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Affaires

Tourisme : Ouarzazate s’enfonce lentement, faute de plan de relance

Hôtellerie vieillissante, conflits sociaux et enclavement empêchent la relance de la destination. La ville est desservie par un seul vol hebdomadaire à  partir de l’étranger. Quatre établissements ont fermé en 2011 et 2012, les autres végètent.

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Ouarzazate Maroc 2013 02 28

Des hôtels en difficulté, des conflits sociaux permanents, un seul vol international par semaine au départ de Paris, des vols intérieurs à partir de Casablanca chers et programmés très tôt le matin, une présence quasi inexistante sur les marchés émetteurs, faute de promotion adaptée : telle est la situation de Ouarzazate, considérée, il y a encore quelques années, comme une destination d’avenir avec ses potentialités naturelles et ses studios de cinéma. Voilà une destination qui se meurt mais pour laquelle les pouvoirs publics n’arrivent pas à trouver un remède, se contentant de promesses qui ne sont suivies d’aucune action depuis plusieurs années.

Tout se passe comme si la nouvelle équipe du ministère du tourisme n’avait trouvé aucun diagnostic à son arrivée, au point qu’elle se sent obligée d’en dresser un nouveau. Dernièrement encore, les professionnels de cette ville ont reçu successivement un représentant du ministère de tutelle et un autre de la Fédération nationale du tourisme (FNT), venus évoquer un plan de relance de la destination qui serait en cours de préparation.

Pourtant, on ne compte plus les études et rencontres toujours ponctuées par les mêmes conclusions et les mêmes recommandations. On peut ainsi citer l’étude Mckinsey sur toute la région du Souss Massa Draa, la journée d’études de la Fondation du Grand Ouarzazate (FGO) en mai 2010, la réunion du 2 février 2011 entre le gouverneur de la ville, l’Office national marocain du tourisme (ONMT) et le président du Conseil régional du tourisme d’Agadir en présence des professionnels de la ville et, tout récemment, une réunion de l’Association de l’industrie hôtelière (AIH) locale. 

On retiendra aussi la décision annoncée, en février 2011, par l’office de placer la destination Ouarzazate et région sous le label “Atlas et Vallées” avec l’objectif de porter sa capacité d’accueil de 8 000 à 16 000 lits en moins de 10 ans de sorte à drainer au moins un million de touristes, principalement français, espagnols et hollandais sans négliger les autres marchés comme l’Italie. Pour ce faire, l’ONMT avait annoncé «mettre les moyens qu’il faut pour atteindre 150 fréquences hebdomadaires dont 90 vols réguliers, low-cost compris, et 60 vols charters (…)».

Les opérateurs réclament des exonérations fiscales et des facilités de financement

La ville attend encore la tenue de ces promesses tandis que la situation empire. Quatre hôtels ont fermé en 2011 et 2012, soit au total 410 chambres et 300 emplois supprimés. Avant 2011, un autre établissement de 260 chambres avait cessé son activité.

Pour relancer la destination, les professionnels ouvrent plusieurs pistes. Ils suggèrent la stimulation de la demande domestique en proposant à la clientèle des places d’avion à des prix raisonnables, soit par exemple 900 DH aller et retour à partir de Casablanca, tout en augmentant le nombre de fréquences. Les opérateurs préconisent également l’ouverture de liaisons entre Marrakech et Ouarzazate et l’application du principe de la continuité territoriale qui revient à dire que l’ONMT et la région doivent subventionner les billets d’avion à partir de Casablanca.

Pour les vols internationaux, Royal Air Maroc étant trop chère, les professionnels demandent l’ouverture des vols point à point pour les compagnies low-cost avec un effort de l’Office national des aéroports (ONDA) pour réduire, sinon supprimer, les taxes qui représentent 50 à 60% du prix du billet. Pour eux, l’ONMT doit établir et diffuser dans les marchés émetteurs une campagne de revalorisation de l’image de la destination et initier des actions de sensibilisation des TO et des médias. Ils demandent par ailleurs l’annulation des intérêts bancaires non payés et l’exonération des entreprises des charges sociales et patronales, l’allongement des durées de crédit d’investissement et l’alignement des tarifs d’eau et d’électricité sur ceux du secteur industriel. Les hôteliers veulent enfin profiter du même traitement que les provinces du Sud qui bénéficient de l’exonération de la TVA. Mais au train où vont les choses, visiblement ils doivent patienter encore.