Affaires
Transferts d’argent domestiques : évolution contrastée de l’activité à fin octobre
L’activité se maintient chez Wafacash, elle croît de 5 à 6% chez Cash Plus alors que d’autres opérateurs rapportent une baisse allant jusqu’à 10%. A part l’aide familiale, les transferts domestiques s’imposent de plus en plus en tant que moyen de paiement pour les opérations commerciales.

Evolution contrastée de l’activité domestique des sociétés de transfert d’argent. «Entre villes marocaines, les transferts ont fléchi d’environ 10% sur le premier semestre», concède un acteur du marché. Un gérant d’une autre enseigne affirme pour sa part que la baisse a touché tant le nombre des opérations effectuées que le montant moyen des transferts. Par contre, d’autres professionnels, dont Wafacash, font état d’un maintien de l’activité par rapport à son niveau de 2012. «On pourrait même s’attendre à une légère évolution d’ici la fin de l’année», anticipe Samira Khamlichi, DG de Wafacash. Abondant dans le même sens, Karim Ouhban, directeur commercial de Cash Plus, fait état d’une croissance de 5 à 6% de l’activité domestique à fin octobre. Pour ce dernier, les transferts domestiques sont en train de gagner du terrain en s’imposant en tant que moyen de paiement à côté de leur fonction classique qu’est l’aide familiale. «Aujourd’hui, plusieurs commerçants, éloignés géographiquement de leurs clients, encaissent leur dû par le biais du transfert», explique Mme Khamlichi.
De cette physionomie du marché, il apparaît que la concurrence est devenue plus âpre en raison de l’augmentation du nombre d’acteurs. «La configuration est différente de celle des années 2006-2007 où le nombre des opérateurs ne dépassait pas trois. Nous assistons sur les dernières années à une montée en puissance du réseau indépendant qui est en train de redéfinir les règles du jeu du secteur», affirme un spécialiste. En effet, selon Bank Al-Maghrib, le marché compte dix acteurs agréés, en dehors de la Poste. Cette dernière contrôle plus de 40% des transferts nationaux, en capitalisant sur la densité de son réseau. «Le réseau de la poste dépasse les 7 000 points dont 1700 agences propres. Historiquement, la poste a joué un rôle de proximité pour une grande frange de la population, notamment les non-bancarisés. C’est d’ailleurs le seul acteur qui est présent quasiment dans chaque quartier», explique le directeur commercial d’un opérateur de la place. Après cet acteur historique se place Wafacash, la filiale d’Attijariwafa bank dédiée à l’activité transfert qui détiendrait 20 à 25% des parts de marché, selon les approximations recoupées des professionnels. Cash Plus se positionne en troisième position avec un réseau d’environ 400 agences, juste avant Eurosol, tandis que Canal M est cinquième avec pas plus de 5% du chiffre d’affaires du secteur.
Les transferts nationaux représentent environ 30% du chiffre d’affaires
Sur la base des estimations des professionnels, les transferts nationaux représentent environ 30% du chiffre d’affaires des sociétés de transfert de fonds. En l’absence de statistiques agrégées, cela se situerait aux alentours de 20 à 23 milliards de DH. On sait toutefois que, d’après les données disponibles, trois sociétés, en l’occurrence Wafacash, Cash Plus et Transfert Express, ont atteint environ 40 milliards de DH (transferts nationaux et internationaux) en 2012, pour 15 millions de transactions.
S’agissant de la répartition géographique des flux, l’axe Casablanca-Kénitra ainsi que le Sud sont les plus gros émetteurs de transferts. Le Nord également, mais dans une moindre mesure. «Le Sud compte beaucoup de commerçants qui s’activent dans la pêche et l’agriculture et qui transfèrent leur argent sur d’autres villes, plus stratégiques, notamment Casablanca», nuance M. Ouhban. A l’opposé, Fès, l’Oriental et les petites localités, à l’image de Khénifra, Midelt et Taza sont les plus gros récepteurs de transferts d’argent à l’échelle nationale. «On retrouve quelque part dans ce schéma la cartographie de la répartition de la richesse où les foyers des localités démunis reçoivent des aides émanant des membres de leurs familles travaillant sur l’axe Casablanca-Kénitra qui représente 40% des transferts émis», commente un spécialiste.
Aussi, il existe des villes qui s’échangent les flux émis et reçus à tour de rôle à l’instar de Casablanca-Tanger et Casablanca-Agadir. Appelés corridors dans le jargon, l’argent circule sur ces axes à l’aune de l’activité économique qui s’y est développée. En clair, les transactions des corridors correspondent plus à des opérations commerciales qu’à de l’aide familiale.
