié par deux. La tâche du jeune banquier sera essentiellement de prodiguer des conseils à différentes filiales de l’ex-Wafabank entre 1992 et 1994. C’est en effet cette année-là qu’il rejoindra le groupe Erreda pour entamer une nouvelle expérience dans le domaine de l’immobilier.
Au sein du groupe Erreda, on lui confie la direction générale, un poste qu’il occupera jusqu’en 1997. Il y développera une bonne connaissance de son nouveau métier, à telle enseigne que ses pairs lui confieront la direction de l’Association des lotisseurs et promoteurs du Maroc, une fonction qui n’est pas honorifique mais rémunérée et qu’il continue d’assumer à ce jour.
Il est secrétaire général de l’Association marocaine d’intelligence économique
A partir de 1997, Mohamed Ourdedine va devenir entrepreneur et créera, avec un associé, un cabinet d’études baptisé Eco Plus. Il parle de cette période avec une certaine amertume : «Le bureau d’études en tant que tel a été un vrai succès et nous croulions sous la commande. Mais, au bout d’un moment, les retards de paiement et les impayés tout court vont nous faire déchanter. Et, en dépit de gros efforts, nous avons dû fermer. Un des gros problèmes au Maroc est que l’on ne considère pas les études comme la base de tout travail et de toute entreprise».
Durant la période qui va suivre cette «expérience entrepreunariale ratée», comme il dit, M. Ourdedine va, entre 2005 et 2008, se mettre au service de différents cabinets de consulting et enseignera à l’université Al Akhawayn, à l’Iscae et à Polyfinance.
Depuis quelques mois, il est revenu à la gestion dans l’immobilier en tant que directeur du développement de Manazylgroup. En réalité, Mohamed Ourdedine n’a jamais perdu le contact avec le monde des affaires. Non seulement il est resté lié à l’immobilier à travers la direction de l’Association des lotisseurs et promoteurs du Maroc, mais il est également secrétaire général de la Chambre de commerce internationale pour le Maroc.
Une autre mission vient de lui être confiée : le secrétariat de la Cour marocaine d’arbitrage. Sur le plan associatif, Mohamed Ourdedine est secrétaire général de l’Association marocaine d’intelligence économique et de l’Association des économistes d’entreprise. Il a aussi fait partie du groupe d’experts qui a travaillé pour le projet de l’Union pour la Méditerranée.
