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Affaires

Tourisme : Mohamed Boussaïd garde le cap et annonce le plan 2008-2012

Le ministre du tourisme met l’accent sur l’accélération des chantiers en cours
et la formation.
50 000 lauréats sortiront des instituts de formation entre 2008 et 2012.
Des plans pour le développement régional du tourisme signés prochainement avec
5 villes.

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Pour sa première sortie médiatique effectuée mardi 29 janvier, Mohamed Boussaà¯d, ministre du tourisme et de l’artisanat, n’a pas fait de grosses annonces. Et il fallait s’y attendre puisque de ses explications on comprend qu’il a gardé le même cap que son prédécesseur en annonçant, toutefois, une montée en régime. Lors d’une rencontre avec les médias, le ministre s’est attelé à  dresser l’état d’avancement des chantiers de la Vision 2010 dans ses différents volets (chantiers du plan Azur, plan Biladi pour le tourisme intérieur, programme de développement régional…), avant d’annoncer ses priorités pour la période 2008-2012.

Mais d’abord les chiffres. Depuis 2001, le secteur du tourisme a fait un saut quantitatif et qualitatif très appréciable. De 4,4 millions en 2001, le nombre de touristes a atteint 7,45 millions à  la fin de l’année 2007, soit un taux d’accroissement moyen sur 6 ans qui approche les 9,5 %, avec une année 2004 exceptionnelle, au terme de laquelle la hausse des arrivées a été de 15% par rapport à  2005. A fin décembre 2007, le nombre de nuitées générées frôle les 17 millions contre 12,7 millions en 2001. Et pour couronner le tout, les recettes de voyages ont plus que doublé. Elles sont passées de 29,2 milliards de DH en 2001 à  59 milliards (chiffres provisoires) en 2007. Ces recettes devraient atteindre progressivement, selon les prévisions du ministre, 90 milliards de DH. Pour maintenir, voire accélérer, la cadence, M. Boussaà¯d a dévoilé par la suite un plan d’action en cinq points. Les plus importants sont l’achèvement des chantiers de la Vision 2010 et la formation (voir encadré). Viennent ensuite l’organisation des métiers du tourisme, la qualité et l’environnement ainsi que l’élaboration d’une stratégie 2020.

Pour ce qui est des chantiers engagés dans le cadre du plan Azur, c’est-à -dire les six stations qui vont se traduire par une capacité additionnelle de 111 000 lits, dont 70 000 lits hôteliers, et la création de 200 000 emplois directs, c’est sans conteste Sâà¯dia, concédée à  l’espagnol Fadesa en août 2003 qui ouvrira ses portes la première, conformément au planning annoncé au milieu de l’année en cours. Quant à  Lixus (Larache) et Mogador (Essaouira), attribuées en 2004 au groupe Thomas & Piron, elles ouvriront respectivement en 2009 et 2010. C’est aussi durant cette dernière année qu’est prévue la mise en service de Mazagan (El Jadida), confiée, elle aussi en 2004, à  Kerzner, et de Taghazout, prise en charge par le groupe américain Colony Capital.

Enfin, Plage Blanche (Guelmime), la dernière à  être concédée à  Fadesa en septembre 2007, ouvrira en 2012 si les travaux commencent comme prévu en septembre prochain.
Cala Iris et Dakhla bientôt adjugées

Il faut rappeler, à  ce niveau, que le plan Azur a été, entre-temps, élargi. C’est ainsi qu’aux six stations initiales s’ajoutent trois nouvelles zones touristiques. Il y a Oued Chbika (une trentaine de kilomètres au sud de Tan Tan) pour laquelle une convention a été signée avec Orascom en septembre 2007. Deux autres accords relatifs à  l’aménagement de Smir et Laguna Smir ont été signés, enfin, avec Fadesa en mai 2007. Au total, ces trois sites abriteront

27 000 lits, dont 17 000 hôteliers et permettront de créer 50 000 emplois. Et ce n’est pas tout. En mars et décembre de l’année en cours, deux autres conventions concernant les sites de Cala Iris (Al Hoceima) et Dakhla, qui créeront respectivement 10 000 et 5 000 lits, seront signées avec des aménageurs.

Toujours dans le cadre de la Vision 2 010, et cette fois-ci pour dynamiser les régions et créer des structures pour le tourisme intérieur, trois plans de développement régional touristique (PDRT) ont été signés avec les villes de Casablanca, Fès et Agadir, à  fin 2007. Il devra en découler la mise sur le marché de quelque 48 000 lits. Les PDRT à  venir seront signés, annonce-t-on, avec les villes de Tanger, Tétouan, Ouarzazate-Zagora, Rabat et Meknès. Mais au niveau local, l’accent sera mis sur le plan Biladi dont l’objectif est d’ouvrir des stations touristiques avec un type d’hébergement adapté au mode de vie des Marocains et à  la portée de leur bourse (résidences, appart-hôtels, camping et centres d’animation…). L’idée de base est de fournir des logements dont le prix est compris entre 200 et 500 DH par jour.

Huit zones sont déjà  identifiées et les investissements portent sur plusieurs millions de DH par zone. Cinq autres nouvelles zones sont prévues dans le cadre du plan d’action 2008-2012.
S’agissant des produits ruraux et de niches, plusieurs produits ont été lancés dans différentes régions du pays : sports nautiques à  Laâyoune, Dakhla, Safi, Mir Left et Agadir, chasse touristique à  Arbaoua, parachutisme à  Beni Mellal, train touristique dans la région désertique de Bouarfa… Ces niches seront consolidées dans le plan d’action 2008-2012 et leur développement soutenu par la création de résidences immobilières touristiques régies par un cadre fiscal incitatif et la promulgation attendue d’un décret relatif à  la gestion de ces résidences.

Du point de vue de la formation, le ministre a annoncé que 23 000 lauréats sont sortis des différents instituts spécialisés. L’objectif pour la période 2008-2012 est d’en former 50 000 dans les métiers de l’hôtellerie et de signer un contrat-programme avec les professionnels. Ce contrat-programme formalise les engagements et la mission des acteurs privés et publics avec des objectifs précis et un suivi annuel des réalisations.

Dans le même sens, le ministère s’est engagé à  Å“uvrer pour le développement d’un réseau professionnel de distribution des produits touristiques grâce à  la formation de profils dans la vente et le réceptif. Cette politique sera soutenue par la refonte de la loi régissant les agences de voyages, notamment les conditions d’accès à  la profession et contrôle de leur activité. Ce dossier relève de l’organisation des métiers qui comprend également un projet de loi régissant la profession de guide touristique. Là  aussi, ce texte prévoit la révision des conditions d’accès et une formation plus pointue des guides et leur catégorisation selon leur spécialisation et les besoins du secteur.

Le transport touristique recevra le même traitement. Un cahier des charges opposable à  toute la branche sera élaboré par le département.
Pour ce qui est, enfin, de la Vision 2020, M. Boussaà¯d a expliqué que, cette fois-ci, la démarche sera différente de la précédente. Ainsi, sur la base d’une étude prospective de la demande et de la concurrence sur les 20 prochaines années, des plans de développement seront élaborés au niveau des territoires en tenant compte de leur potentiel. Et c’est la somme de ces plans territoriaux qui fera, tout simplement, la Vision 2020, qui sera donc la politique nationale du Maroc en la matière. Cette dernière devrait être ficelée et prête à  la mise en Å“uvre à  la mi-2009.